Chapitre 20 : L'Incarnation d'Aqua

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Quand il avait été percuté par le boulet de canon, Sakhar avait vu trente-six chandelles avant de s'écraser en plein milieu des ennemis. Complètement sonné, à terre, il abandonna sa raison pour laisser faire ses instincts.

Survivre. Il devait survivre à la nuée d'ennemis massée au-dessus de lui, lui bouchant la vue sur le ciel nocturne.

Son poing fracassa un nez, son pied rencontra des parties intimes, tandis que des épées dérapaient sur sa peau de métal, lacérant ses vêtements. Voyant que les armes n'avaient aucun effet sur lui, des mains tentèrent de l'agripper, mais il était déjà moins sonné. Roulant sur le ventre, il tenta de se relever. On lui sauta dessus pour le plaquer à terre. Des dizaines de soldats s'entassèrent sur son dos. Non de... Par Tarco ! Ils allaient...

Les pointes acérées repoussèrent ses assaillants, créant soudain un vide autour de lui. Les deux qui restèrent sur son dos se figèrent. Lançant une main en arrière, Sakhar en attrapa un par le collet, l'autre par le pied. Les balançant contre les piques de terre, il poussa un rugissement de rage. La seconde suivante, une pluie de boulets de canon percuta les excroissances du sol, et il dut se jeter à terre pour ne pas être assommé de nouveau. Bordel ! Ils avaient compris qu'il était clairement l'homme à abattre ! S'il ne parvenait pas à sortir de là, la Cité allait...

Une vague de pouvoir parut souffler tout le champ de bataille. Tous le ressentir, à tel point qu'il y eut un moment d'accalmie. Relavant la tête, Sakhar découvrit... Les yeux ronds, tournés face à la rive, il vit la mer se soulever littéralement. Non... Attendez, ce n'était pas... Ce n'était pas une vague.

Par tous les Dieux...

Une tête gigantesque sortie de la mer. Non. Était la mer.

Le souffle coupé, il vit un visage de femme émerger. D'un bleu pur, translucide, mais d'un turquoise plus profond par endroit, le liquide dessinait les contours de deux yeux en amande, d'une bouche pleine et d'un nez aquilin. Ses longs cheveux ondulés encadraient ce tableau surréaliste, alors que le reste du corps émergeait.

Ce n'était pas la représentation de Silna.

C'était la titanesque Déesse Aqua qui jaillissait des flots, sa bouche ouverte sur un rugissement qui fit trembler tout un chacun jusque dans ses os. Elle était furieuse que l'on ait touché aux enfants de l'eau. Sa rage résonnait dans chaque esprit, sa fureur flanqua des sueurs froides à chaque soldat de Wolff, à chaque ydrasien de la Cité.

On ne défiait pas la Déesse impunément.

Sortant de l'océan, son corps nu et asexué fait d'eau turquoise, elle brandissait un trident liquide plus haut que les remparts. La Déesse culminait dans les vingt mètres de haut. Rien ne pouvait empêcher sa rage de déferler sur les légions de Wolff.

Lançant son trident aquatique, elle provoqua un raz de marée dans les rangs ennemis. Des hurlements déferlèrent en même temps que l'eau. Des litres, et des litres d'eau. Se relevant brusquement, Sakhar découvrit la vague du trident avaler tout sur son passage... Et elle fonçait droit sur lui. Non de...

Il était temps de sprinter !

Il partit en courant dans le même sens que les soldats de Wolff, soit en direction des remparts d'Ydra. Qu'importe ! Allant à toute vitesse, l'iode marine emplissant ses poumons, l'Élémentaire de la Terre remonta bien des soldats engoncés dans leur armure. Ils le regardaient passer avec des yeux pleins de terreur, tandis qu'à leur gauche la Déesse prenait pied sur la terre ferme, les dominants tous de sa rage.

Chien de GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant