15-Une vielle connaissance

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Jonathan

Pour Jonathan, tout s'était passé à une vitesse telle qu'il n'a pas pu réaliser le déroulement des choses, avant de se retrouver enfermé et ligoté.

Il cuisinait avec sa demi-sœur, comme ils l'avaient prévu. Ils prenaient beaucoup de plaisir à cela d'ailleurs, à faire de la pâte à gâteau et s'en mettre sur le nez, à appliquer le beurre dans un moule avec ses doigts, offrant une bataille de beurre interminable, oui, on doit dire qu'ils s'amusaient bien.

Alors que Jonathan était de dos pour reprendre du beurre, la porte s'ouvrit pour aller se plaquer contre le mur en un bruit assourdissant, laissant entrer une dizaine d'hommes armés. Ils se dirigèrent d'abord vers El qui n'a pas eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait pour se défendre. Ils la neutralisèrent pendant que d'autres plaquaient Jonathan contre le mur. En tournant légèrement sa tête, il put entrevoir l'aiguille qu'ils plantaient dans la nuque d'Eleven, lui injectant ainsi un calmant, histoire de la neutraliser. Quelques secondes plus tard, la jeune fille s'était assoupie sur la table, laissant les gardes libres de l'attacher et la porter, l'emmenant il ne savait où. Le jeune adulte, lui, était incapable de réagir. Peut-être n'avait-il pas eu assez de courage, peut-être n'a-t-il seulement pas eu le temps de réagir... Jamais il ne le saura. Il était beaucoup trop boulversé pour comprendre ce que ses émotions voulaient de lui.

Après une rapide concertation des deux gardes qui retenaient Jonathan, ils décidèrent de lui aussi l'emmener. Une poignée de secondes plus tard, il avait été balancé dans une camomionnette, poings et pieds liés, aux côtés de la jeune Eleven, toujours inconsciente. C'était pourtant la seule qui aurait pu les sortir de cette foutue situation...

Ce n'est que dans le camion qu'il a commencé à remettre les choses en ordre. Il a premièrement ressenti de la peur, puis de la colère, de la tristesse, de l'amertume, de l'angoisse... Beaucoup d'angoisse. Maintenant, il se trouvait dans une petite camionnette, enfermé et attaché, en route vers un endroit inconnu.

De longues minutes de trajet passèrent sans que Jonathan soit capable de faire le moindre mouvement. Apeuré, ligoté et plongé dans un noir profond, il ne pouvait qu'entendre la douce respiration de sa sœur qui, elle, ne pouvait se rendre compte de rien.

Quand la camionnette s'arrêta pour de bon, il sentit tous ses membres se raidir, puis sa respiration se couper quand la portière s'ouvrit sur plusieurs hommes venus s'occuper de Jonathan et Eleven.

Certains traînaient El au sol, sans montrer ne serait-ce qu'une pointe de compassion pour un corps presque inanimé. D'autres jettèrent Jonathan hors du bolide avant de délier la corde qui nouait ses pieds, le laissant alors se lever et marcher. Évidemment, deux agents le surveillaient de prêt, ou plutôt le tenaient fermement aux bras pour éviter qu'il s'échappe.

Il ne se dérangea pas à observer d'un oeil curieux le monde autour de lui: ils semblaient se trouver dans un sous-sol, les bruits de pas résonnaient dans un son métallique et le plafond qui se trouvait au-dessus d'eux ne laissait pas transparaître la lumière du jour.

Sur le chemin, qui avait semblé avoir duré une éternité, ils étaient passés par un ascenseur, des couloirs plus étroits les uns que les autres, de fins escaliers de métal en colimaçon  rouillés et troués par l'usure, pour finalement arriver dans une salle qui ressemblait étrangement à une chambre d'hôpital.

Elle était remplie de machines et d'armoires ouvertes qui semblaient contenir des produits chimiques, mortels ou seulement des médicaments qui ne servent sûrement pas à calmer les douleurs. Le jeune homme n'en savait pas grand chose à la médecine, il était évidemment plus calé côté photographie.

Ils l'ont jeté dans un coin de la salle et installé Eleven sur un des deux lits qui s'y trouvaient avant de l'attacher à celui-ci. De force, ils firent de même pour Jonathan. Il a tenté de se débattre, mais en vain.

Une fois presque immobile et les gardes sortis de la salle, Jonathan se retrouva seul avec ce petit corps inconscient à ses côtés seulement quelques secondes avant qu'un scientifique que Jonathan ne connaissait que trop bien fit son entrée. Il resta figé par surprise, lui, ici? C'était alors lui qui l'avait amené jusque là et ligoté tel un animal?

-Bonjour, Jonathan. Quel plaisir de te revoir.

-Docteur Owens...

-La dernière fois que tu es venu, c'était pour faire fermer le labo, tu m'as mis au plus bas. C'était pas très gentil de ta part.

-Laissez-nous partir.

-Sûrement pas, non. On va un peu s'amuser avant tout cela. Tu sais, je vais te dire ce qu'on va faire. Pour le plaisir que tu oublieras tout dans cinq minutes. Alors, ce qu'on va faire, c'est vous injecter un sérum qui va d'abord vous endormir puis vous faire oublier tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Et le meilleur, c'est que vous n'allez pas être inconscients, non. On va mettre sur pause une partie de votre cerveau pour vous faire croire n'importe quoi. Tout ce qu'on veut! C'est la partie qui fait les choix et qui sert à protester contre quelque chose. Si vous pouvez pas protester, vous devenez naïf. Donc, on va vous faire croire ce qu'on veut avant de vous injecter quelque chose qui va vraiment vous rendre inconscients. Et à partir de là, on fera ce qu'on veut de votre corps, conclut-il un sourire malsain aux lèvres.

-Vous allez jamais faire ça. Je vous interdit de toucher à ma sœur!

-Oh, mais tu vas rien pouvoir faire. Triste Jonathan, n'est-ce pas?

-On pensait tous que vous étiez gentil...

-Je cache bien mon jeu, merci pour ce compliment, tu satisfait mon égo!

Jonathan ne pouvait s'empêcher de fixer l'horreur devant lui avec une rage incontrôlable. Il a tenté, de se dégager de l'emprise des ceintures qui le tenaient immobile, mais cela n'y changea rien. Il se contenta alors de crier au secours tandis que ce maléfique docteur fit signe à ses hommes de s'exécuter. Deux hommes s'avancèrent pour le tenir, le temps de lui injecter le produit par le biais d'une seringue.

Il ne pût jeter un œil à sa sœur qu'il était déjà en train de sombrer dans un lourd et profond sommeil.

𝖀𝖓𝖊 𝖑𝖚𝖙𝖙𝖊 𝖘𝖆𝖓𝖘 𝖋𝖎𝖓Where stories live. Discover now