Chapitre 4

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C'était comme si je venais de revivre d'une mort certaine. Mes mains agrippent les draps et mon coussin est mouillé. Sans doute à force d'avoir pleuré.

- Cébren ! Oh, Cébren, tu nous a fichu l'une de ses trouilles !

Blanche me sers fort dans ses bras. Je tousse et serre ma sœur à mon tour... Puis je retombe dans le lit.

- Que s'est-il passé ?

- Tu as perdu connaissance, m'explique un médecin en me piquant avec sa piqûre.

Je retiens mon souffle quand elle me l' inflige. Quand elle l'enlève, une petite boule de sang se forme. Le médecin y dépose du coton dessus. Je me rends soudain compte qu'un bandage encercle mon torse. Je vois du coin de l'œil le médecin faire signe à papa de sortir. Ils s'en vont calmement et j'entends papa demander :

- C'était quoi cette piqûre ?

- Cette piqûre lui permet de respirer, explique celle-ci. Ses poumons ne s'ouvrent plus quand elle veut reprendre son souffle.

- C'est à dire ?

Elle se pince les lèvres.

- C'est à dire que le sang bloque tout car il a fait remonté tout son organisme. Tout est bloqué. Heureusement, sa vue n'a pas changé et...

- Attendez... la coupe papa. Vous êtes en train de me dire qu'à partir de maintenant, sa vie ne tiendra que dans piqûre ?

- C'est... À peut près ça...

Papa s'approche d'elle. Ils sont maintenant à deux millimètres l'un l'autre. Il l'a prend par les épaules et lui murmure :

- Il y a bien une... Une solution à tout ça, n'est-ce pas ?

Elle hoche la tête, gardant son sang froid. Elle se libère des mains de papa et le toisa durement.

- Bien sûr, répond-elle.

Silence. Ils se regardent longuement avant que le médecin ne réponde :

- Sa vie est en jeux...

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Cette phrase résonne dans mes oreilles telle un ouragan m'emportant dans ses vagues géantes. Je sais que papa s'inquiète pour moi et qu'il fera tout pour me sauver... Mais comment ? 

Mais... Je ne peux pas mourir. Pas comme ça. Il me reste ce mystère à percer avec ma sœur... Avec Ysandre... Personne n'était venu me voir après cette discussion. Blanche aussi avait tout entendu. Quant à Aloyse, je l'ai regardé à travers la vitre : elle avait porté ses mains à sa bouche et s'était effondrée. Papa, quant à lui... Il n'avait pas l'air triste. Plutôt fatigué.

Je n'avais pas revu le chien et Ysandre depuis. Elle me manque... Je suis dans mon lit d'hôpital, comme si j'attendais la mort. Pourtant, j'ai un plan. Papa entre soudain dans la chambre. Il me regarde longtemps avant de s'asseoir sur une chaise. Je fais semblant de dormir, mine de rien.

- Je sais que tu m'en veux, dit-il.

J'ai comme l'impression qu'il me fixe.

- Je t'aime... Je ne veux pas te perdre, comme ta mère. Même je ne pourrais jamais vraiment te pardonner.

Je résiste à ne pas froncer les sourcils. Il continue son discours, attristé.

- Et pourtant tu es là, seule, et tu dois sûrement comprendre ce qu'il se passe. Je... Je pense que tu sais ce qu'il t'attends. Mais avant, je voulais que...

Je fais comme si je me réveille et que je n'ai rien entendu.

- Papa ? appelé-je le plus faiblement que je pouvais.

Les HooperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant