Endors toi

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Le voilà maintenant assis à nouveau, à patienter le temps que je cherche mes mots. La seule question que je me pose à cet instant, c'est si je regrette ou non de l'avoir empêché de partir, d'avoir fait un pas vers lui.

Quelque part, je ressens quelque chose de nouveau, une avancée dans mon comportement froid et désagréable, c'est appréciable. Mais d'un autre côté, je me sens interminablement embarrassé, je n'ai pas l'habitude. Ça me montre bien que mon esprit préfère l'amertume à l'embarras.
Même avec cette pointe de satisfaction, de ne pas lui avoir laissé le temps de partir, je n'arrive pas à formuler de phrases correctes, pire qu'ivre. J'y crois pas.

-J't'écoute? me dit Donghyuck, impatient.

Non pas une impatience entêtante, le genre typique de l'enfant qui ne cesse de demander "quand est-ce qu'on arrive? " pendant un trajet en voiture, mais plutôt de la curiosité. Alors, je ne réplique pas.

-J'étais bourré, alors j'ai dit à Jaemin que tu te serai foutu de moi à l'infini. je commence.

Il pouffe de rire et hausse les sourcils, pour me montrer qu'il a quelque chose à ajouter. J'aurais préféré qu'il se taise jusqu'à ce que j'en termine avec mes explications mais je le laisse quand même prendre la parole.

-C'est sûr qu'en te voyant faire n'importe quoi, j'aurais rigolé. Mais si t'es vraiment dans le mal, là non, je fais de mon mieux pour t'aider.

J'hésite entre sourire, parce que c'est exactement ce que j'ai dit à Jaemin, et le regarder bizarrement, parce que ce n'est pas quelque chose de facile à admettre. Donc, je hoche juste la tête, gagne du temps pour trouver le courage de continuer.

J'ai l'impression de lui faire une déclaration d'amour, c'est pas possible... Pourquoi ça me demande tellement d'efforts? Allez Renjun, fais pas le gosse, c'est juste des divagations que t'a dites bourré; ça te dédouane de tout. T'étais bourré. T'as aucune raison de te sentir mal à l'aise.

J'aurais voulu que ça puisse me convaincre; mais il s'avère que je n'en pense pas moins, même sobre.

Je sens les secondes se transformer en heures et je me rends compte qu'il a trop peur de déranger même si je sais qu'il est curieux, il l'a toujours été. Il ne partira pas tant qu'il ne saura pas tout, ou que je lui ordonne de partir. Mais je ne vais pas le faire.

-Oui, ç'aurait été cool que tu me laisse pas dans la merde si ça avait été toi. je lui avoue en tentant de garder une intonation légère.

C'est le moment de faire un pas en avant, d'arranger les choses. Aussi surprenant que ça puisse paraître, non seulement son avis m'importe mais faire reculer ce conflit aussi. Il pouffe de rire, d'accord avec moi et attend encore que je développe.

Ce n'est pas spécialement embarrassant, et même, ça me procure une certaine satisfaction de pouvoir tout avouer, d'y parvenir, alors je profite de son silence en espérant qu'il ne me coupe pas la parole pendant que je parlerai.

J'en ai assez de mettre autant de temps pour dire quelque chose d'aussi insignifiant, c'est pas comme si j'étais en train de lui déclarer ma flamme alors Renjun, abrège. Et vous débattrez après.

-Je vais être entièrement honnête, mais si tu m'interromps, je te fais taire, ok? il acquiesce, il ressemble à un enfant. Voilà, j'ai beaucoup bu et je lui ai dit que tu te moquerai de moi mais que si t'avais dû me ramasser à la p'tite cuillère, j'aurais voulu que tu fasse comme Jaemin a fait, m'aider quoi, et puis que tu reste jusqu'à ce que je m'endorme, et aussi que j'aimerais qu'on arrête de se mettre sur la gueule tout le temps même si pour l'instant, j'sais que c'est impossible.

-Mais c'est de ta faute si on se met sur la gueule tout le temps! il renchérit en levant le ton, sans forcément atteindre le reproche pur. J'ai limite l'impression que t'es même pas capable de ne pas me menacer dès que je fais un pas vers toi!

