Héritière de l'Ombre

Chapitre 10 : Famille

Natasha regardait le combat entre les deux fiancés avec beaucoup d'attention.

Ils se battaient tous les deux avec une telle férocité que même elle en était surprise.

De nos jours, dans ce pays, il n'était pas rare de voir des jeunes de cet âge là se battre avec haine, mais eux, ce n'était pas ça.

Ils ne se battaient pas avec un sentiment de colère.

Non.

Au contraire.

C'était presque comme s'ils avaient attendus ce combat pendant des années.

Et c'était le cas.

Zeke comme Lyanna se battaient avec tout ce qu'ils avaient.

Lorsque Lyanna était encore avec sa famille biologique, ils s'étaient bien sûr affrontés durant des duels, mais jamais aucun n'aurait pu aller aussi loin que celui qu'ils effectuaient en ce moment même.

Pour la première fois depuis bien longtemps, Lyanna prit du plaisir en se battant.

Parce qu'elle pouvait enfin montrer à son adversaire qui elle était réellement. 

Qui elle était désormais.

Alors, pour cela, elle donnait tout.

Et autant son ennemi qu'elle, ils savaient qui gagnerait le combat.

Au bout de seulement quelques minutes, Lyanna parvint à faire tomber au sol Zeke.

Elle attrapa son sabre qu'elle avait fait voler en frappant le poignet du noiraud et le plaça sous la gorge de ce dernier, le dissuadant de faire le moindre mouvement.

-Je t'ai vaincue. Fit-elle avec un sourire moqueur.

Soudain, son visage gagnant un air neutre, le regard de la blanche se rempli de colère.

-Ta venue ici était inutile. Tu savais pourtant que tu ne me battrais pas. Tu aurais mieux fais de rester au clan.

Le brun serra les dents.

-Je le savais, je ne suis pas fou. Mais... Tu peux encore faire marche arrière ! Le Doyen ne te puniras pas !

-Il ne me punira pas ? Répéta Lyanna dans un murmure en laissant tomber le sabre à ses pieds.

Elle serra les dents et lui envoya son poing dans la figure.

Les Avengers sursautèrent en entendant un son de craquement.

Elle venait de lui casser le nez, et pourtant, Zeke ne broncha pas.

Le jeune homme essuya le sang qui coulait sur son visage et fixa avec haine sa fiancée qui le regardait de la même façon.

-Tu peux me frapper autant que tu voudras, cela ne m'empêcheras pas de te ramener auprès de ta famille.

-Ma... Famille ?

Lyanna éclata de rire.

Un rire qui se transforma bien vite en colère.

-La seule famille que j'ai, elle est derrière moi. Eux, ce sont les seuls qui m'ont acceptés pour ce que j'étais, et non pas pour ce qu'on voulait que je devienne. Je ne reviendrais jamais. J'ai choisie cette vie, et je ne l'abandonnerait pas. Et tu me crois stupide ? Si je reviens, je sais très bien ce qu'il m'arrivera ! 

-Tu-

-Fermes-là.

Le combattant se figea, tout comme les vengeurs.

La blanche venait d'utiliser une voix remplie d'une telle haine qu'ils en avaient tous eu le souffle coupés.

-Epargne-moi tes paroles Zeke ! Tu sais autant que moi ce qui m'attend si je reviens. Alors au diable le clan. Au diable le Doyen. Au diable cette foutue montagne. Tout ce que je souhaite, c'est que vous vous rendiez tous compte que vous mourrez commes des idiots à vouloir rester à l'écart du reste du monde !

Sentant qu'elle perdait patience, Lyanna prit une petite inspiration et fixa avec colère son ancien fiancé.

-Ecoute moi bien. Voilà ce que tu vas dire au Doyen. "J'ai quittée le clan, et je ne le regrette pas. Je ne reviendrais jamais, car j'ai trouvé ma place. Votre chère élève est partie vivre sa vie et elle vous emmerde. Allez plutôt faire chier mon frère, il semble plus disposé que moi à être l'esclave de vos idéaux de merde."

-Quel charmant message, ricana le noiraud. Mais assez inutile. Tu sais que tu es la meilleure combattante du clan, et la plus pure. Tu es son héritière ! Tu ne peux pas fuir ton destin. Il est en toi. Il te suivra toujours ! Il suffit de te regarder pour le savoir !

Lyanna fixa son "fiancé" avec haine.

Elle prit la dague qui était accrochée à sa cuisse et prit dans sa main libre ses cheveux.

D'un coup net et sans hésitation, elle les coupa.

Elle tendit ensuite sa longue tresse à Zeke qui ne bougeait plus.

-Si le Doyen veut tant que ça un combattant aux cheveux blancs, il n'a qu'à prendre les miens !

Elle lâcha ses cheveux qui tombèrent au sol, le regard de Zeke suivant leur chute.

-Idiote, tu viens de commettre une erreur. Fit-il d'une voix tremblante de surprise.

-Non, bien au contraire, je viens de me libérer.

-De quoi ?! De ta famille ?! S'écria le brun en se levant.

-Exactement, de cette fausse famille. Ne me crois pas stupide ! Je sais très bien pourquoi tu n'es venu me chercher que deux ans après mon départ ! Le Doyen pensait que je regretterait ma décision, et qu'alors, voulant revenir, je perdrais mes défenses. Et tu en aurais profité pour me tuer, car ce sont les ordres qui t'ont été donnés ! Tu es là pour me tuer ! Uniquement pour ça ! Ne me sous-estime pas, je connais encore bien la façon de penser de mon clan.

Zeke serra les dents.

Elle avait tout comprit.

Il était découvert, et savait maintenant qu'il n'avait plus aucune chance d'achever sa mission.

Surtout avec les autres humains derrière la blanche.

Finissant par soupirer, il se releva en attrapant les cheveux encore au sol.

-Alors ma mission est finie. Je vais rentrer et dire tout cela au Doyen.

Il fit quelques pas vers la sortie du toit.

Les Avengers voulurent lui bloquer le chemin, mais Lyanna leva la main vers eux en secouant la tête.

Ils comprirent le message et s'écartèrent.

Au seuil de la porte, Zeke se tourna vers la blanche avec un regard neutre.

-Je repars au village, mais je ne pense pas que cette histoire soit finie pour autant.

-Oh, je ne le pense pas non. Nous nous reverrons, Zeke, c'est une certitude. Sourit Lyanna.

Son sourire était réel, ne montrant aucun signe de colère.

Zeke baissa la tête avec un rictus et s'en alla.

Les Avengers le suivirent du regard avant de se tourner vers leur amie qui s'était tournée vers le vide.

Sentant leurs regards sur elle, Lyanna se retourna en leur lançant un grand sourire.

Elle prit dans sa main une mèche de ses cheveux qui avaient désormais une longueur inégale. 

-Je crois qu'il faut que je prenne un rendez-vous chez un coiffeur. Ria-t-elle.