Appartenance

Troisième

« Règle numéro 1 : l'appartenance est le signe de l'amour éternel et inévitable entre 2 personnes de sexe opposés, sans retour en arrière possible. Il se désigne notamment par l'apparition de signes avant-coureur : cœur affolé, yeux blanc, mains moites, joues rouges, sensation de perte d'équilibre, apparition d'un tatouage dans les jours qui suivent la première vision de l'être aimé, de l'appartenant. »

Voilà que l'homme qui se tenait devant moi me relis les bons vieux textes de loi. Je les connais, entre devoir les apprendre par cœur lors de l'enfance sous peine de punition et mon travail. Je sais encore à quoi m'en tenir. Après sa lecture de la loi, ou bien la bible. Il me fera prêter serment de dire la vérité, juste la vérité et rien que la vérité. Il me mettra des électrodes contre les tempes et au niveau des poignets. Me piquera le doigt pour recueillir un peu de sang, afin de faire un bilan. Après l'entretien interminable consistant à me demander mon âge mon sexe, mon prénom et mon nom, ma potentielle appartenance, le nom du partenaire, les émotions ressenties, et tout un pataquès d'autres questions ; il viendra me remettre dans la cellule, pour m'y faire attendre 3 jours sans manger ni boire. Parce qu'on ne sait jamais, peut être que l'on oublie des choses pendant l'entretien. Et la faim entraîne la mort. La mort entraîne l'instinct de survie. L'instinct de survie entraîne le corps et l'esprit à dire ce qu'il manque.

« Règle numéro 2 : En cas de non appartenance, l'exil est demandé par l'impératrice, car une personne sans appartenance ne permettra pas de perpétuer l'espèce humaine. A défaut, si bonne défense il y a, le non commun se soumettra aux travaux d'intérêt général. »

Ah oui cette règle, la fameuse règle que tout le monde craint. Parce que l'exil est égal à la mort, et les travaux d'intérêt général sont équivalent à la torture et le travail. Nous sommes esclaves sans opinion ni droit de vote.

« Règle numéro 3 : l'impératrice est proclamée le jour de ses vingt ans, prenant ainsi la succession de sa mère, anciennement impératrice. En cas de sœur ou seulement de garçon, la proclamation est décrétée inapte. En cas de deux sœur, un vote est alors soumis au peuple seulement s'il n'y a pas de déclaration préalable. En cas de garçon, l'impératrice mère reste sur le trône jusqu'à apparition d'une jeune fille de 20 ans, digne. »

Quelle règle débile. En quoi un homme ne peut pas conduire cette tâche à bien ? Il est évident que Némésis ne changera pas cette loi. Elle est l'impératrice actuelle. Ma sœur aînée de deux ans et six jours exactement. Pour elle, ce titre lui revient de droit. Je ne suis que la petite sœur, je dois me soumettre. Et surtout je suis la rebelle. La docile certes mais rebelle Erra.

« Règle numéro 4 : Seuls les appartenants ont le droit de vote. »

Les non communs c'est-à-dire ceux sans appartenance ne conviennent pas au schéma typique de cette communauté, un intrus est un intrus, une aberration. Et si cette aberration ne peut être éliminée elle est déclassée. L'homme n'est que poussière. Et si l'école nous apprend un chiffre de 5% de non commun, il en est tout le contraire, le chiffre exact est de 15% suffisamment petit pour le contrôler mais quand même immensément grand pour une population de 50 000 personnes. Enfin 50 000 personne a Propolis.

« Règle numéro 5 : Aucun appartenant n'a le droit d'entrer en communication avec un non commun. Autre que les chasseurs. »

« Règle numéro 6 : deux appartenants promis l'un à l'autre devront rester ensemble, s'aimer, se chérir et procréer sous peine d'amende ou prison »

Et voilà où tout cela nous mène. Deux cent quinze ans auparavant, la vie abondait sur terre. On connaissait les grandes technologies et aussi l'histoire et pourquoi pas toujours aller plus loin. Jusqu'à l'inévitable jour. Concours de circonstance ou coup d'état ? on s'est retrouvés prisonniers de nos propres maux. A s'en arracher la voix, les cheveux et la chaire. On a tout bonnement fini sous terre.

« Règle numéro 7 : S'il n'y a pas d'âge légal pour devenir appartenant, un âge maximum a été défini. 20 ans. »

Et je déteste particulièrement cette règle.