EPILOGUE

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... 2 SEMAINES PLUS TARD...

— Rémi, laisse-moi faire, supplié-je presque en le voyant se débattre avec les élastiques.

— J'ai dit que j'allais y arriver ! Merde ! s'énerve-t-il en grommelant.

Je secoue doucement la tête en me retournant vers le balcon. Le soleil est déjà levé depuis quelque temps. Les nuages de la veille ne sont plus qu'un mauvais souvenir et le ciel dégagé laisse présager une belle journée.

Le regard perdu au loin, je masse ma main encore douloureuse. L'attelle fabriquée par Héloïse n'aura pas tenu très longtemps. Au moins, mon pouce a retrouvé un aspect normal. Dans quelques jours, je devrais avoir récupéré mon adresse.
   
  

Le coffre de la première voiture claque sur le parking. Rhéa, accompagnée de la talentueuse assistante vétérinaire, entreprend maintenant de charger le reste de nos affaires dans les deux autres véhicules.


- Je vais t'avoir ! retentie la voix excitée d'Augustin.

Le garçon court derrière Joyce, essayant de la rattraper entre les voitures.

- C'est même pas vrai ! T'es beaucoup trop lent, le provoque ma cousine en riant aux éclats.

  
Assise sur un banc en pierre, Gemma les surveille tous les deux du coin de l'œil, occupée à affûter son couteau.


Mon regard survole le parking, dépassant nos véhicules, jusqu'à Owen. Planté devant l'orée des bois qui bordent la départementale, l'enfant n'a pas bougé de place depuis que je l'ai laissé sortir.

   
Mon cousin n'aura toujours pas dit un seul mot depuis que le monde s'est embrasé. Depuis qu'il a découvert notre grand-père sur le carrelage de la salle de bain. Depuis que je l'ai obligé à quitter la maison... Pour les entraîner, tous, dans ce périple funeste.

   
Dans son silence, Owen garde le témoignage des horreurs qui entourent ses mutilations. Sa sœur, Joyce, n'en parle pas non plus. Et Fiona quant à elle, a totalement oublié. Rendue amnésique par les traumatismes endurés en si peu de temps, l'enfant de six ans s'est enfermée dans une réalité que son jeune cerveau a crée pour elle. Plus rassurante que la vérité. Que ce nouveau monde dans lequel elle doit maintenant grandir.

Nous la laissons faire, conscients de ne pas pouvoir l'aider autrement qu'en rentrant dans son jeu. Je ne questionne pas non plus Owen sur ses blessures. Je ne demande rien à Joyce quand il faut changer ses pansements.

Au fond, nous avons tous choisi de garder le silence...


  
Je ressors l'affiche que je garde dans ma poche jour et nuit, et la déplie dans mes mains. Nous l'avons trouvé placardée à l'entrée d'une mairie, six jours plus tôt. Un communiqué officiel de l'armée française. Concis, mais clair.

Paris est la seule ville sûre du pays. D'après les lignes sous mes yeux, les rues ont été nettoyées en priorité. Le message clame haut et fort que les monstres ont disparus dans la capitale. Pour cette raison, les survivants affluent maintenant de tous les côtés, à la recherche d'un vestige de notre civilisation éteinte.

Le vote à main levé avait décidé que Paris serait notre prochaine destination. Pas à l'unanimité... Mais la majorité s'était prononcée en faveur alors nous devions tous respecter ce choix. Nous avons juré de nous en tenir à ce système depuis le début de notre voyage. Faute de règles claires, nous aurions sombré dans l'anarchie. Comme tant d'autres autour de nous...

Livre interactif  - CLEM   {TERMINÉE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant