Chapitre 16

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 Joachim

Je cours aussi vite que je le peux. Émilie a fait tellement de bruit en dévalant les escaliers que Gabin a tout de suite compris qu'on se foutait de sa gueule. Au moment où j'arrive dehors, je vois Émilie, tremblante contre la voiture, Gabin à terre et... Kelly avec un taser dans la main. Émilie la remercie en haletant tandis que Kelly lui sourit. Je me précipite vers Émilie.


— Est-ce que ça va ?

— Oui, il n'a pas eu le temps de faire quoi que ce soit.


Je me tourne vers Kelly en fronçant les sourcils.


— Ne me fais pas cette tête-là ! implore-t-elle.


Je prends le poignet d'Émilie et je la conduis à l'intérieur de l'immeuble sans un regard pour Kelly, mais celle-ci peste derrière mon dos.


— Qu'est-ce que tu peux être rancunier !

— J'ai mes raisons, il me semble.

— Laisse-moi t'expliquer.

— Je m'en fous, Kelly. Rentre chez toi.

— C'est comme ça que tu me remercies d'avoir sauvé ta copine ?


Au moment où je m'engouffre dans l'immeuble, elle peste de plus belle :


— Comment je vais me débarrasser de Gabin, moi ?

— Démerde-toi, vous vous connaissez bien à ce que j'ai pu comprendre.


Nous rentrons quelques minutes plus tard dans l'appartement et je ferme à clé derrière nous. Émilie s'assied sur mon canapé en soupirant.


— La curiosité me perdra.

— Je t'avais dit de te cacher.

— J'ai voulu le faire, mais sûrement trop tard.

— Tu m'étonnes, en plus tu es aussi discrète qu'un poids lourd.


Elle lève les yeux au ciel et tente de rire, mais je sens qu'elle est encore sous le choc. Savoir que son ex qui la frappe est toujours à ses trousses, ça doit être un stress permanent et quotidien. Je m'assois à ses côtés et je lui demande :


— Est-ce que ça va aller ?

— Je pense que tant qu'il ne sera pas mort, ça n'ira jamais.

— T'as de la marge avant qu'il meure. Il a quoi ? Vingt-cinq ans ?


Elle soupire.


— Vingt-neuf, malheureusement. Tu me diras, je préfère que ça soit un jeune qui abuse de moi plutôt qu'un papi.


Elle tente de rire, mais je ne peux que me sentir mal à l'aise.


— Je sais que j'ai dit que je respecterai tes choix, mais... ça me met hors de moi qu'il continue à avoir cette emprise sur toi.

— Tant que tu es là, je sais que je suis en sécurité.

À cœur perduWhere stories live. Discover now