HEAVEN

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Leur stupéfaction est sans aucun doute à la hauteur de la mienne. Jamais une telle situation ne m'était arrivée, en dehors d'eux. Et les séquelles qui m'en sont restées ne sont pas prêtes de s'effacer. Je ne suis vraiment pas prête à retenter l'expérience de sitôt.

C'est incompréhensible. J'entends par là que je sens qu'ils ne sont pas comme eux, alors pourquoi ? Comment ? Je n'avais même pas songer qu'être vu puisse se reproduire. Je veux dire... Bon sang ! Même maintenant, au pied du mur et devant le fait accomplit, je n'y crois encore pas ! Habituellement, mon pouvoir fait perdre la vue aux spectateurs de ma transformation et bien que je n'en ai jamais déterminer la raison, cela en avait relativement toujours été ainsi. Jusqu'à aujourd'hui.

- Waouh, si je m'attendais à ça ! Pourtant ce n'est pas faute d'Elijah de nous avoir prévenu que t'étais...

Elle se fait brusquement stopper par l'elfe qui lui met sans aucune délicatesse, un coup sec du coude dans les côtes. Il la fusille d'un regard lourd de sens qui signifie clairement ferme la.
Je fronce les sourcils, son geste coupant court à mes réflexions. Elijah ? Qui est-il ? Mais surtout, comment me connait-il ?

Soudain, une violente migraine me ravage le crâne par à-coups rapides mais brutaux qui me laisse pantelante. Ma colère étant retombée aussi sec qu'elle est montée, je sens mon flux vital s'échapper à trop forte dose de mon corps, pompé par les ombres. Privée de l'adrénaline que me procure mon état second, si je n'agis pas rapidement, je risque d'y laisser ma peau.
Me concentrant vivement sur ma respiration, je ralentis mon rythme cardiaque au maximum. Je ressens les ombres affluer sur les extrémités de chacun de mes membres, en quête du moindre signe de pouls, puis ressortir de mon corps avant de les voire disparaitre en un amas de masse sombre.

J'expire un soupir de délivrance. Il m'a fallu des années d'entrainement avec eux, pour atteindre un tel degré de maîtrise qui n'est même pas encore sans faille. Le nombre de fois où ma vie a fahit prendre fin en est la preuve.

- Elijah ? Qui est-ce ?

- Personne ! Ce n'est personne..., s'affolent-ils d'une même voix.

«C'est ça ! ricane ma louve, acerbe. Prenez nous pour des billes... »

Ils ne me diront rien. Leur expression terrorisé à la simple idée que je m'intéresse à cette bavure de leur part suffit à me le faire comprendre. Je soupire, lassée. J'en ai ma claque que l'on s'obstine à me cacher des informations, d'autant plus si cela me concerne. Cela a débuté avec Madame Annie qui ne m'avait jamais révélé comment j'étais arrivée à l'orphelinat. Toute mon enfance, je me suis demandée si mes parents m'avaient abandonné devant l'Ophelinat tout en sachant ce qui s'y passait. Mais j'en doute. Pourquoi aurait-il pris soin d'effacer ma mémoire ? Cela n'a aucun sens !

Tout en m'asseyant sur le rebord de la baignoire, je caresse de la pulpe de mon pouce la tâche de naissance présente au creux de mon poignet, une sorte de grain de beauté en forme de croissant de lune. Je ne suis pas sotte pour penser que ce n'est qu'une banale malformation de mon système vasculaire. Mon angiome a une signification et je mettrai ma main à couper que cela a un rapport avec mes parents biologiques ainsi que mon passé.
En faisant abstraction de tout cela, depuis mon plus jeune âge la toucher m'a toujours apaisée, comme si une déferlante de sentiment positif inondait tout à coup mon subconscient, balayant ceux qui étaient négatif. Grosso modo une forme d'anti-stress.

- Voyez-vous, je n'apprécie par particulièrement être nue devant des inconnus, alors si vous n'y voyez pas d'inconvénient, pourriez-vous me donner de quoi m'habiller ?

Les ombres ayant totalement disparues, mon corps dans son entièreté est à nouveau mis à la vue de tous. Mes cicatrices sont visibles. Je sais qu'ils m'ont eux-même dévêtu un peu plus tôt, mais j'étais inconsciente alors je n'en ai aucun souvenir, ce qui rend ma honte moindre. Hors à cet instant, mon être dénudé parsemé d'immondes boursouflures me provoque un profond sentiment de répugnance voir d'aversion. Lorsque je les regarde, cela me rappelle à quel point je suis faible. Pour cela je les haïe à un degré dépassant la raison.

«Tu te trompes lourdement, elles sont la preuve de ta force ! »

J'esquisse l'image d'un sourire qui n'aboutira jamais, chassée par l'irréfutable idée que je me suis faite et cela même ma louve aussi optimiste soit-elle ne pourra le changer.

Je n'en mettrai pas ma main au feu mais j'aurai juré que juste après que ma requête ait quitté l'enveloppe de mes lèvres, les yeux de l'elfe se sont un instant attardés sur les courbes de mon corps, en particulier sur la naissance de mes seins, rehaussée par mes deux bras entourant ma poitrine mise à nue.
Je m'empourpre, mon visage virant au rouge pivoine. Jamais un homme ne m'avait reluqué ainsi et je n'apprécie pas la lueur qui passe dans son regard, elle me terrifie. Et puis un détail me frappe et je rengorge mes mots. L'autre homme aussi m'avait regardé de cette manière, avec cette même lubricité.

Remarquant ma gêne, la femme le frappe à l'épaule avec la délicatesse d'un rustre.

- Par Thorondor tout puissant ! Détourne les yeux sur le champs Lòmion ou je jure sur Valaraukar que ta prochaine conquête devra se coltiner un eunuque ! gronde t-elle avec hargne tout en faisant un geste éloquent en direction de ses attributs masculins.

Le teint basané du dit Lòmion vire vers le blanchâtre en une fraction de seconde. Cette femme semble être très sérieuse dans ces menaces... Et c'est affriolant de constater que lorsque l'on menace de s'attaquer à leur bijoux de famille si précieux, les hommes deviennent tout de suite plus coopératif. En revanche, c'est désolant de constater que ce soit l'un des seul moyen de les faire réagir.

La jeune femme l'empoigne par le col avec une force que je n'aurai soupçonné à la vue de son corps frêle, le traine de force derrière elle jusqu'au seuil de la porte, puis jette l'elfe dehors sans plus de cérémonie.
Elle lui claque la porte au nez en se frottant les mains avec une moue de jubilation avant de venir s'accroupir devant moi.

- Tu ne peux pas savoir depuis combien de temps je rêvai de faire ça... Enfin ! Laisse moi une minute, je vais chercher ce qu'il te faut, m'indique t-elle en se relevant avant de quitter la salle de bain à son tour.

Un léger clic retentit puis j'entends des pas s'éloigner jusqu'à ce qu'il ne règne plus qu'un silence glaçant, seulement brisé par le goutte à goutte insupportable du robinet de douche.

Mais qui donc êtes-vous ?

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Bonsoir tout le monde, voici un chapitre tout beau, tout neuf, dans lequel je souhaiterai connaitre vos avis :

Cette histoire en générale vous plaît-elle ?

Que pensez-vous de Heaven ?

Comment êtes-vous tombés dessus ?

Bref sur au plaisir de ce revoir au prochain chapitre !

Girly-world

Soulmate : Starry NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant