t r e i z e

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« Petit ange,

Aujourd'hui, il pleut. Je me souviens que tu aimais bien la pluie surtout sous un parapluie. Tu trouvais cette météo très romantique pendant que je déprimais sous le ciel gris. Tu ne te sentais pas mieux que dans notre appartement, sous un plaid, un chocolat chaud entre les mains. D'ailleurs, tu étais plus câline que d'habitude lorsque les nuages versaient leurs sueurs sur la Terre. Tu te mettais dans mes bras et tu ne me demandais rien qu'autre. Nous restions ainsi, sans un mot pour caresser cet instant magique – d'après toi – dans un silence apaisant.

Maintenant, je déprime encore plus sans toi. Je me souviens de notre bonheur avec amertume, comme un nuage de douceur qui nous échappe. Mon muscle vital se noie dans ma cage thoracique et me fait terriblement mal. Pourtant, l'évocation de ton image en train de me sourire nourrie mon esprit d'une légèreté calme et paisible. C'est assez paradoxal, n'est-ce pas ? Je ne comprends pas et cela m'énerve vraiment, tu me connais.

J'ai rencontré une fille, hier soir, elle me plaisait mais ne m'attirait pas, alors on a juste discuté toute la nuit ... Je suis bloquée par le regret et une certaine tristesse s'installe fortement dans mon esprit.

Tu l'aurais vu, avec ces yeux tirés, ses cheveux roux, son corps de rêve. Je ne me souviens plus de son nom ... Seo ... Seul ... ? Ma mémoire me joue des tours. Je pense que je ne veux pas m'en souvenir, c'est aussi simple que cela. Peut-être que si on apprend à se connaître, on commencera quelque chose. Je ne sais pas pourquoi je te dis cela en sachant que tu vas être blessée. Je veux être sûre que tu comprennes que je suis prête à aller de l'avant, pas tout de suite, mais bientôt.

A toi, petit ange, de passer à autre chose. Prends ton envole et emmène-toi vers de nouveaux horizons. Tu es intéressante, tu trouveras la perle rare dont tu as besoin, je ne m'inquiète pas pour toi.

Lorsqu'on s'est eu au téléphone j'ai eu la force – au moins pour cela – de te dire à quel point tu étais merveilleuse. Tu vas y arriver, tu en as la force. Je t'admire pour ton courage et ce que tu accomplis chaque jour. Je sais que tu fais de ton mieux pour calmer cette douleur qui te brise les côtes. Tu souffres, je sais, mais ce que je sais aussi c'est que tu vas bientôt voir le bout du tunnel. Allez, petit ange, avance, doucement, à ton rythme mais ne t'arrête.

Je t'avais promis de répondre à tous tes messages mais c'est une promesse que je n'ai pas honoré. De par ma lâcheté, de part ma peur mais je ne veux plus te blesser. Je fais peut-être erreur en pensant que ces lettres vont t'aider à passer à autre chose. Mais j'essaie et je fais de mon mieux pour apaiser ton cœur.

Dis, petit ange, tu te souviens lorsque nous étions allées à la plage ensemble ? J'avais conduit et nous étions arrivées en fin de matinée, samedi, pour le week-end. Tu avais des étoiles dans les yeux en voyant la mer et tu t'étais exclamée « ouah ». J'ai ri face à ta sincérité, c'est une très belle qualité, tu sais. On aurait dit une enfant qu'on emmène en vacances et j'étais heureuse de t'apporter un peu de joie. Au moins, là-dessus, j'ai réussi. Tu me faisais souvent rire avec tes réactions, tes blagues pas drôles – et un peu glauque parfois – tes bêtises. Tu es vivante, petit ange, et une bonne vivante.

Avant que nous ne sortions ensemble, tu étais très mince, presque maigre. Au fur et à mesure tu as repris du poil de la bête et tu avais une corpulence plus standard. Je sais que tu as des troubles alimentaires et j'ai peur que tu sois retombée dedans. Ce n'est pas poétique d'être maigre alors que ce n'est pas dans notre nature. Tu t'en rends compte ? Mais tu es ainsi, quand tu te sens seule ou abandonnée, tu perds ton appétit, voire tu te forces à ne plus manger. Rien que d'y penser, je ne me sens pas très bien.

Je culpabilise tellement mais tu ne peux pas savoir à quel point. Je l'ai évoqué au téléphone mais tu as du l'oublier en ne retenant que la douleur. Peu importe ce que j'ai pu te dire, tu n'arrives pas à t'en rappeler, n'est-ce pas ? Je sais comment tu es, petit ange.

Si jamais tu reçois ces lettres alors je devrais écrire dans toutes les lettres que je suis désolée. Mais tu n'en as rien à faire de savoir de mon espoir de recevoir tes excuses, que tu ne me donneras jamais. Je me souviens, c'est ce que tu m'as dit au téléphone.

« J'en ai rien à foutre que tu sois désolée ! Je veux que tu reviennes moi ! Pitié, pars pas, Joohyun, je t'en supplie ! »

Tu sais, je n'ai peut-être pas pleuré autant que toi mais j'ai versé ma larme. Ta voix qui partait dans les aigues comme un appel au secours, comme une supplication. Je t'ai brisé mais je ne pouvais recoller les morceaux. Je sais que tes amis ont du être un soutien pour toi mais il n'y a que moi pour te sortir de cet enfer. J'ai raison, pas vrai ?

Non, petit ange, quelqu'un d'autre pourra t'en sortir : toi. Ne compte sur personne d'autre que toi, un conseil d'ami.

Je ne dis pas que tu ne dois faire confiance à personne loin de là parce que je sais que tes amis te veulent du bien. Je ne dis pas que tu trouveras l'amour. Non, à la place je veux te transmettre le message suivant : tu es celle qui te sauvera. Ce n'est pas moi, j'en suis désolée.

Alors, pourquoi chaque soir j'en reviens à la même conclusion ?

Tu me manques, Seunghwan. »

𝗟𝗔 𝗟𝗘𝗧𝗧𝗥𝗘, weƞɾeƞeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant