Partie 11

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Emy se laisse tomber sur un siège de la rangée d'en dessous et croise ses jambes en tailleur devant le dossier où elle pose ses bras. Son regard passe de Garrett à moi et elle penche la tête.

-Ça va les gars ? Vous faites des têtes beaucoup trop sérieuses.

-Oui, ça va t'inquiète Em.
La rassure Garrett.

Emy lance le sujet d'une rumeur qui tournerait sur la sexualité d'un certain Waltor et confirme qu'elle trouve idiot que les préférences de quelqu'un puisse autant intéresser une minorité du lycée.

-C'est pour ça que j'ai tout de suite affirmé ce que je suis. Tant qu'on assume les gens ne peuvent pas trouver de faille et c'est ce qui fait que personne ne m'emmerde je pense.

-T'es sacrément sûre de toi Garcia, ça peut jouer aussi ta confiance en toi.

La voix posée d'une brunette s'élève du terrain en dessous. Elle paraît frêle au premier coup d'œil mais l'assurance qui transparaît de sa voix n'a pour égale que son menton relevé dans une posture fière.

-Dixit Horistue.

-Au fait salut, lance la brunette, Je m'appelle Mab.

-Mady !

-Salut Mab, tu vas bien ? Garrett sourit à la brune d'un air amical.

- Tranquille, on fait rouler. Et toi Garrett ?

Il se contente de hocher la tête avec un sourire avant de se pencher vers Emy.

- Elle a pas tord tu sais, ton assurance est parfois impressionnante.

-J'ai jamais tord Garrett, Mab intervint, parfois ma vérité diffère de la vôtre, c'est tout.

-Sans doute. En attendant je pense que nous avons tous raison et qu'il n'y a pas lieu à débattre sur un sujet me concernant. Conclut Emy. Tu veux te joindre à nous pour déjeuner Mab ?

-Pourquoi pas.

Alors que la jeune fille s'installe non loin de Emy sur sa rangée, je sors ma lunch-box, imitée par Garrett et Emy.

-Tu es nouvelle dans le lycée Mady ? Me demande Mab, sur le ton de la conversation, fouillant son sac.

-Oui, c'est ma première année à Downtown.

-Ah oui ? Tu venais de quel lycée ? La basketteuse relève la tête vers moi.

Je savais que cette question viendrait un jour ou l'autre mais je ne l'attendait pas aujourd'hui. Ma classe sociale ne m'inspire aucune honte mais je savais que ce n'était pas habituel à Downtown.

-Je viens de NorthSide. J'ai eu l'occasion d'intégrer une option ici alors j'ai été transférée.

Emy resta impassible, comme nullement surprise à l'opposé de Garrett qui ouvrit de grands yeux.

-Tu viens du quartier nord ?

-Oui.

Il hocha la tête puis se reprit et croqua dans sa pomme.
Son regard était teinté de surprise mais je n'avais observé aucune trace de mépris, me confortant dans l'idée que Garrett n'était pas un idiot au mœurs poussiéreuses.
Pour briser le silence gênant qui s'était installé dans les gradins Mab décida d'engager une nouvelle fois la discussion.

-C'est très différent ici et là-bas ?

-Oui! Je réponds spontanément, c'est complètement différent.

Mab hoche la tête comme pour me pousser à continuer.

-Déjà, la structure. C'est l'opposé ! C'est du vieux bois et du métal, quelques briques. C'est un lycée qui a quelques dizaines d'années alors y'a l'histoire du bâtiment.

-C'est vrai que Downtown n'a que... Huit ans ? Neuf ans ? Intervient Garrett. 

-Je ne sais pas du tout.. je complète. Et les gens sont aussi différents. Genre à Northside c'est beaucoup plus... enfantin. Enfin dans le style ado mesquin qui ne balaie pas devant sa porte.

Emy émet une sorte de ricanement à ma métaphore puis enfourne quelques chips d'un mouvement rapide.
Comme la veille, je croque dans ma pomme et sors les restes de poulet du repas d'hier soir.

« Barking » raisonne dans le gymnase et Mab suivie de Emy chantonnent les paroles d'un air allègre. Je me joins à elles et Garrett ne tarde pas à nous imiter.

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Les nuages noirs menacent l'azur plein du ciel à l'horizon lorsque je me dirige vers la dernière heure de la journée. Les arbres bordant la place remuent sous l'emprise du vent et je me réjouis de la fraîcheur qui ne va certainement pas tarder à arriver avec le temps couvert.

Le couloir est toujours aussi silencieux lorsque je longe ses murs de verre, laissant raisonner le bruit léger de mes pas.
Je rentre dans la salle 32 en ralentissant le pas pour pouvoir observer les personnes déjà présentes. Seul la brune, Jade je crois, est déjà installée à la même place que la veille. Je lui lance un sourire franc auquel elle réponds directement en inclinant la tête, les lèvres arquées.

Je pose mes affaires à la même place que la veille, sors mon carnet et croise mes jambes en tailleur sur ma chaise. Je suis souple de nature, avoir les jambes aussi hautes que le bassin est plus confortable pour moi.

Plaçant le bout d'un crayon entre mes dents, je regarde l'heure. Il reste une grosse dizaine de minute avant que Monsieur Jean se montre alors je plonge le nez dans mon carnet et relis quelques uns de mes écrits. L'arrivée des nuages me dévie de mon occupation et je me surprends à scruter le ciel dans un espoir de frisson. Je me rappelle de ces après midi où ma mère m'emmenait au parc sous la pluie pour s'allonger sur une serviette étendue dans l'herbe et profiter de la sensation des gouttes froide de l'averse sur la peau. Divin que de sentir, comme des rappels à la vie, les frissons parcourant l'épiderme.

Le bruit d'un sac contre la table voisine me fit sursauter et un sourire espiègle me fit secouer la tête. César haussa un sourcil sans se démunir de son sourire en coin avant de désigner la fenêtre d'un mouvement du menton.

- La chiure de pigeon sur la vitre te passionne tant que ça, Peter ?

- Elle est certainement plus intéressante que le garçon qui vient de m'interrompre, en tout cas.

Mon sourire lui indiqua l'ironie de ma réplique alors que ses yeux pétillaient d'une lueur de malice.

- Hier j'ai eu l'occasion de feuilleter plusieurs de tes écrits. Toi, tu n'as eu qu'un seul et unique. Alors pour équilibrer la balance j'ai amener deux trois feuilles qui trainaient sur mon bureau.

Mon cerveau mît quelques secondes à comprendre ce que sous-entendai le brun et lorsque que le message fut passé, un sourire vint caresser mes lèvres, spontané et prompte.
Sans briser le contact de nos regard, il me tendit une liasse de feuilles légèrement froissées. D'un geste hésitant, ma main attrapa l'extrémité du paquet et le ramena contre mon torse.

-Merci, souriais-je, tu ne sais pas comme ça compte pour moi. Rajoutais-Je plus bas.

Untitled LifeWhere stories live. Discover now