CHAPITRE 4

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LUCY

Arrivée chez moi, je me dirigeai vers la salle de bain, bouleversée par les événements de la journée. Je vivais au centre de la ville d'Édimbourg. Mes parents ne roulaient pas sur l'or, néanmoins ils m'avaient aidée à payer mes premiers mois de la location de mon petit T1. Ce dernier se situait dans une copropriété où des immeubles aux deux étages étaient alignés les uns à côté des autres. Pour accéder à mon appartement, j'empruntais un escalier extérieur qui menait à ma porte d'entrée. C'était plutôt plaisant de ne pas avoir à utiliser un ascenseur. De plus, ma voisine du dessous était une grand-mère adorable et très discrète.

Alors que je m'aspergeais le visage avec de l'eau fraiche, deux mains se posèrent sur mes hanches. En les sentant, j'émis un sursaut brusque.

— Eh, Lucy, c'est moi, déclara Simon en me prenant dans les bras.

Je tentai de reprendre une respiration normale tout en profitant de son étreinte réconfortante. Sans le regarder, je m'écartai de lui, essayant de refouler cette culpabilité incompréhensible qui m'avait assaillie toute la journée. Tout en calant son dos contre le lavabo, Simon me fixa, interloqué par mon silence inhabituel.

— Alors c'était si terrible que ça cette première journée ? demanda-t-il avec une voix bienveillante. Raconte-moi ce qu'il s'est passé ?

— Je n'aime pas l'ambiance. J'ai peur de ne pas m'intégrer, certains de mes collègues me paraissent étranges. Et pourtant, ce travail est impératif pour payer mes factures, mes parents ne pourront plus m'aider ce mois-ci.

— Tu trouveras un autre emploi, ne te rends pas malade. En attendant, je te prêterai l'argent dont tu as besoin.

— Je ne veux pas te demander ça, Simon.

— Je ferai n'importe quoi pour toi et tu le sais, dit-il en me prenant dans ses bras tendrement.

Il m'embrassa à plusieurs reprises ce qui calma mon angoisse. J'avais envie de lui dire ce que j'avais vécu, mais aucun mot ne sortait. J'avais bien trop peur de la réaction de Stefan. Il m'avait affirmé qu'il n'avait pas violé cette fille, néanmoins, il l'avait agressée et probablement traumatisée à vie. En ce qui me concernait, je ne cessais de repenser à ce moment où nous étions enfermés dans les toilettes. Je sentais encore ses doigts entourant mon cou et l'expression terrifiante qu'il affichait pour me prévenir de ne pas le défier. Instinctivement, je tremblai.

— On prend la douche ensemble ? me proposa Simon d'un ton malicieux.

Le pauvre, il n'avait rien fait, mais je n'avais absolument pas envie de sexe.

— Je suis fatiguée..., rétorquai-je d'une petite voix.

— OK !

Il leva les mains devant lui et partit sans vraiment comprendre mon comportement. Je me déshabillai lentement, puis fis couler l'eau sur mon corps. La chaleur qui en découla me réconforta un instant. Puis dès que je fermai les yeux, le visage de Stefan apparu. Son regard sombre emplit mon esprit, il me terrorisait. Pour le moment, je refusai d'aller voir la police, j'avais bien trop peur des conséquences. Je le soupçonnais d'être un meurtrier. Il possédait toutes les caractéristiques d'un personnage comme Paul Spector ou Dexter : soignant la journée, et tueur en série la nuit. Soudain, le souvenir de sa main posée sur mon ventre assaillit mes pensées, je me mis à frissonner. D'un geste déterminé, j'attrapai le savon pour me frotter et me laver de toutes ces perceptions négatives. J'allais me ressaisir et l'affronter afin qu'il me laisse tranquille.

Pendant le dîner, Simon insista pour que je quitte dès le lendemain mon travail. J'acquiesçai. Au moins je m'éloignerai de Stefan. Avant de me coucher, j'imprimai ma lettre de démission, puis je me blottis contre Simon. Le savoir si proche de moi me réconfortait. Et pourtant, en pleine nuit, je me réveillai en sursaut, le souffle coupé en frottant ma gorge. Dans mon cauchemar, Stefan enserrait mon cou m'empêchant de respirer. Je mis quelques minutes à comprendre que j'avais rêvé, jusqu'à ce que Simon me rassure.

