Chapitre 14 : Spectacle de sons et lumières

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- Pardon, pardon ! s'énerva Lilyn en passant sous les bras et entre les jambes des faerys qui ne daignaient pas bouger.

Elle monta les marches qui menaient à la salle des portes quatre à quatre – ou plutôt deux à deux étant donné le potentiel réduit de ses petites jambes – et fit irruption dans le hall. Une foule d'ambassadeurs surpris s'y trouvait, escortés d'une bretelle d'obsidiens qui semblaient aussi perdus qu'eux. 

Lilyn s'était interrogée sur l'utilité d'inviter autant de monde à un tel évènement lorsqu'elle était petite. Sa maîtresse d'école lui avait dit qu'il s'agissait d'un honneur diplomatique, une preuve de confiance envers les représentants d'autre pays afin de renforcer une alliance. Si ces hommes étaient témoins de ce qui étaient rapportés, cela prouvait la bonne foi de la garde d'Eel qui avait perpétuellement besoin de prouver son honnêteté pour en parallèle, mener à bien des manœuvres plus officieuses. De l'autre, ça prouvait que Miiko avait confiance en toutes ces personnes : si elle estimait qu'ils avaient droit d'être présents lorsqu'elle était en position de vulnérabilité, c'était un moyen pour elle de se prouver leur bonne foi à eux et de leur assurer qu'une relation de confiance mutuelle était établie. Enfin, ces gens, malgré les formes qui y étaient mises, espéraient aussi une part de nourriture en échange d'autre choses : en théorie, ils n'étaient pas en position de perturber l'ouverture du portail, ils avaient trop besoin de la nourriture de la garde. Mais ça, c'est la théorie.

Jamais Lilyn n'avait trouvé cette étrange tradition plus absurde. N'importe lequel d'entre eux pouvait être responsable de ce qui s'était produit. Quoi au juste ? Un empoisonnement ? Un sortilège ? Une malédiction ? Ezarel était terriblement en danger, elle en était persuadée. Et si Leiftan n'était pas parvenu à maintenir ouvert le portail, la situation aurait été catastrophique pour toute la population. 

La petite absynthe fendit la foule, se servant de sa petite taille pour passer inaperçu. Elle s'engagea dans les escaliers qui menaient aux paliers supérieurs, hors d'haleine. Elle n'avait absolument aucune idée de ce qu'elle pourrait faire une fois là-haut, mais elle allait pour une fois profiter des nombreuses offres qu'Eweleïn lui avait faite de travailler avec elle. 

Lorsqu'elle arriva au niveau de l'infirmerie, la jeune fille déchanta aussitôt en manquant de se heurter aux armures monochromes de trois obsidiens qui lui bouchaient l'entrée et parlaient sur un ton préoccupé. Lilyn ralentit l'allure et voulu se glisser entre eux comme elle l'avait fait jusqu'à présent, mais ils prenaient trop de place et lui bloquaient résolument le passage. Ils ne semblaient même pas l'avoir remarquée. 

- Excusez-moi ? appela-t-elle de sa voix fluette.

Elle cru qu'ils l'avaient entendu et lui laissait la place, car il s'écartèrent. Mais au lieu de cela, ce fut  une absynthe qui franchit le seuil, les bras chargés d'une bassine d'eau chaude. Lilyn reconnu Tecky dont les griffes maladroitement plantées dans le récipient, l'avait criblé de petits trous qui faisaient couler de l'eau sur ses doigts écailleux, signe qu'elle était plus perturbé que son visage résolument fermé le laissait entrevoir.

- Que... que se passe-t-il ? demanda-t-elle en la suivant en sens inverse. Où est Eweleïn ?

Tecky, qui pestait entre ses crocs pointus, baissa sur elle deux yeux aux pupilles fendues. Lilyn n'était plus intimidée par ces yeux-là, elle était beaucoup trop effrayée. La vrai question qui la taraudait était : « où était-elle, quand Ezarel avait besoin d'aide ? ». Si elle avait su, elle se serait faite médecin et pas chercheuse ! 

- Évanouie, lâcha Tecky comme un couperet. Complètement hors service. On l'a trouvée allongée sur le carrelage de l'infirmerie. Toutes ses fioles étaient brisées. Fichu perte de temps, de travail et d'ingrédients !

Ezarel - L'autre visage de LilynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant