Six mois après le drame qui a chamboulé sa vie,
Anylla, 18 ans, n'est plus que l'ombre d'elle-même.
À l'agonie dans un monde qu'elle ne reconnaît plus, elle tente de racheter ses fautes en renonçant à celle qu'elle était, rongée par les remords.
Ma...
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La vie avait un étrange sens de l'ironie, songea le délinquant, son regard obstinément fixé sur la fenêtre de la chambre de celle qui, sans le savoir, avait pris possession de son existence.
Il arrivait toujours un moment où l'on prenait conscience que notre vie venait de basculer sans le moindre doute. Ou plus rien ne sera plus jamais pareil. Pour le criminel, ce fut cette nuit-là.
Il n'y avait pas eu de plan. Juste la volonté d'un enfant de faire, pour la première fois, le choix du bien. Ce fut aussi la dernière.
À l'époque, il ignorait encore comment son geste allait redessiner à jamais le cours de son destin. Un acte désespéré qu'il avait commis sans vraiment comprendre ; acte qui le liait à cette fille bien plus que n'importe quel serment et dont il payera le prix le restant de sa vie.
Il ne savait encore presque rien d'elle, à peine son prénom.
Il avait tenté de ne pas raisonner. Ce n'était pas son problème. Elle n'était personne pour lui. Et si lui l'avait choisi, c'était qu'elle devait le mérité, d'une manière ou d'une autre.
Cependant, quelque chose en lui, un reste d'humanité qu'il croyait enterré, l'avait poussé à agir. Pas pour racheter ses fautes. Pas pour devenir un héros. Simplement parce qu'il ne pouvait supporter l'idée qu'il lui fasse du mal.
Ce n'était encore qu'un enfant qui tentait de trouver un sens au monde qui lui échappait. Faire ce qui était juste lui avait toujours paru presque contre nature, étranger. À peine môme, il comprenait déjà que le bien avait toujours un prix.
Et à présent, le voilà revenu, des années plus tard, demander sa rançon. Pas en or ou en pardon. Mais en sang.
Il n'était plus le gamin d'autrefois, pas un homme non plus ; du moins, pas complètement. Ce n'était plus qu'une ombre, usée par le temps.
Jamais il ne connaîtra cette joie de vivre simple qui semblait animer le commun des mortels. Pas avec un passé comme le sien. La paix n'était pas pour lui, pas ici, pas dans ce monde.
En revanche, foutre un peu de troubles sur son passage...
— ... ça, je peux, murmura-t-il à haute voix en éteignant le reste de sa cigarette dans le cendrier devant lui.
La nuit noire qui accueillait la résidence semblait être en parfaite osmose avec l'âme du délinquant qui avait pris place sur l'un des bancs dans la salle de repos, où tous les hommes de main de madame Welss avaient accès une fois leur travail terminé.
Le concernant lui, sa mission ici ne s'achevait qu'une fois qu'il s'était assuré que la jeune Welss demeurait bien dans sa chambre.
Son univers tout entier gravitait autour d'elle, bien qu'il n'y avait là rien de vraiment nouveau pour lui. C'était presque devenu comme un réflexe. Après toutes ces années passées à l'observer dans l'ombre, sans jamais s'être fait prendre, de nuit comme de jour, il avait fini par avoir le sentiment qu'il se devait de toujours avoir un œil sur elle, s'assurer qu'elle était toujours là, à porté de vue.