— Tout va bien, dit-il en m'aidant à me recoucher. Je vais aller te chercher un verre d'eau.

Pendant qu'il partit en direction de la salle de bain, je tirai les draps vers mon menton en regardant autour de moi. J'avais l'impression que Stefan m'observait, il avait littéralement gagné mon esprit. Je réussis tout de même à dormir quelques heures avant de me lever. J'avais dans l'idée de donner la lettre en main propre à ma responsable.

Alors que je finissais de me brosser les dents, quelqu'un sonna. Rapidement, je me dirigeai vers l'entrée, satisfaite que le facteur soit si matinal, sauf qu'en ouvrant la porte, c'est Stefan que j'avisai. Devant l'effroi de sa présence ici, mon corps se figea quelques secondes. Puis, instinctivement, je fermai brusquement le battant, mais il contra mon geste en posant fermement une main sur ce dernier.

— Moi aussi je suis content de te voir, Lucy, exprima-t-il tout en entrant dans l'appartement.

Il fit quelques pas, tandis que je refermai la porte lentement. Le regard sévère qu'il me lança me donna une décharge d'adrénaline douloureuse dans mes membres. Et pourtant, je ne détournai pas les yeux des siens.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je.

— Je viens te chercher, rétorqua-t-il froidement.

Il portait un manteau noir qui accentuait son allure menaçante, ses mains étaient gantées probablement à cause de la fraîcheur environnante qui s'était installée depuis quelques jours. Mon logement ne s'avérait pas très grand, aussi, il en fit vite le tour. L'entrée donnait directement sur la pièce principale, elle-même séparée du coin cuisine par un bar. Alors que Stefan revint vers moi, Simon apparut. En apercevant un autre homme dans le salon, il haussa les sourcils, étonné. Ils se dévisagèrent comme deux mâles alpha.

— Tu dois être le fameux petit ami, demanda Stefan en tendant sa main vers Simon.

— Exactement, je suis Simon et toi tu es... ?

— Stefan.

Le regard inquisiteur, Simon bifurqua la tête vers moi. Il n'aimait pas tellement quand les choses lui échappaient.

— Je vois que Lucy ne t'a pas parlé de moi ? constata Stefan. Je travaille dans le même bâtiment qu'elle, mais un étage en dessous.

Dans un silence, Simon me dévisagea. Puis il marcha jusqu'au tabouret placé devant le bar, il s'assit à moitié sur ce dernier avant de saisir un morceau de fruit que je lui avais laissé dans un bol.

— Eh bien, mon pote c'est gentil d'être passé, déclara-t-il. Mais Lucy ne va pas rester dans ce travail, elle ne s'y plait pas du tout.

— Vraiment ? rétorqua Stefan en reportant son regard sur moi. Seulement, dans son cas, je ne pense pas que la démission soit envisageable.

Ses mots retentirent en moi comme une menace, aussi, sentais-je le rouge me monter aux joues. Les yeux de Simon passèrent de moi à Stefan.

— J'ai manqué un épisode ? s'étonna Simon. Pourquoi aurait-elle besoin de ta permission ?

Stefan garda le silence tout en me fixant.

— Stefan est mon supérieur, mentis-je, c'est pour ça que je dois d'abord en discuter avec lui.

— Eh bien ! Allons discuter, répéta Stefan. Je t'attends dans la voiture.

Stefan sortit de l'appartement après avoir salué d'un signe de tête Simon, ce dernier me fixa, furieux.

— Qu'est-ce qu'il se passe, Lucy ? Tu gardes le silence pendant toute la soirée hier puis tu fais des cauchemars. Je ne suis pas dupe, j'ai vu comment tu as réagis face à lui, tu as clairement peur de lui. Dis-moi qui il est ?

— Reste en dehors de ça, s'il te plait. Stefan est quelqu'un d'important à l'hôpital et il ne vaut mieux pas trop le contredire.

Je parlais tout en rangeant mes affaires. Simon se leva et m'arrêta net dans mon élan.

— Eh bien! allons régler ça.

Il se précipita vers la porte d'entrée, tandis que moncœur s'accéléra en imaginant l'issue terrible qu'allait avoir cetteconfrontation. Je tentai de le retenir, en vain. Déterminé, il se dirigea versla voiture de Stefan afin de toquer à sa fenêtre. Stefan allait être furieux

Sombre Secret - dark romance - ( en réécriture)Where stories live. Discover now