Chien de Guerre

Chapitre 4 : Fin des Négociations

Sakhar l'ignorait, étant donné son esclavage de dix ans, mais la Prêtresse d'Ydra n'était pas réputée pour sa gentillesse. Très dévouée envers les citoyens de la Cité État, elle pouvait se révéler être une vraie peau de vache avec les autres. Tout du moins, c'est ainsi que Ravish la lui présenta.

Beaucoup disaient que son sale caractère venait des critiques sur son physique.

Petite, ronde, elle n'avait pas le profil qu'attendaient les crétins d'une Prêtresse de l'Eau. Tout le monde se la représentait anorexique et blonde, comme sa doublure, et non pas en petite grosse.

Quoi qu'il en soit, Silna était réputée pour être l'Élémentaire d'Eau la plus puissante qui ait jamais existé. Ses dons surpassaient l'imagination, selon les dires, et la Cité État les utilisait sans vergogne. Apparemment, avec le consentement de la jeune femme.

Cité État actuellement en guerre avec le royaume de Wolff, pour des raisons inconnues de Ghania. Ghania qui n'avait pas eu le choix de porter soutient à ce minuscule territoire, vu que la vie du Roi était entrée en jeu...

-Donc, Silna est une des femmes les plus puissantes au monde, fit Sakhar pour lui-même.

Et lui était un esclave.

Ravish dut suivre le fil de ses pensées, car il s'abstint de tout commentaire.

Depuis l'attaque et les soins prodigués au Roi, il avait été reconduit dans sa chambre, puis de nouveau enchainé, en dépit de la réticence de son ami. Wokabi, la Prêtresse de la Terre, était venue lui tenir en laïus sur l'importance du respect des règles et sur sa splendide intervention pour le sauvetage du roi.

Sauf qu'il n'était pas allé là-bas pour lui. Il y était allé pour Silna.

Mais comme il avait été évacué pendant qu'elle prodiguait ses soins au roi mourant, il n'avait pas pu lui parler. Elle était encore plus mauvaise que ce qu'elle avait imaginé !

-Tu n'as pas choisi la femme la plus simple à atteindre, remarqua Ravish.

Sauf qu'ils se connaissaient depuis dix ans déjà. Ça, il s'abstint de le dire. Car dans tous les cas, il avait raison. Il n'était pas destiné à la revoir un jour, cette peste. Au vu des évènements, le Roi ne le laisserait jamais...

Des éclats de voix retentirent devant les lourdes portes de sa chambre, lui faisant relever la tête. Sourcils froncés, Ravish se redressa, une main sur la garde de son épée. Il était chargé de sa surveillance, pour éviter qu'il ne s'évade une nouvelle fois. Mais il n'avait plus aucune raison de le faire...

-Vous n'avez pas le droit d'entrer ! s'écria la voix autoritaire de Wokabi. Arrêtez où...

Les portes s'ouvrirent à la volée, sur une Silna toujours parée de sa belle robe diaphane, de son voile flottant semblable à celui des déesses orientales.

-La ferme. Le Roi m'a donné le droit de venir ici, alors tu serres les dents, tu serres les fesses, et tu mets ta fierté de côté, cingla-t-elle à l'adresse de la Prêtresse de la Terre. Salut Ravish.

Toujours de son pas décidé, talonnée d'une Wokabi vexée au possible, elle fonça droit sur Sakhar, totalement tétanisé.

Assis par terre, enchainé, il aurait voulu disparaitre. Sans un mot, elle s'arrêta devant lui. Les yeux plantés dans les siens, le visage colérique, elle avisa lentement le collier, les bracelets en aciers reliés par des chaines, fixés au sol.