- Dégage, murmuré-je en reculant.

- Oh-oh, t'aurais pas dû, couine Bill.

- Ouais, ajoute Bastien. Tu l'as énervé.

Avant même que je ne puisse faire quoi que ce soit, Jean me prend par le colle et me donna un coup à l'œil. Une douleur intense anime la partie où il m'a frappé. Puis, je sens un autre coup porté à la bouche et du sang dégouline. Je me débat mais un autre vient me tenir fermement. Je peux voir la petite tête rousse de Bill. Des coups viennent de nulle-part pour me faire mal. Je suffoque en sentant un coup au thorax. J'ai l'impression qu'une éternité passe pendant qu'ils me frappent.

- Ça, c'est pour avoir menti à Bruno, s'écrie Bastien en me faisant une balayette.

- Et ça, pour l'avoir laissé tomber.

Quoi ?! QUOI ?! Je rêve. Bruno a réellement dit ça sur moi ?

Un petit cri monte de la gorge de Max.

- Vous allez la tuer !

- Mais non, débile, grogne Jean. On lui donne une correction.

Il tape gentiment la tête de Max.

- Laissez-là ! continue Max. Où je le dis à la prof !

- Ouais c'est ça... Et tu crois... Oh punaise !

La voix de Bastien se termine en hoquet affolé.

- Le directeur ! Cassez-vous les gars ! hurle Bill en me lâchant.

J'entends leurs pas précipités partir au loin. Je sens une main sur mon dos et, pendant un instant, j'aurai pensé que c'était Bruno mais en entendant la voix de Max, je me contracte.

- Ça va aller, je vais t'emmener à l'infirmerie.

Je le remercie du regard et il m'aide à me relever en prenant mon bras en le mettant autour de son cou.

##

De la glace sur le coin de la bouche et un bandage autour de la taille, j'attends que papa vienne me chercher. Max avait été gentil : il avait appelé l'infirmière et était resté avec moi jusqu'à la sonnerie. Il avait même dénoncé Bastien, Bill et Jean. J'aurai aimé qu'il dénonce aussi Bruno mais il m'a expliqué qu'il ne pouvait pas faire ça car ce n'était pas son genre.

- Il compte pour moi, m'avait-il dit. On se connaît depuis un bon moment mais je crois que quelque chose ne va pas.

J'avais grogné.

- Ça va pas avec Bruno, c'est ça ?

Il m'avait regardé d'un air triste mais sincère. Ses yeux bleus étaient plantés dans les miens.

- Passe lui un message, j'avais annoncé au bout d'une minute.

- Oui ?

- Dit-lui de me rejoindre au parc ce soir, vers cinq heures. Il faut qu'on discute. Même si il ne veut pas, force-le, j'avais ajouté avant qu'il ne proteste.

- Mais si j'y arrive pas ?

Je m'étais tu un instant et avait répondu :

- Dit-lui que c'est à propos du flacon.

J'aimerai lui dire la vérité. Ce qu'il venait de me faire m'avait brisée. Cassée. J'aurai souhaité que ça n'arrive jamais. Et pourtant, ça l'est. Et je vais devoir tout lui dévoiler, peut importe les conséquences. Au moins, il sera au courant.

Il est trois heures de l'après-midi quand papa vient me chercher. J'entends le directeur parler avec lui. Je le vois franchir le seuil et se précipiter vers moi. Il m'a couvert de bisous et de câlins.

Les HooperWhere stories live. Discover now