Chapitre 10

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Joachim


— Giovanni ? S'écrit cette voix dans la salle.


Je me dégage un peu trop violemment d'Émilie tant mon cœur me fait mal d'entendre ce prénom. Je me retourne vers cette voix en serrant la mâchoire. Qui ? Qui a osé prononcer ce nom devant moi ?


— Joachim, qu'est-ce qu'il ne va pas ?


J'ignore les inquiétudes de ma colocataire et scrute la foule autour de nous pour trouver cette personne. Et sans chercher trop longtemps, celle-ci s'avance vers moi : un homme fin et grand, aux cheveux gommés en arrière, une mâchoire plutôt carrée et une barbe rasée à la perfection. Un sourire suffisant est scotché à son visage et je sens déjà mes ongles rentrer dans ma peau tellement je serre les poings. Qui est ce mec qui marche dans notre direction ?

Je suis tellement concentré sur lui que je suis surpris de sentir Émilie se cacher derrière moi et d'entendre sa voix étranglée :


— Gabin...


J'ai juste le temps de reprendre mes esprits pour m'interposer entre son ex, qui arrive à sa hauteur, et elle. Il colle presque son front contre le mien et je peux sentir que son haleine est pas mal alcoolisée, sûrement comme la mienne.


— Te revoilà, toi. Je vois que tu essayes encore de me la prendre.


Sincèrement, je n'en ai rien à foutre de ce qu'il me reproche parce que le mec avec qui il est, connaît Giovanni et pourtant, moi, je ne le connais pas. Pour avoir des informations, il va falloir que je fasse comme si j'étais lui.


— Je peux savoir ce que vous me voulez ?


L'homme en costard s'avance vers moi et pose une main sur mon épaule.


— Tu as déjà oublié ? Tu me dois de l'argent. Beaucoup d'argent.


Je fronce les sourcils.


— Tu pourrais être plus précis ?


Ses doigts s'enfoncent dans mon épaule, me faisant plisser les yeux sous sa poigne.


— Je ne sais pas où tu t'es caché pendant toutes ces années, mais c'était une très mauvaise idée de te pointer ici.

— Combien, je t'ai demandé.


Son sourire s'élargit.


— Tu es devenu plus sûr de toi, c'est intéressant.


J'entends un cri étouffé d'Émilie et je me retourne précipitamment pour voir que Gabin a coincé ses mains derrière son dos et qu'il tient son visage pour qu'il puisse enfouir le sien dans son cou. Alors que je m'apprête à aider Émilie, je sens quelque chose de dur et de froid dans mon dos. Pas besoin d'être devin, le guignol en costard vient de me braquer une arme sur les reins.

À cœur perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant