Chapitre 15

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Émilie


Joachim est déjà parti rejoindre son père en bas, et quant à moi, je suis en train d'enfiler ce maudit ventre de femme enceinte avant de pouvoir, moi aussi, descendre.

Je m'observe quelques minutes avec ce petit ventre et je me surprends à le caresser comme si c'était vraiment le mien. Soudain, la porte s'ouvre et Joachim écarquille les yeux en me voyant.


— Pressée que ça soit ton tour ?


Je lui offre mon plus beau majeur et enfile mes derniers vêtements.


— Tu as discuté avec ton père ?

— Oui, on en parlera dans la voiture.


Je le suis lorsqu'il redescend et je vois que son père nous attend en bas des escaliers.


— Bonjour Émilie, bien dormi ?

— Oui, merci.


Joachim ne s'éternise pas avec les commodités et emboîte le pas vers la porte d'entrée.


— On doit y aller.

— Vous ne restez pas déjeuner ?

— Non, mais on reviendra ne t'en fait pas.

— J'espère, fils. C'est long trois ans sans se voir.


Joachim reste totalement indifférent au visage triste de son père puis lui tend la main.


— À bientôt.

— Au revoir Jean-Pierre, à bientôt !

— C'était un plaisir de vous rencontrer Émilie.

— Le plaisir est partagé.


Je lui fais la bise puis je suis Joachim qui se dirige déjà vers la voiture. Il démarre, je m'attache et fais un dernier signe de la main à son père avant que Joachim ne parte.


— T'étais pressé de partir, toi.

— Hm.

— Il s'est passé quelque chose ?

— Non.

— Joachim, parle-moi.


Ses doigts se resserrent autour du volant.


— J'ai juste compris qu'en trois ans, il n'a pas changé.

— C'est-à-dire ?

— Quand je suis descendu, j'ai surpris une conversation téléphonique qui m'a rappelé pourquoi je me suis barré d'ici, c'est tout.

— Et pourquoi ?

— Émilie...

— Ok d'accord je me tais ! Pardonne-moi de m'inquiéter pour toi !

— J'ai pas besoin qu'on s'inquiète pour moi.

— T'as besoin de rien toi, de toute façon.

— Exactement.

À cœur perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant