Angel (ineffable husbands)

6 》 big spooky fan me

"Ici Anthony Crowley. Vous savez quoi faire. Faites-le avec style.

- Crowley je te préviens : si tu ne réponds pas maintenant, je jure sur la tête de Gabriel que je ne te parlerai plus jamais ! Plus jamais jamais... Rappelle-moi Crowley..."

Aziraphale ne se souvenait plus quand il avait commencé à essayer de joindre le démon. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne pouvait pas arrêter. Parce qu'arrêter ne pouvait signifier qu'une chose. Une chose qu'il ne formulerait pas, de peur qu'elle se réalise.

Deux jour plus tôt.

L'ange cherchait désespérément depuis plus d'une semaine une manière délicate d'aborder le sujet. Il s'était bien documenté et chez les humain, la parole pouvait aider à évacuer certaines idées nocives.

Il l'avait donc invité à pic-niquer dans St. James Park, en lui disant qu'il lui devait un déjeuner dans l'herbe depuis 1967 et Crowley s'était fait une joie d'accepter son invitation.

Mais voilà : il ne parvenait jamais à engager la conversation.

Alors il étaient là, dans l'herbe, à observer les humains vivre avec un peu trop de bienveillance peut-être.

Puis Crowley eut la bonne idée d'engager la conversation :

"Tu crois qu'on le sait, au fond, quand on voit une personne pour la dernière fois ?"

Sa question prit Aziraphale de court, il poursuivit :

"Qu'est-ce que tu me dirais, mon ange ? Qu'est-ce que tu me dirais si c'était la dernière fois que tu me voyais ?"

L'interpellé sentit son cœur - ou du moins l'équivalent - s'alourdir et battre un peu plus fort dans sa poitrine. Il se reprit, certes, les joues un peu rougies.

"Ne sois pas stupide, enfin. Tu sais Crowley, tu m'inquiète en ce moment et...

- Désolé Aziraphale. J'ai une course à faire. Oublie ça."

Et il était parti. Comme ça. Laissant derrière lui un petit ange tout chamboulé.

Aziraphale savait que c'était de sa faute, qu'il devait lui montrer qu'il tenait à lui, qu'il pouvait vivre pour lui. Mais comment lui dire ? Il ne pouvait décemment pas simplement déclarer sa flamme au beau milieu de St. James Park. Et puis, il n'avait jamais été très doué avec les mots. Et si Crowley comprenait mal ? Et si il fichait tout en l'air ? Serait-ce trop fleur bleue de lui dire qu'il ne pouvait pas disparaître sans emporter avec lui un petit bout de son ange ? Ou de lui avouer que s'il partait chaque battement de paupière plongerait Aziraphale dans un mer de souvenirs si douce qu'il pourrait se laisser aller à y rester en apnée, quelques secondes de trop peut-être ? Ils avaient tant pris l'habitude de se comprendre sans parler que les mots - en quelle langue fussent-ils exprimés - perdaient de leurs sens profond.

Comment pourrait-il exprimer une telle tendresse avec de simples lettres ?

Et depuis deux jours, Crowley avait disparu et Aziraphale avait explosé sa facture de téléphone.

~GROW BETTAAAAH