Partie 4

24 2 1
                                    

L'air lourd est pénible malgrès mon t-shirt léger.
un sac sur le dos, la main fermement accrochée à mes pendentifs, la boule au ventre, je quitte mon quartier familier pour m'aventurer dans le métro citadin.

Je sors mon téléphone et réponds aux quelques amis m'aillant souhaité bonne chance pour ma rentrée.
Le sourire me vint lorsque je lis la brève déclaration de Alice, une très bonne amie de mon lycée.
Mon ancien lycée.

"Hi la lâcheuse. T'as raté des trucs déjà, Jsuis happy !! Devine qui va sortir avec Carter ?"

Je la relance en lui souhaitant de ne pas tomber enceinte trop vite et elle m'insulte gentillement.

La rame s'immobilise et j'expire rapidement avant de me lever et d'ordonner à mes jambes- qui tremblent comme des maracas- de marcher.

Les écouteurs vissés aux oreilles, je me détends peu à peu, chantant mentalement ma chanson favorite pour gérer mon stress, tapant le rythme des doigts sur mon bon vieux mp3 enfoui dans la poche de mon bon vieux jean.

Les paroles m'ont fait rire à la première écoute et toujours aujourd'hui elle me fait doucement sourire.

L'air rétro s'accorde parfaitement aux quartiers d'air historique qui laissent peu à peu place au luxe dérisoire des modernes bâtiments du centre.

Traversant la place, je contemple comme chaque jours depuis ce jour d'août les gens déambulant sur les gros pavés gris.

Je sursaute alors que j'heurte un passant qui continue son chemin sans broncher.

Les grilles du lycées sont ouvertes et paradoxalement terrifiantes, et j'avoue que le flot parsemé d'êtres qui s'y engouffre ne me rassure pas des moindres.

Le menton légèrement baissé, je me fais toute petite en rentrant dans l'enceinte.
Une sorte de choc thermique se produit lorsque je franchis les lourdes portes de verres, la climatisation ne rigole pas.

J'augmente le son de « Buttercup » pour entendre d'avantage Jack Strauber s'amuser sur sa musique et m'applique à respirer, me détendre.

Personne ne fait attention à moi et ça me plaît.

Me dirigeant vers la vie scolaire, j'essaye de mémoriser les salles sur mon passage.
Les salles sont dans un ordre précis, la centaine indiquant l'étage et les dizaines l'emplacement.
J'ai un bon sens de l'orientation, je devrais m'en sortir.

Des groupes d'élèves semblent se retrouver en vue des étreintes et des cris perçants la coquille de mes écouteurs.

Beaucoup de filles sont en jean très serrés, hauts courts et moulants ainsi que des chaussures de marques et je ne peux m'empêcher d'y comparer mon t-shirt large rentré dans mon jean un peu trop grand et mes chaussures de toile.

Les cheveux sont lisses et tombent en cascade sur les épaules bronzées, les miens sont bouclés et retenus en queue de cheval hauts qui laisse échapper des mèches courtes.

Le point commun c'est bien que j'ai aussi un corps fin. Le mien dû aux occasionnels manques de nourritures dans nos placard plus qu'au sport ou aux régimes hystériques.

La vie scolaire est calme en contraste aux couloirs grouillant d'élèves.

Une surveillante se retourne vers moi et m'offre un sourire accueillant.

-Premier jour ?

J'attrape nerveusement mes pendentifs et baisse légèrement la tête.

-Ça se voit tant que ça ?
- Mais non ! Son rire retentit, C'est que les élèves n'ont pas besoin de venir chercher quoi que se soit à la rentrée, tout leur est transmit lors de l'été, sauf pour les nouveaux.

Je laisse sortir l'air que j'avais accumulé et relève la tête.

- T'inquiète pas ça va bien se passer. On est pas si méchant que ça. Enfin pas toujours.

Elle se baisse et me demande mon nom en ouvrant un tiroir.

-Madeleine Peter...l'emploi du temps, le code de casier, la liste des options extra-scolaire et ta carte étudiant du lycée. Il y'a aussi un club de basket et leurs cheerleaders.

Je hoche la tête en essayant de retenir les infos au maximum.

Je la vois se figer légèrement puis relever subitement le buste.

-Madeleine Peter ! Mais oui ça me reviens. Le professeur de l'option littérature m'a fait parvenir un mot pour toi, tiens.

Décollant une sorte de post-it de l'ordinateur, elle me sourit.

-C'est monsieur Jean. Un français maîtrisant parfaitement notre langue de Shakespeare. Il est excellent, je t'assure.

Répondant à son sourire, je récupère mes affaires et pose mon emplacement de casier sur le haut de la pile.

-Merci, bonne journée !

Je pousse du pied la porte qui se referme doucement après mon passage.

Les bruits de casiers, de discussion et de pas m'assaillent alors que je retourne dans les dédales de couloirs.

Casier 1307.

Je rentre le code écrit en italique sous le numéro de la feuille et il s'ouvre sans un grincement.

Dans mon ancien lycée, les casiers sont étroits, vieux et ils grincent. Ici ils sont comme neuf, étincelant à la lumière qui rentre par les grands murs vitrés.

Je jette un coup d'œil à mon emploi du temps et trouve le post-it collé dessus.
« Madeleine, notre cours se déroule en salle 32, c'est écrit option spécifique sur votre emploi du temps. Bonne rentrée ! »

L'écriture est penchée, très propre.

Je regarde cette fois ci réellement mes horaires et je remarque la fameuse option en dernière heure chaque jour sauf le mercredi.

Je range soigneusement les affaires nécessaires dans mon sac à dos et, le papier des salles en main, je me mets à la recherche de ma salle pour la première heure de mon premier jour.

Untitled LifeWhere stories live. Discover now