XXI. Retour de flamme

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La fête est terminée, le Professeur me toise avec insistance. Je devine dans son regard qu'il est déterminé à mettre fin à cette petite virée. Je perds rapidement patience en me revoyant enfermée dans cette putain de Fabrique. Pourtant, ça partait d'une bonne intention, mais toute cette animosité n'a fait que renforcer le malaise que j'éprouve une fois à l'intérieur. J'ai peur pour ma vie, et si je dois fuir pour respirer de nouveau, alors je prends mes jambes à mon cou sans hésitation.

Berlin est derrière moi, silencieux à scruter nos moindres gestes. Il analyse tout, le regard en coin et le rictus dessiné aux lèvres. Je sais que tout se passe entre l'intello à lunettes et moi, je le sens. C'est pesant. Il me fait signe et je le rejoins à part. Il a pris de la distance et se rapproche pour me murmurer, loin des oreilles indiscrètes d'Andrés :


- Tout ceci ne peut plus durer... Tu ne le connais pas aussi bien que moi. Rester avec lui, trop proche de lui pourrait être dangereux.

- Tu essaies de m'effrayer ?

- Non, c'est juste une alerte, un avertissement. Berlin est bien trop malin pour s'en sortir sans une égratignure, sans que son entourage ne soit touché. Tu ne le connais pas... Même si vous avez eu un passé commun, tu ne le connais pas.

- Et tu le connaîtrais mieux que moi ?

- Crois moi, oui.


Je ricane moqueuse, ne voulant pas prendre ses remarques au sérieux. La trouille certainement, qui m'empêche de voir la réalité des choses :


- Nous étions proches avant.

- Proche comment ?


Il lève un sourcil gêné et plante un regard évasif dans le vide. Berlin lui, s'impatiente, joueur :


- Alors, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

- Proche comment ? 


Il reste muet. Je reprends mon interrogatoire, prise d'une curiosité déplacée :


- Proche comme des amis ? Comme des cousins ? Comme des frères ? Proche comme des confidents ? Comme des amants ?

- Quoi ? Ne dis pas n'importe quoi ! C'est... complexe et nous n'avons pas beaucoup de temps. On ne va pas le gâcher dans des explications de ce genre. Je le connais, c'est tout. Tu n'es pas la seule à avoir fréquenté Andrés de Fonollosa. Nos relations ont simplement débuté dès l'enfance. Ce qui fait que je le connais depuis plus longtemps, donc mieux que toi...


Comme des frères. Je comprends vite à son attitude. 


J'adore le voir perdre ses moyens et toucher sa corde sensible. Le Professeur est un excellent comédien, toutefois, il y a des rôles où ses talents sont moins impressionnants. Il trépigne sur place en essayant de se justifier. Puis, il finit par se calmer, prends une inspiration et sort discrètement une arme de la poche de son blazer. Un pistolet minuscule, capable de rentrer dans un sac à main. Il me le tend, la mine froissée :


- Prends le, on ne sait jamais. Cela pourrait te servir... pour ce soir. C'est un PSM, un semi-automatique développé par la Russie dans les années 70. Et souviens toi d'une chose, Berlin est prêt à tout pour sauver sa peau. S'il pense avant à toi avant de penser à lui, alors je me serais trompé de jugement depuis le début. Peut-être qu'on ne connaît jamais réellement les gens, jusqu'au moment fatidique où le masque tombe pour de bon. Sois prudente Rome. Les fréquentations de Berlin ne sont pas des plus fiables. De mon côté, je vais m'arranger pour que vous reveniez en même temps que Tokyo. La police sera préoccupée par son évasion, elle ne fouinera pas de votre côté... Ne m'appelez pas, c'est moi qui vous contacterai.

I. Berlin ciao [TOME 1 - La Casa de Papel | Money Heist]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant