u n

110 13 8
                                    


1ère partie

-

Won Seunghwan

-

Lettre 1

________________________


« Mon pauvre amour,

Je t'écris ces quelques mots dans l'espoir de t'oublier. Ce n'est pas une mince affaire, mais j'ai décidé de t'enterrer pour toujours.

Sur cette lettre, je vais retracer notre histoire pour enfin l'oublier. Je ne veux plus mourir pour toi, à cause de toi et avec toi. Tu ne m'emporteras pas dans ta chute. Je refuse de vivre en enfer, six pieds sous terre.

Tu peux appeler cette démarche comme une dernière valse. Tu ne me feras plus tourner en rond, je n'aurai plus le vertige à force de danser, emportée par nos souvenirs. Je m'efforcerai de mettre fin à cette mémoire qui grignote ma peau un peu plus chaque jour. L'aube pointera le bout de son nez pour qu'enfin je puisse m'élever comme le soleil qui domine la plaine.

La pluie ne déchirera plus mon visage. Mon corps ne se confondra plus avec la tempête qui me noie depuis plusieurs mois. Tu n'animeras plus mes pleurs, je détruirai mes larmes. Elles ne prendront plus le contrôle et je pourrai enfin respirer correctement.

Mon amour, je veux vivre pleinement l'instant et regarder ce qu'il se passe à côté de moi. Je ne veux plus m'effondrer à chaque racine qui se met en travers de mon chemin. Tout cela est à présent terminé.

Ton visage n'hantera plus mes pensées pour les figer dans une dimension où toi seule a les clés. Peux-tu comprendre que je ne veuille plus être ta prisonnière ? Tu m'ignores alors que je continue à t'aimer passionnellement. Mais, mon ange, cette passion me détruit. Il n'y a pas de lendemain, tu n'es plus là, physiquement. Alors, s'il te plaît, quitte mes rêves et laisse-moi dormir. Le matin j'aurai envie de tout ce qui me plaira et ta présence imaginaire ne me réveillera plus. Au petit matin, je vais, peut-être, enfin pouvoir sourire.

Je me retourne pour voir ton fantôme errer dans mes pensées. Mon cœur bat la chamade chaque fois que je touche nos souvenirs du bout des doigts. Pourtant, je ne fais que brasser l'air. Tu es insaisissable, mon amour.

Je ne veux plus jamais avoir affaire à ces paralysies nocturnes. Je dors, et pourtant, je te vois t'approcher de moi, tu me souris, mais je ne peux plus bouger. Jusqu'à ce que ton fantôme se rue sur moi pour m'égorger. Je me réveille en sueur, et les larmes inondent mon corps pour me noyer dans un monde parallèle.

Je ne peux plus respirer, mon pauvre amour. Tant que tu seras là, je m'étoufferai infiniment parce que la mort refuse de m'emmener avec elle. C'est comme si je mourrais mille fois, et que l'agonie, avant de passer de l'autre côté, revenait à chaque fois. Tu as enfoncé en moi un poignard et je ressens à chaque seconde la douleur. J'en ai le souffle coupé.

Alors que je t'écris, mon cœur bat des records et j'ai peur de cette souffrance. L'éternité m'embrasse dans l'agonie et me berce doucement.

Parfois, je me demande si je n'aime pas cet état de supplice. Comme si je me confondais avec la douleur. Comme si j'aimais souffrir. Je me fais peur, mon amour. Serait-ce moi, le monstre de l'histoire ? Est-ce de ma faute si je me sens mourir indéfiniment ? Je suis méchante envers moi-même et je mérite de mourir par les mains de la personne qui me sauvera.

Désormais, et ce, depuis quelques mois, il n'y a plus de nous. Il y a toi, sans moi. Il y a moi, sans toi. Toi et moi égal zéro. Ce sont mes mathématiques. Je défie les lois de la science. Le chaos l'emportera et tout disparaîtra.

Cesse de te moquer de moi. Chaque fois que je t'envoyais des messages de désespoir, tu riais. Tu devais bien t'amuser face à cette situation ridicule. Avais-tu pitié de moi, ne serait-ce qu'un petit peu ? Ris, tant que je souffre.

Je peux encore sentir ton souffle dans ma nuque. Tes lèvres qui brûlaient ma peau. Tes soupirs qui me chatouillaient les tympans. Tes baisers qui se confondaient avec mes gémissements. Tes touchés m'enivraient de plaisir et m'offrait un allé direct vers la luxure. J'atteignais l'orgasme à toutes nos étreintes. Tu me murmurais des mots crus qui faisait bouillir mon bas-ventre. Nos soupirs chantaient sous nos draps, et notre promenade allait au-delà du ciel. Tu décrochais pour moi chaque étoile de l'univers.

Quelques uns de mes souvenirs sont si doux qu'ils sont d'autant plus cruels. Je souffre de ta douceur passée et de tes promesses fanées. Ton parfum plongeait ma chambre dans une atmosphère glaciale. Maintenant, j'ouvre la fenêtre pour qu'il puisse quitter définitivement les lieux. Disparaitras-tu un jour, mon amour ?

Je me brûle les mains sur la glace alors que j'essaie de toucher ta présence déjà partie de l'autre côté du mur. Tu immoles mon esprit dans une agonie sans nom. C'est une torture sans fin qui n'arrive pourtant pas à me tuer. Dis-moi, serait-ce plus confortable de mourir ? J'ai l'impression de frôler l'arrêt cardiaque tant mon cœur bat rapidement.

Je m'essouffle à force de te courir après. Ralentis, je t'en prie. J'essaie d'inspirer de l'air, mais je ne garde que le dioxyde de carbone. Mon corps se crispe et rien ne peut me détendre, pas même le rêve de ta présence à mes côtés. Mes fantasmes ne sont que des chimères.

Nos bras enlacés, je pensais ne faire qu'un avec toi. Mais maintenant, il n'y a que l'écho du vide qui me prend contre lui. Je n'ai plus rien, je ne suis plus rien. Meurs en moi. Non, meurs sans moi. Ce n'est pas moi qui vais disparaitre mais toi. » 

𝗟𝗔 𝗟𝗘𝗧𝗧𝗥𝗘, weƞɾeƞeWhere stories live. Discover now