Chapitre 20

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Émilie

Lorsque mes yeux s'ouvrent enfin, je ne reconnais pas l'endroit où je suis. Je regarde partout, chaque recoin de cette grande pièce aux murs beiges, mais je suis perdue. Je tente de me rappeler pourquoi je suis ici, mais j'en suis incapable, comme si on m'avait asséné un coup à la tête si fort qu'il aurait détrôné la maladie d'Alzheimer elle-même.

Un craquement de parquet me fait sursauter. Je tire le ridicule drap qui me recouvre et m'accroche au matelas où je suis couchée. Ma tête me fait un mal de chien et je peine à distinguer qui me fait face. Au fond de moi, j'ai peur de me retrouver devant Gabin, devant ses yeux bleus sévères.


— Tu te sens comment ?


Cette voix...


— Florian, tu es là aussi ?


Je sors de ma cachette inutile et regarde autour de moi. Je l'aperçois couché sur un matelas en face du mien, des bandages à plusieurs endroits et le regard vitreux. Je me précipite alors pour m'assurer qu'il n'est plus enchaîné. J'arrive à sa hauteur et soulève les draps pour découvrir d'énormes bandages là où il a été blessé par Antonio et ses gars. Je reste pétrifiée alors qu'il soupire.


— C'est si horrible que ça ?


J'essaie de reprendre contenance, mais la vue de ces pansements sanglants me retourne l'estomac.


— T'es toute blanche, arrêtes de regarder si tu ne supportes pas la vue du sang...


Je remets le drap sur lui et le regarde tristement.


— Je suis désolée de n'avoir rien pu faire pour te sauver.

— Tu as foncé tête baissée pour essayer de nous aider, c'était déjà très courageux de ta part.


Un silence vient ponctuer sa phrase, où nous cherchons nos mots.


— Tu... Tu sais où on est ?

— Je n'en ai aucune idée, je n'ai vu personne depuis que je me suis réveillé.


Un bruit de porte nous fait sursauter et je me place instinctivement devant Florian, prête à le défendre s'il le faut. Il tente de se redresser mais il grogne de douleur.

Kelly apparaît dans l'embrasure de la porte de ce qui doit être notre chambre et soupire de soulagement.


— Vous êtes revenus à vous, je suis rassurée...


Mes yeux sont à deux doigts de sortir de leurs orbites lorsqu'elle dépose sur une table des choses destinées à nous soigner. Je me lève pour être à sa hauteur et ressens une vive douleur sur les côtes. Je porte une main à l'endroit où j'ai mal tout en plissant les yeux. Kelly se précipite vers moi et tire sur mon t-shirt, mais je la repousse jusqu'à basculer sur le lit de Florian, qui grimace lorsque je tombe de tout mon poids sur lui.


— Merde, désolé Florian !

— Émilie laisse-moi regarder tes blessures !

À cœur perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant