7.

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Elle se retrouva deux secondes après, enfermée dans une petite cabine, les volets fermés, la lumière éteinte. Ses iris bleus l'observaient d'une façon qu'elle ne pouvait décrire. Elles ressemblent à celles de Luxus. Pensa Lucy avec ironie.

Débarrassé de toute politesse, il la poussa avec violence contre un des sièges et la força à s'allonger. Il voulait tirer son coup et partir ensuite, les couilles vidées.

Elle sourit faiblement devant la situation, elle qui voulait pour sa première fois de la douceur, de l'amour, elle était servie. L'adrénaline était descendue dès l'instant où ses pieds avaient dépassés le seuille de la pièce, concrétisant l'événement.

Elle ferma les yeux, redoutant l'instant où il allait poser ses grandes mains sur sa peau. Lorsqu'elle les rouvrit, elle ne put retenir un cri de surprise. Luxus tenait avec force le jeune homme, dont le prénom était inconnue à la jeune constellationniste. Puis, sans se préoccuper des regards, il le jeta dans le couloir avant de refermer la porte derrière lui. Une veine de colère apparaissait sur son visage, effrayant Lucy. Il était énervé. Et elle allait subir les conséquences de son geste imprudent.

-Je tue qui en premier ? gronda Luxus.

- C'est bon blondinet, je fais ce que je veux. Si j'ai envie de me faire sauter dans un wagon, je le fais. Tu n'es pas mon père. Dit amèrement Lucy.

Luxus fulminait. Comment une mage aussi mature qu'elle, pouvait, sur un coup de tête, tomber bien bas ? Lui qui pensait que la jeune blonde était différente des autres filles aux physiques avantageux, il se trompait. Une lueur de déception naquit dans son regard, comprenant qu'elle ou une autre, au final, cela ne changeait rien. Aveuglées par leur physique, elles aimaient plaire et parfois, mettaient leur dignité de coté pour une homme aux envies lugubre.

-Tu me déçois. Dit-il finalement.

-Oh je suis désolée. S'excusa faussement Lucy. L'image que tu as de moi compte tellement à mes yeux. Surtout quand on sait que de ton coté tu es volatile. 

-C'est diffèrent.

Lucy rit jaune.

-Voyez vous ça. Dit elle en levant les mains au ciel. Donc je suis vouée à garder l'image d'une fille prude pour ne pas heurter ta morale intégriste. Non mais mon vieux, on est plus au moyen-âge. Tout comme toi, j'ai envie de m'amuser.

Sur ses mots, la constellationniste sortit du wagon et partit se réfugier dans les toilettes. Toutefois, devant l'immense miroir de la pièce, elle se figea. Dessus, y était écrit en lettres rouges « Et ainsi, l'étoile, malade, s'éteignit, plongeant le ciel dans l'obscurité »

Elle se frotta les yeux, pensant faire face à une allusion, pourtant, lorsqu'elle les rouvrit, la couleur sang des mots lui sautait toujours à la rétine, lui rappelant sa condition. Elle allait mourir, et une personne le savait, et une personne se moquait, se jouait d'elle. 

Ce mot, qui elle le savait, lui était adressé, lui indiquait, clairement, qu'une personne au courant de cela, était dans le train, à l'épier. 

D'une poigne tremblante, elle empoigna la poignée pour sortir de ce lieu. Apeurée à l(idée qu'on la suive, elle s'était dépêchée de tout nettoyer, ne voulant laisser derrière elle son secret aux yeux de tous? .

Ne sachant où aller, elle finit par rejoindre Luxus qui, emporté par son mal des transports, s'était allongé sur la banquette. Après de longues heures, le train siffla, signalant aux passagers qu'ils étaient enfin arrivés à destination. Les deux mages avaient traversés tous le pays, espérant trouver dans cette ville, le remède miracle. Ne voulant faire face à Luxus et à son regard jugeur, Lucy s'engouffra dans les couloirs bondés et suivit à petit pas le mouvement qui se dirigeait vers la sortie. Elle ne put s'empêcher de sourire quand l'air frais vint titiller sa chevelure.

Au loin, elle entendit une douce mélodie et instinctivement, elle laissa ses pas la guider jusqu'à ce son. Une foule s'attardait devant la provenance de cette mélodie, hypnotisée tout comme elle par ses paroles enchanteresses. Après avoir joué des coudes, elle réussit enfin à atteindre le devant de la scène où deux jeunes gens chantaient à plein poumons. L'amour. Voilà de quoi parlait la chanson. Et Lucy se mit à rêver d'un jour, où un homme lui déclarerait son amour. Elle voulait être emportée par cette vague d'émotions. Aimer et être aimée en retour. « Je t'offrirai des perles de pluies, venues de pays où il ne pleut pas »Un homme désespéré qui recherchait l'attention de sa bien aimé. Il était fou d'elle, tellement, qu'il était prêt à tout pour qu'elle ne le quitte pas.

Une larme traîtresse glissa sur sa joue creuse, pâle. 

-Un moment tu veux te faire sauter dans un wagon, et un autre, tu rêves de poésie. Siffla Luxus qui l'avait rejointe.

-Tu es déjà tombé amoureux ? Coupa Lucy, ignorant royalement sa pique.

-Non. Répondit-il froidement.

«Ne me quitte pas » chantait le duo, complémentaire, une lueur de défis dans le regard.

- Le médecin nous attend. Grogna le mage de foudre, ne supportant de se faire pousser par la foule.

Sans un mot, Lucy le suivit, une boule au ventre. Ils avaient rencontrés nombres de médecins reconnus dans le domaine. Pourtant, la réponse restait la même. Devant ses analyses, ils restaient sans voix, ne comprenant pas la source de la maladie qui grignotait au fil des jours ses forces en pompant sa magie, effaçant également son identité.

- Je vais finir par croire que tu as une maladie incurable. 

Dans le mille, très cher. 

- Non, on essaye juste de comprendre comment la magie des constellationnistes fonctionne pour sauver des vies en ralentissant les maladies. Eluda Lucy en inventant un mensonge à la hâte. 

- Ils ont pas l'air de bien savoir comment s'y prendre. 

La jeune mage leva les yeux pour regarder Luxus, qui imperturbable, regardait droit devant lui. 

- Ils font ce qu'ils peuvent. Tenta de défendre la mage. 

- Ont en a vue six en quatre mois et ils ont tous abandonné au bout de quelques semaines. A croire qu'ils se sont partagé l'idée un soir autour d'un verre et que le lendemain matin, ils se sont rendue compte, que c'était plus compliquée que prévue. 

- On ne peut pas leur reproché d'avoir essayé. 

- Essayer est une chose, tout le monde peut le faire mais persévérer en est une autre, conclu le mage, investi par le débat. 

- C'est beau, finit par dire Lucy en pleine réflexion, le sourire aux lèvres. Mais je pense que malgré tout, on ne peut pas leur en vouloir d'abandonner devant un défi trop grand. 

- Tu est en train de défendre des lâches. 

Elle détourna le regard, ne voulant pas lui montrer comment ses paroles, bien qu'elles ne lui étaient pas adressées, la touchaient. Il était comme ça, distant sur certains points, mais juste quand il s'agissait de défendre des vies. 

Et il avait raison, chaque fois qu'elle rencontrait un nouveau médecin, elle espérait qu'il lui dise que tout ira bien et qu'il trouvera une solution. Mais à chaque fois, au bout de quelques semaines ils abandonnaient, lui brisant un peu plus l'espoir qui lui restait. Elle savait que sa maladie était d'une grande complexité et que ce n'était pas en quelques semaines qu'ils pourraient guérir une maladie mystérieuse. Mais elle  espérait au moins qu'ils trouvent une solution pour les futures malades, qui comme elle, entendront dans leur tête le tic tac de l'horloge. 

- Arrête de me fixer, je vais finir par rougir. 

Honteuse, Lucy détourna le regard pour se reconcentrer sur le paysage. Mais lorsqu'au bout de quelques pas, elle voulu demander une information à son compagnon, elle se rendue compte, que ses rues bondées, elle était seule. Et elle ne savait pourquoi elle était là.

Souviens-toi ( en réécriture )Where stories live. Discover now