Je me redresse d'un coup, énervé que ce soit tout ce qu'il ait à dire de mon honnêteté et ressens cette vague de colère monter, que je peine à contrôler, encore une fois. Frustré. Hargneux.

-Mais pourquoi tu t'acharnes tout le temps sur moi, toi aussi?! Je... je me racle la gorge. Excuse, euh... Je sais, je-.. Euh, je t'accuse pas, je sais que c'est juste moi qui suis pas encore foutu d'être cool. je me racle à nouveau la gorge. J'fais de mon mieux.

Je me rends compte que j'ai failli perdre mes moyens à nouveau, mais j'ai décidé de ne pas me défiler, d'arrêter d'être malhonnête envers moi-même. Et ses yeux triplent de diamètre, ce que je comprends, je suis tout aussi surpris.

-Wow, je pensais pas que t'étais sérieux. pense-t-il à voix haute. J'allais me foutre de toi, te dire qu'il fallait vraiment que je te voie bourré, que ça serait spectaculaire mais...

-Mais vu que je le pense, même sobre, c'est un peu moins spectaculaire. je termine en riant à moitié et lui aussi, après avoir acquiescé.

C'est la seconde fois que je vois la gratitude dans son regard et plus j'observe cette lumière dans sa pupille, plus je me met à me penser heureux de la voir briller pour moi. Puis je reprends mes esprits, malgré cette sensation agréable de savoir que j'ai été capable de contrôler mon impulsivité. Je suis même presque certain qu'il a fait semblant de s'énerver exprès mais je ne vais pas lui en vouloir. Or, je vois qu'il ne bouge toujours pas, qu'il s'assoit plus confortablement dans le fauteuil à côté, tout en détournant son attention de moi. Comme s'il me laissait reprendre mon quotidien là où il s'était arrêté avant qu'il n'arrive, et restait près de moi. À savoir, faire une sieste pour rattraper les heures de sommeil que je n'ai pas eues cette nuit.

J'attends encore quelques minutes, pour voir s'il compte se lever et s'en aller, sans forcer quoi que ce soit puis je remarque qu'il est sur son portable pendant que je suis allongé sur le canapé. Je lui lance un regard interrogatif qu'il ne remarque évidemment pas.

-Hyuck... Tu fais quoi? je lui demande.

-Tu allais dormir quand je suis arrivé, non? j'acquiesce et il sourit. Je m'en irai quand tu te seras endormi, alors.

Je fronce mes sourcils et du regard, lui demande pourquoi.

-Tu viens pas de me dire que tu voulais que je reste avec toi jusqu'à ce que tu t'endorme?

Sans que je ne puisse rien y faire, mes joues se colorent de rose, c'est le moment où je commence à regretter d'avoir ouvert ma bouche de garçon ivre hier soir. C'est vrai, c'est ce que j'ai dit.

-Mais je-

Je ne sais pas quoi ajouter, et c'est inutile de tenter de me justifier de toute façon; il a parfaitement entendu ce que je lui ai dit. Et je suis trop fatigué pour ça. Il en profite pour me couper la parole.

-M'oblige pas à te chanter une berceuse! plaisante-t-il, et pour continuer sur sa lancée, je ferme immédiatement les yeux, riant à moitié. Allez endors toi, t'as une nuit à rattraper.

Sur ces mots, je ne cherche pas à batailler puisqu'en réalité, je suis heureux qu'il soit là et bizarrement, je ne me sens pas gêné par l'idée de me laisser sombrer dans le sommeil en sa présence. Il retourne se préoccuper de ses réseaux sociaux, maintenant en tailleur sur le fauteuil. Je me détends rapidement, et sens le sommeil me regagner, grâce au calme de la pièce et à son silence rare.

Je l'entends respirer, parfois pouffer de rire très discrètement, invisible à mon œil fermé, mais je le devine à quelques mètres de moi.

Sans savoir s'il peut l'entendre, ni si mon âme est encore assez éveillée pour le prononcer intelligiblement ni même si je suis déjà en train de rêver, j'articule: "Merci, Hyuck."

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Est-ce que je dois continuer cette fic? J'commence à avoir quelques doutes eww

M'enfin, j'vous aime mes huîtres au dentifrice~

Fuck off, sweetheart || renhyuckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant