Quatrième

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« Levez la main droite et jurez de parler sans haine et sans crainte, de dire la vérité et toute la vérité »

« Je jure de parler sans haine et sans crainte et de dire toute la vérité, rien que la vérité »

Assise sur la chaise, je sais ce qui m'attends. Je me revois encore et encore en face des non communs, leur faisant passer le test. Je revois encore les visages de peur devant moi, les traits tirés, la sueur sur les fronts et les yeux larmoyant. Je me revoie faire mon premier test, fière de moi parce que j'avais trouvé ma voie. Mais maintenant les places sont échangées. C'est moi, sur cette chaise. Cette torture psychologique que l'on oblige à subir, à des gens sans défense, me rend malade. Ne pas flancher.

« Commençons. »

Ses mots me paraissent bien trop simples maintenant. Bien trop rêche. Trop hypocrite.

« Contez-moi votre vie. Qui êtes-vous ? »

« Je me nomme Erra Vander. Fille de Isabella et Théodoren Vander. Sœur de Némésis – actuellement impératrice – et de Tyler et Alexander Vander. Quatre enfants. Je suis la dernière. Je suis, ou du moins étais, la promue quatrième commandante. »

Le silence pesant ne fait qu'amplifier mon malaise, parce que je sais qui se trouve derrière la grande vitre qui me fait face. Il y a ma sœur, victorieuse, mes deux frères, et deux analystes. Je sens ces foutues électrodes autours de mes tempes, comme celles autours de mes poignets. Sans chercher à être discrète, je regarde mon poignet droit. L'électrode s'y décolle légèrement, la sensation est réellement désagréable, c'est un mélange entre picotement et de chatouille.

« Mon avenir était écrit depuis ma plus tendre enfance. Etant la dernière enfant et une fille, le choix s'est vite fait pour ma sœur. Me tuer ou me soumettre. Ma mère Isabella, avait une sœur, Vaella, qu'elle a tué le jour de sa naissance. Mère avait alors six ans. Si fière d'elle qu'elle le raconte encore et encore. Si fière qu'elle allait laisser Némésis me tuer. Tyler l'en a empêché. A vrai dire aujourd'hui je ne suis ni proche de Tyler ni d'Alex ni d'une quelconque autre personne de ma famille. Sang royal ? oui. Je n'ai jamais eu à me plaindre, toujours une condition viable, voir une vie considérée comme de richesse. Je suis de sang Royal, une Vander. »

« Que s'est-il passé le dix-huit du onzième mois ? Selon les dires, vos yeux sont devenus blancs. Confirmez-vous ? Avez-vous eu d'autres signes ? »

« Je confirme. Mes yeux sont apparus blanc. Mais je n'ai eu aucun autre signe, pas de vertiges, pas de sueurs, pas de tatouages. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, ni même qui serait mon appartenant. Je ne sais pas qui peut être cette autre personne. »

« Vous mentez. »

« Je ne mens pas. » dis-je précipitamment.

Le doute s'empare de moi. Je dis la vérité je le sais. Mais quelque chose me dit que ça cloche chez les analystes. Il y a bien un truc qui ne va pas.

« Votre frère, Tyler Vander, a aperçu un bout de tatouage ce matin, dans votre nuque, au moment de vous apporter le repas. »

Mes craintes se confirme. Je n'ai rien senti. Pas de douleur pas de gène. Aucun picotement. Et, à mes yeux grands ouverts et mon air éberlué, je comprends que ce n'est pas normal. Pour deux raisons : Le tatouage est le dernier signe d'appartenance qui arrive, mais encore, d'après tout écrits recensés, cette étape est la plus dure physiquement, la douleur est telle qu'elle assure une perte de conscience à un taux de 95%.

Je n'ai rien senti.

Je ne connais pas mon destiné.

AppartenanceWhere stories live. Discover now