La ville.

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  Il y a cette odeur juste avant la première lueur du soleil qui est faite de silence. Une petite seconde ou deux où aucun bruit ne perce la nuit  pour que le jour puisse apparaître parfaitrment.
  Tous ces buits qui ne cessent de retentir m'épuisent, je deviens fou. Les voitures ne cessent de passer avec le ronronnement de leurs moteurs, le crissement de leurs pneus et, comme si tout cela ne suffisait pas largement, la succession des chauffeurs de camions qui kalxonnent à toute heure du jour et de la nuit, des ambulances dont la sirène semble défier tous les autres bruits...

  Mes oreilles bourdonnent à longueur de jourée au rythme infernal des bruits désagréables de la ville.
  Ah, la ville!
  Avec ses rues et ses mosquées, avec ses vendeurs ambulants et ses quartiers mal fréquentés. La ville, refuge de tous les bandits, des cadres hauts placés, des prostituées, des gens "bien" et ges gens un peu moins bien.

  La ville.

  Elle ne se tait jamais, tel l'éternel beau parleur qui produit rarement plus que des paroles.

  Elle se dresse avec ses hauts bâtiments et sa fumée qui nous voile le visage. En hiver, son froid nous fouette les joues, et en été sa chaleur nous étouffe. Mais le pire de tout, dans la ville, c'est les êtres (vivants) humains qui y vivent.
  Quand je sors à vélo, un y a toujours un automobiliste qui klaxonne parce qu'il ne conçoit pas ma présence, pas même sur la marge de la route. Il klaxonne, mais je suis déjà sur le bord de la route. Il aimerait que disparraisse.
  Alors j'ai décidé de commencer à me déplacer en tram. Je fais la queue pour composter, puis se dresse devant moi un grossier personnage au ventre tout rond moulé dans une chemise trop sérrée rentrée dans son pantalon (chose qui ne le mettait vraiment pas en valeur) , il fait la queue mais en parallèle avec nous autres. Comme s'il s'attendait à ce que le fait qu'il attende, même en dehors de la file, lui donnait le droit de composter avant tout le monde. Par malheur, il se trouve qu'il ait décidé de s'incruster devant le guichet au moment où c'était mon tour. Alors qu'il s'apprétait à introduire sa carte, je l'intérrompis. En bonne citoyenne, même s'il devait avoir le double de mon âge, et avec le regard le plus déterminé que je pouvais lancer, je lui dit: "Il faut faire la queue, monsieur. Vous voyez bien que c'est mon tour."

  Incrédule, il m'ignora et se mis à chercher des pièces au fond de sa poche, puis je me suis avancée, ai introduit ma pièce dans le guichet, et en retirant ma carte, lui répéta "Je viens de vous demander d'attendre à la fin de la file. Vous êtes le dernier à arriver." Puis je lui ai souhaité une bonne fin de journée et je parti m'assoir sur le banc. En attendant mon tram, je sortis un livre comme à mon habitude.
  Quand il eut terminé, il passa les dix minutes qui ont suivi à se tortiller sur place en attendant le tram, très mal à l'aise à cause des regards que lui adressaient les gens.

  Toutes ces petites histoires me font voir la ville en noir. Les gens ne sont pas éduqués, ils ne respectent pas le code d'honneur ni les valeurs morales, même celles qui vont de soi.
  Et à ces monstres nocturnes qui m'arrachent à mon sommeil avec le bruit de "bombes" qu'ils explosent dans la rue à 3h du mat, merci à vous, chères créatures qui renient leur humanité pour agir en bêtes, je vous applaudis! Vous aurez réussi à me faire haïr la ville, et tout ce qui s'y rapporte.
  C'est tellement facile de ne rien réfréner, de se laisser emporter par le moindre sentiment qui nous prend: La colère, la tristesse, le regret, la depression. Ce qui est difficile, c'est de développer une résistance à la colère et aux réactions incontrôlées en géneral. De, plutôt que de confronter les énergies négatives et de les transformer en actes, les neutraliser et les métriser. Il est indispensable de savoir vivre avec les autres, surtout en ville, où il y a beaucoup de gens et pas beaucoup d'espace. Pour cohabiter, il faut qu'il y ait des personnes capables de dépasser le stade élémentaire des réactions, pour faire de nous mêmes ceux chez qui la chaine de nervosité, de tension et du manque de contrôle s' arrête.
  N'alimentez pas la psychose inévitable de la société. Neutralisez-la.

K. BENJELLOUN

26.10.2014.

Insomnies.Where stories live. Discover now