Chapitre 10 : Des Voisins Belliqueux

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Plus tard cette nuit-là, Sakhar se tournait et se retournait sur sa couchette, dans le calme du Repos. Il ne parvenait pas à dormir. Or, il voulait absolument rejoindre Silna dans ses songes, afin de lui tirer les vers du nez. Comment faire pour la soigner ? L'eau était-elle la seule possibilité ? Ou une paire de claques plus fortes pourraient-elles venir à bout de son inconscience ?

Malheureusement, tout cela, il ne put jamais le lui demander. Car le sommeil le fuyait comme la peste, ou un fou de Cour lui faisant un doigt d'honneur. Les yeux grands ouverts sur le ciel étoilé, il se mit à injurier mentalement tous les dieux du monde. Mais laissez-le pioncer, bordel !

Avec la journée éreintante qu'il avait eue, pourquoi ne pouvait-il pas dormir, hein !? Parce que cette feignasse de Ravish avait piqué son somme, mais lui, nada ! Ce n'était pas le moment de faire une insomnie !

Wokabi mit un terme à toutes ses velléités d'endormissement à base de moutons en lui grimpant dessus.

Un moment interdit, il avisa cette belle femme tant haïe à califourchon sur sa virilité.

C'était peut-être ça, la solution, en fait.

Il se fit donc un devoir de la prendre derrière une tente de fournitures. Pour la première fois de sa vie, en vérité, ce fut lui qui l'utilisa, à des fins pas franchement érotiques. Mais il n'en resta pas moins qu'il la besogna avec une telle vigueur qu'il crut lui avoir déboité la hanche. Mais comme elle en redemandait, il continua en la bâillonna d'une main, pour éviter de réveiller tout le camp.

En atteignant l'orgasme, elle murmura des mots sur son amour pour le Dieu de la Terre, croyant visiblement qu'il allait le prendre pour un compliment. Dans tous les cas, elle s'endormit instantanément, s'affaissant contre lui telle une poupée de chiffon.

Une fois la Prêtresse remise au lit loin de lui, il dut se rendre à l'évidence.

Il n'avait pas du tout sommeil.

-Dieux de mes deux, grommela-t-il en se dirigeant vers l'étendue d'eau. Même pas foutus d'accomplir les vœux les plus simples. Ah oui l'autre chaudasse elle peut pioncer, mais moi, bernique ! Pas de justice. Vous jure.

Il grommela tout du long, jusqu'à atteindre la rive. Acide, hein ?

Un bâton en main, il en plongea l'extrémité dans l'eau. Aussitôt, un grésillement se fit entendre, des bulles se formèrent autour du bois. Interdit, il le ressortit. Quelques secondes avaient suffi pour le calciner jusqu'au cœur. Eh ben dit donc. Le Roi et son conseiller crétin n'étaient pas allés de main morte.

Pas étonnant que les pertes humaines et animales soient aussi importantes. En apparence, tout semblait normal. Mais si vous en buviez une gorgée... C'était la mort assurée.

Il allait pour inspecter les tombes creusées sur l'autre rive, lorsque son œil fut attiré par un mouvement sur les dunes, non loin.

Oh oh... Les voisins semblaient plus belliqueux que prévu.

*

La gorge sèche à l'extrême, la langue réduite à une chose molle et pâteuse, Silna s'éveilla avec un râle semblable à celui d'un agonisant.

Ses yeux secs s'entrouvrirent sur un une toile de tente. Ses lèvres parcheminées s'écartèrent à peine, pour laisser s'échapper un bruit rauque.

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