chapitre 1

1.3K 107 6
                                    

Oly
Cinq ans plus tard...

— Ma chérie, qu’est-ce que tu m’as manqué ! 

A peine ai-je franchis les portes de l’appartement que ma mère me saute dessus et me serre dans ses bras. Je suis aussitôt étouffée par son étreinte vive et rapide que j’aurais pourtant dû anticiper. Rapidement, j’y réponds et la prend à mon tour dans mes bras me laissant bercer par cette douce chaleur réconfortante et ce parfum fruité dont elle ne se délaisse jamais. 

Après quelques minutes qui s’égrènent, je m’éloigne d’elle et la contemple quelques secondes. La douceur de son visage, la bienveillance dans son regard, à cet instant je me sens immédiatement chez moi. Voilà plusieurs semaines que je ne suis pas rentrée à la maison, ce dernier semestre étant le plus intense de mon année, j’ai préféré rester sur le campus durant les ponts du mois de mai plutôt que de rentrer à Paris l’espace de quelques jours. Mais à ce moment-là, debout face à la personne la plus chere à mes yeux, je réalise à quel point j’ai eu tort. Elle m’a terriblement manqué et l’émotion que je lis dans ses yeux brillants me montre qu’elle a éprouvé la même chose.

— Alors ma chérie, dis-moi tout, comment s’est passé la route, le voyage en train n’a pas été trop éprouvant ? J’aurais dû venir te chercher à la gare mais j’ai eu une réunion importante que je n’ai pas pu décaller.

Elle s’active, commence à ouvrir les placards de la cuisine à la recherche de deux tasses, appuie sur la machine à café pour faire chauffer l’eau, sort ensuite deux petits spéculos qu’elle dépose sur des soucoupes. On dirait une véritable pile électrique.

— Respire maman… Respire.

Je ne peux m’empêcher de rire face à son soudain empressement. C’est comme si ma mère tentait en quelques minutes de rattraper les semaines entières que nous avons passés sans nous parler. Mais je plaide coupable. Si la technologie d’aujourd’hui nous permet de garder contact en toutes circonstances, que ce soit via les réseaux sociaux ou les appels vidéos What’s app, je n’en fais rien. J’exècre toute cette technologie qui nous coupe peu à peu des autres. De plus, depuis mon intégration à la fac de médecine de Montpellier, j’ai décidé de me concentrer uniquement sur mes études, au point je le reconnais de m’oublier par moment. Mais les vacances sont là pour me ressourcer.  

Alors qu’elle se retourne, que son regard émeraude dont j’ai hérité rencontre le mien, elle sourit à son tour et vient finalement s’installer face à moi en prenant mes mains dans les siennes.

— Alors ma chérie raconte-moi comment s’est passé ton dernier semestre ? Tu as rencontré quelqu’un ?
Elle a tenue quoi ? Cinq minutes ? Je lui souris, et tourne la tête de gauche à droite en guise de réponse.

— Olivia, quand vas-tu enfin lever le pied ? Tu as les meilleures notes de ta promo, tu ne fais que travailler, travailler, travailler ! Il faut que tu penses un peu à toi aussi !

— Et pour toi, mon épanouissement devrait forcément se traduire par un petit ami ?

— Non, biensûr que non ce n’est pas ce que je voulais te dire, mais j’aimerais tellement que quelqu’un puisse prendre soin de toi alors que je me trouve aussi loin.

— Ne t’en fais pas pour moi, je me porte très bien et les vacances sont là pour ça ! 

— Tu parles ! Tu as la peau sur les os, regarde-toi. Tu penses à manger au moins ?

Et voilà, c’est reparti ! Bon… Au moins je me sens réellement chez moi à cet instant et même si ces remarques me font lever les yeux au ciel, elles me font également sourire. C’est ma mère, elle est comme ça et c’est de cette manière que je l’aime. 

Alors que le petit voyant de la machine à café se change en couleur verte, signe que l’eau est chaude, le bip de mon téléphone sonne au même moment. Je suis certain qu’il s’agit de Sabrina, ma meilleure amie. Après ma mère, il s’agit de la seconde personne la plus importante de ma vie et je sais qu’elle aussi a hâte de me revoir. Mais à cet instant, je décide de laisser de côté mon téléphone et de profiter un peu de ma mère.

— Ton téléphone a sonné.

Si j’ai décidé volontairement de ne pas y faire attention, ce n’est pas le cas de ma mère.

— Je verrais ça ensuite.

— Réponds, c’est peut-être important.

Nouveau levage de yeux au ciel, ce qui ne manque pas de faire rire ma mère (note qu’elle détestait quand je faisais ça enfant et qu’elle adore me forcer à faire à présent). Je sors mon téléphone de ma poche et sans surprise, je découvre un message de ma meilleure amie.

< Sois prête dans 30mn, ce soir on sort 8=> O “

Face à ce semblant d’émoticône dont je n’ai même pas envie de décrypter, je ne peux m’empêcher de rire.

— C’est qui ?

Non mais quelle comère, je rêve ! Je pourrais très bien lui répondre Le Pape … Mais pas sûr que ma mère apprécie ! Un seul message de Sabrina et voilà que je commence déjà à dire n’importe quoi. Cette fille a vraiment une mauvaise influence sur moi !

— Ce n’est que Sabrina.

— Ah ! Je parie que tu dois lui manquer, elle veut sortir avec toi ce soir c’est ça ?

— Oui inspecteur Garcia ! Mais je ne sortirais pas, ce soir on se matte une fois de plus Johnny et bébé en train de danser.

— Non Olivia, c’est non !

— Bon bah va pour Grease et John Travolta si tu préfères …

— Nous ne regarderons pas de film ce soir. Va t’amuser, profiter de ta jeunesse, c’est un ordre.
Elle est sérieuse là ?

— Mais Ma’...

— Il n’y a pas de mais ! 

J’hésite entre monter dans ma chambre bouder comme une enfant de douze ans ou boire cette tasse de café que ma mère vient de déposer juste devant moi. Bon… Foutu pour foutu autant boire ce café, de toute manière, je ne suis pas sûr que Sabrina me laisse réellement le choix pour ce soir.
Après un rapide déballage de mes affaires et une conversation tout à fait banale avec ma mère, je réalise que j’ai passé le plus claire de mon temps perdu dans mes pensées. Faut dire que même si la route entre Montpellier et Paris n’est pas si longue, l’attente à la gare et le cul posé sur le siège du train ne m’ont pas vraiment donné le coup de peps nécessaire pour affronter cette soirée. 

— Olivia, c’est pour toi ! hurle ma mère à l’étage inférieur.

Mince ! Il est déjà l’heure ! Si Sabrina me voit habillée de cette manière, je suis bonne pour une leçon de stylisme en bonne et dû forme. Oui car selon elle le leggin est proscrit et les ballerines devraient être interdit sous peine de prison ! Baliverne, moi je dis que tant qu’on est à l’aise dans ses vêtements, on est prête pour affronter le monde entier. M’enfin… Pas sûr que je réussisse à affronter ma folle de meilleure amie après tout.

Action ou vérité ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant