Sleepless in London.

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Les gouttes de pluies martelaient contre les vitres embuées de l'appartement. Le cadran de l'horloge qui affichait 4 heures et sept minutes me picotait la rétine. Assise sur le canapé, mes jambes nues étaient congelées mais je continuais de fixer l'aiguille scillant chaque nouvelle interminable minute. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil, le stresse tordant mon ventre de douleur. En psycologie, on appelle ça le trouble du stress post- traumatique. Les symptômes sont diagnostiqués dans les trois mois avant l'évènement perturbateur. Il est dit que le patient souffrait fréquemment d'insomnie, de stress perpétuel, avait tendance à s'effrayer rapidemment et refusait d'accepter la réalité des faits. A l"évidence, atteinte de TSPT. Depuis deux mois rares étaient les nuits oú j'avais dormi plus de deux heures. Je me retournais dans mon lit, cherchant une position adéquate ou ayant un effet somniphère mais c'était impossible. Les images défilaient à toute vitesse dans ma tête. Le regard de mon père, si apathique et insensible. Le choc émotionel te serrant le ventre comme jamais te forçant à l'admettre " J'ai aimé un être cruel". Ma gorge se sèchait alors que mes yeux étaient gorgés de larmes.

Les nuits étaient moins longues depuis Samedi soir. Bradley avait réussi à trouver mon profil Facebook - je l'avais aidé pour mon prénom Arabe- alors jusqu'à ce qu'il s'endorme devant son téléphone on écrivait. Et ça me passionnait. On pouvait s'écrire pendant des heures le temps filait à toute allure. Je l'enviais tant , il luttait contre le sommeil alors que je m'y abandonnais mais restais éveillée. Le passé était terrifiant; un euphémisme pour le futur. Je commençais à m'épanouir chez Ollie, avec Bradley, mais la situation était instable. Je devrais rentrer à la maison tôt ou tard.

- Jill?

C'était Ollie, les cheveux en bataille et les yeux mis-clos éblouis par la lumière de la cuisine qu'il venait d'allumer.

Je restais coite.

Ollie se remplit un verre d'eau et m'en proposa un. Je refusai puis il s'assoir sur le fauteuil en face.

- Tu n'arrives toujours pas à dormir.

Je secouais la tête.

- T'avais raison.

- Pour quoi?

Je fis craquer mes doigts sur mes genoux tremblants.

- Je peux pas rester ici toujours sans payer quoi que ce soit. J'habite ici depuis plus de deux mois déjà, je mange et toi tu achète tout.

- Jill...

Je le coupai dans sa phrase certaine de l'éternel mensonge " Ce n'est pas grave". De plus ça l'était.

- Je sais que tu aimerais que je me réconcilie avec mes parents mais si seulement tu savais tu comprendrai. Je trouverai un travail pour t'aider parce que je veux vraiment rester.

Il bu une gorgée d'eau, je percevais à peine son visage dans la pénombre, mais je n'avais pas besoin de le voir pour connaitre l'expression que celui-ci affichait.

- Jill, tu peux être ici aussi longtemps que tu le souhaite que tu participe ou non aux frais de l'appart. T'es là avec moi tous les jours, ta présence ici a 100 fois plus de valeur qu'une facture d'eau ou d'électricité je t'assure. T'es ma petite étoile, sans toi je brille pas. Ne t'en veux surtout pas, promet moi?

Je pouffai en hochant la tête , il me prit dans ses bras.

- Tu es certaine de ne plus jamais vouloir le voir? Je peux pas concevoir qu'il ne t'aime pas. Il...

Il laissa sa phrase en suspension sâchant qu'en citant un souvenir de mon père et moi où il semblait m'aimer était aussi douloureux que de m'ouvrir sans anéstésie.

Je haussais les épaules sentant les larmes me monter aux yeux. Il fallait se rendre à l'évidence il ne m'aimait pas; je le haïssais.

- C'est un criminel Ol' , balbutiai-je.

Comme si cet aveux - en admettant qu'il me croit- pouvait changer quelque chose en moi.

Il serra mon étreinte plus fort.

- Je veux que tu sâche Jill que quoi que je fasse, c'est parce que je t'aime, chuchota-t-il d'un ton inquiété.

J'acquiéçai sans comprendre son changement soudain d'attitude et refoulai mes larmes. Il souffrait aussi.

Il déposa un baiser dans mes cheveux puis se leva.

- Essaie de dormir Jilly tu vas t'épuiser.

Puis, sa silhouette s'évapora dans la nuit tel un fantôme. Comme si sa venue n'avait été qu'illusion dans mon esprit. Je reprenais ma position initiale. Immobile, fixant les minutes s'écouler chaque battement semblable à ceux de mon coeur.

Depuis longtemps j'avais ce jeu qui consistait à inventer ce que pouvait faire les milliards d'êtres qui peuplait le monde à l'instant même.

J'imaginais Bradley assoupi paisiblement sous ses couvertures, le pouce dans la bouche. Cette image me fit sourire. Mais aussi ma mère encore à l'usine, devant son établi, cousant sans relâche. Mon père ne trouvant pas le sommeil trop préoccupé par les problèmes que lui récoltaient ses magouilles. Minie continuant le rêve qu'elle vivait dèjà la jour. Jenna que j'espèrais éveillée par le chagrin de sa rupture avec Ollie. Des enfants japonnais sur le chemins de l'école, des salariés australiens pendant leur pause déjeuné ou bien des civils syriens réveillé en sursaut au milieu de la nuit par de nouveaux bombardements.

Il était quatre heures dix-huit.

La pluie s'était arrêtée.

L'écran de l'ordinateur s'alluma à quatre heures dix-neuf.

Facebook m'annonçait un nouveau message.

C'était Bradley.

" J'avais laissé ma fenêtre ouverte cette nuit- celle qui est au dessus de mon lit- je suis trempé ainsi que mes draps. On se verra à l'hôpital si tu daignes me rendre visite pendant ma convalescence pneumonique. Bonne Nuit si tu dors pas- si tu dors cet inutile puisque tu ne verras pas mon message-.

PS: Toujours ok pour Vendredi Cabane 20 heures?

Pp-S: Je vais continuer Lost Guarland Paper, pour voir ce que cache le journal de Mr Abott. Comme ça je pourrais te raconter la suite demain juste pour irriter la belle. ^^

Je te salue - expression ringarde-

Plein d'amour :)."

Je riais pensant l'avoir imaginé endormi sous de chaudes couvertures.

Avant de fermer la fenêtre de l'ordinateur convaincu de tenté de trouver le sommeil pour la millième fois, je remarquai un autre message non lu envoyé à minuit treize.

C'était Jenna. Elle m'avait juste laissé une phrase brève énigmatique.

" Jill il faut qu'on parle, c'est à propos d'Ollie"

Cela me rendit perplexe un moment.

Puis. Une illumination!

J'avais compris l'allusion. Elle aimait encore Ollie et se rendait compte de son erreur. Je tombais rapidemment dans les bras de morphée souriant - j'en suis sûre- persuadée que j'allais contribuer au bonheur de la planète si j'arrivais à la convaincre.

Je me promis de faire tout ce qui était en mon possible pour les réconcilier.

C'était peut-être le plus beau cadeau que je pouvais offrir à Ollie.

Et si jamais...

Going Nowhere- Bradley Simpson (The Vamps)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant