- « Oh, mais tu as complètement raison ! Pardonne-moi donc ! » Je le regarde se frapper le front théâtralement. « À présent si Son Altesse veut bien aller faire ce que je lui ai demandé ce serait absolument fantastique ! »

Arf. Il est décidément exécrable. Je ne lui fais plus aucune remarque et va retirer mes vêtements derrière le paravent un peu plus loin. Une fois le peignoir refermer sur mon maigre corps, je sors le rejoindre.

- « Mets-toi là et ne bouge plus. »

Je fais ce qu'il dit, ne comprenant pas réellement ce qui fait à tourner autour de moi, mais je n'ose pas le lui demander au risque de recevoir une remarque désobligeante comme seule réponse. Il fait claquer sa langue contre son palet une bonne dizaine de fois avant de s'arrêter en avant de moi et de me regarder de haut en bas.

- « Je ne crois pas que Chanel, en ce moment, soit pour toi. Trop masculin et toi... Toi, tu es plus... délicat. Enfin maigrelet serait le descriptif le mieux à utiliser, mais je vais faire comme si, réellement, délicat est le bon mot. »

Il se retourne en fouettant l'air de ses cheveux peroxydés avant de s'éloigner vers un des pans du mur caché par les rouleaux.

- « Non, décidément en ce moment, Chanel ce n'est pas pour toi... Valentino ? Peut-être, mais trop conventionnel... Moschino ? Trop avant-gardiste... Ah ! Je sais ! »

Après son exclamation qui m'a fait sursauter, je le vois revenir avec plusieurs housses de vêtements noirs. Il les accroche sur un pôle non loin de nous, que je n'avais pas remarqués jusqu'ici.

- « Pour toi, mon Altesse, rien n'est mieux que l'élégance que seul ce bon vieux Yves Saint-Laurent peut offrir ! Et j'ai le morceau idéal ! »

Il ouvre une des housses et en sort un morceau de vêtement ? Enfin, je crois que c'est un vêtement. Je ne comprends pas réellement la chose, mais ce qui est sûr c'est que si la lumière de la pièce peut passer au travers de ce tissu, je ne vois pas en quoi cela peut bien protéger des intempéries.

- « N'est-ce pas la chose la plus magnifique que tu n'es jamais vue ? »

- « Euh... On voit au travers ! C'est normal ? »

- « Tsk. Pauvre petite chose. Bien sûr que c'est normal ! C'est une des pièces phares de la dernière collection style boudoir ! La transparence, c'est l'élégance ! À quoi ai-je pensé ? Tu ne peux décidément pas comprendre la beauté de cet ensemble. »

La transparence, c'est l'élégance ? Mais il s'écoute parler. Comment vais-je me tenir au chaud dans un morceau de vêtement où mon torse est exposé comme une vulgaire pièce de viande du comptoir de boucherie ?

- « De toute façon, je ne vois même pas pourquoi je te demande ton avis. Tu porteras cet ensemble. Maintenant viens, je ne vais quand même pas salir encore plus cette tenue en te l'enfilant sans que tu sois au moins passé par douche, manucure pédicure, coupe et teinture et, si dieu le veut, une chirurgie, mais je doute que nous ayons le temps pour ce point. »

Sans plus attendre, il me fait signe de le suivre et nous quittons la pièce. Je passer par la suite les pires trois heures de ma vie. Je ne sais pas ce qui a été le plus épouvantable entre la pédicure et la teinture. J'ai regardé mes cheveux qui jusqu'ici m'arrivaient aux épaules, tomber au sol comme des corps morts. La douleur et l'odeur nauséabonde des produits par la suite mis sur mon cuir chevelu, n'en parlons même pas. Pour ce qui est de mes ongles, non. Je ne veux pas me rappeler de tout cela.

- « Et puis, vôtre altesse, com-Merde ! »

Je me retourne vers Heechul, la bouche grande ouverte à me fixer comme s'il avait devant quelque chose de tout nouveau.

 The Devil Is Lonely Where stories live. Discover now