s e p t

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« Mon pauvre amour,

Cela recommence, je tombe de nouveau dans la boulimie mais cette fois, je ne vomis plus. En quelques jours, j'ai pris cinq kilos et cela me terrifie. Que dois-je faire ? J'ai faim de toi. Je me sens tellement vide que je veux me remplir à tout pris.

Tu étais la moitié qui me manquait, tu étais celle qui faisait que j'étais entière. Qu'est-ce qui pourrait te remplacer ? La nourriture ? Non, je ne crois pas. J'ai l'impression que rien ne pourra jamais te remplacer, mon amour. J'ai mal sans toi et je me nourris d'un poison sucré. Je déteste ces aliments que j'avale plus que je ne les mange.

Tu te souviens, avant toi, j'avais déjà cette mauvaise habitude de manger tout le temps. Avec toi, mes troubles alimentaires se sont calmés, j'allais mieux parce que j'étais entière.

Il faut que je trouve une solution. C'est une nécessité, un impératif. Je suis terrorisée à l'idée d'être en surpoids. De toute façon, quand je suis seule, c'est tout ou rien. Soit je ne me nourris plus, soit je mange plus qu'il ne faudrait.

Tu me disais toujours que j'étais belle, que j'avais un corps magnifique. Je n'y croyais pas mais je faisais semblant de penser comme toi. Mon complexe sur mes cuisses rondes, tu l'irradiais d'un geste de la main et elle n'existait plus. J'ai réellement l'impression d'y croire mais ce n'était qu'une vaste arnaque. C'est drôle à quel point on pourrait croire à n'importe quoi quand on aime. Mais jusqu'à ce que les sentiments s'engouffrent dans le néant.

Aujourd'hui, je ne crois plus en rien. Je ne crois plus au Ciel, je ne crois plus à l'Enfer, je ne crois plus à la réincarnation et c'est ce qu'il va me perdre. Il n'y a plus de bien, il n'y a plus de mal. Pourtant, je sais, je me fais du mal, cependant, je n'y crois plus.

Je me souviens que tu ne croyais en aucune religion alors que je crois en toutes. Nous étions différentes là-dessus. Néanmoins, nous étions d'accord sur la politique et c'était déjà beaucoup, n'est-ce pas ? Ce soit être difficile de vivre avec quelqu'un qui a des valeurs différentes des notre. Cela ne m'est jamais arrivée et ce, dans aucune de mes relations.

Une autre chose où nous étions différentes, c'était la jalousie. Tu n'étais jamais jalouse parce que tu avais confiance en moi. J'étais toujours jalouse parce que je ne me faisais pas confiance. Et si je n'étais pas à ta hauteur ? Et si je n'étais pas assez bien pour toi qui étais parfaite à mes yeux. Avec le recul, je sais que ce n'était pas le cas. Mais lorsque l'on est comme moi, on a toujours peur de perdre l'autre.

Nous nous promenions dans un parc près de chez nous. Je voulais te prendre en photo pour inscrire en moi ta présence. J'aimais beaucoup nous prendre en photo alors que tu n'aimais pas cela. Tu me fuyais pour ne pas t'ancrer dans mes souvenirs.

Tu te souviens le jour où nous nous étions perdues dans les bois ? Nous avions tellement ri et j'étais presque heureuse d'être perdue avec toi. Nous étions loin de tout, et loin des choses qui m'effrayait. J'aimais rire avec toi, c'était une preuve de notre complicité.

Dans un jardin de notre ville, nous étions posées dans l'herbe et tu t'étais allongée sur mes cuisses. J'étais si bien comme cela. J'avais le sentiment que tu étais à moi, rien qu'à moi. Tu m'appartenais et c'était une pensée terriblement malsaine. Les gens nous regardaient et j'étais fière de toi avec moi.

J'ai toujours fait tout ce qui était en mon pouvoir pour toi. Avant que nous emménagions ensemble, je t'avais ramené chez toi avec une heure de voiture alors que je venais d'avoir mon permis et que je n'étais pas très à l'aise. Mais pour toi, ce n'était pas grand-chose. Vivre avec toi était tellement plus confortable. Tu dormais avec moi, mais je ne pouvais pas dormir dans tes bras parce que tu n'aimais pas cela. Tu n'étais absolument pas tactile alors que j'ai besoin d'être en contact avec l'autre quand je l'aime.

L'amour est un poison, tu étais mes plus beaux tourments. J'aimais me détruire pour tes jolis yeux noirs. Cet air indifférent qui se plaquait sur ton visage sublime.

J'aurais préféré mourir que te perdre. Finalement, je ne suis pas passée à l'acte. Une petite partie de moi voulait certainement vivre. Ma psychologue me dit que je suis courageuse mais je ne peux pas la croire, ou je ne veux pas y croire.

Qu'est-ce que le courage, dis-moi ? C'est une notion abstraite, tu ne crois pas ? Pourquoi utilise-t-on des mots que l'on ne peut pas définir ? L'humain est assez étrange et très complexe, parfois nous-mêmes ne comprenons pas notre propre condition. Chacun réagit à sa façon face à la souffrance, la peur, les traumatismes et toutes les émotions qui nous traversent. J'ai refusé les médicaments parce que je veux apprendre à connaître mes sentiments pour en guérir par moi-même. C'est la douleur qui tourment et me rend mal.

Je vais apprendre à aller mieux, mon amour. Je vais tourner la page. Mais je dis cela aujourd'hui et peut-être que demain sera différent. On ne peut pas prévoir l'avenir, le destin se joue toujours de nous. Mais en ce moment, j'ai la motivation pour aller mieux.

Tu vas disparaître de mon esprit et même si ce n'est pas le cas, la souffrance s'atténuera. Compte sur moi, Bae Joohyun.

Adieu.

Won Seunghwan »



NDA : Je vous rassure ce n'est pas la fin, on en est qu'à la moitié !

𝗟𝗔 𝗟𝗘𝗧𝗧𝗥𝗘, weƞɾeƞeWhere stories live. Discover now