Soulmate : Starry Night

HEAVEN

Une voix.
Elle ne cessait de répéter mon nom. Inlassablement. Elle le murmurait au creux de mon cou, me le soufflait aux bords des lèvres. Avec la légèreté d'un poème, la symphonie d'une strophe, la douceur d'un vers.

Éveil toi, ma tendre, ma douce Heaven. Éveil toi et rejoins moi...

- Qui êtes-vous, hurlais-je en me retournant dans tous les sens, mes cheveux me fouettant le visage.

Seul le hurlement du vent me répondit.

******

Je hurle à m'en déchirer les cordes vocales, lorsqu'un liquide glacial se déverse sur moi. Une sensation de brûlure dévore chaque fibre de mon être, faisant bouillir mon sang, grignotant le fin tissu de ma peau. Mes deux mains s'accrochent simultanément aux extrémités d'une surface lisse et je m'y agrippe à m'en péter les jointures.

Lorsque mes yeux s'ouvrent, tout autour de moi est flou, comme drapé d'un voile épais d'un rouge flamboyant. Mes pupilles sont gorgés de sang. Puis, sans raison apparente, ma vision s'éclaircit, rendant ma panique d'autant plus forte lorsque je constate que je suis nue, allongée dans une baignoire et que les deux énergumènes de toute à l'heure m'épient en silence. L'homme se tient au bord de la baignoire, une main en coupe plongée dans l'eau écarlate dans laquelle je suis baignée. Mes deux avant-bras se plaquent automatiquement contre ma poitrine dénudée, geste futile si l'on sais que j'étais évanouie depuis un certain moment au vu de mes doigts fripés et qu'ils ont donc eu tout le loisir pendant ce laps de temps de me reluquer.

- Fascinant...

L'elfe retire sa main du liquide puis frotte son pouce et son index, les sourcils froncés alors que la femme quant à elle n'amorce aucun geste dans ma direction se contentant de m'observer en silence, ce qui n'est pas moins angoissant.

Mon regard s'abaisse vers la marée rouge familière dans laquelle je suis plongée. J'y glisse le bout des doigts. Le contact émet une sorte de bruit spongieux désagréable et lorsque je décide de retirer ma main, le liquide s'accroche à mes doigts, formant des filets, un peu comme du fromage fondu. Une moue de dégoût prend place sur mon visage alors que je constate que ce liquide épais -semblable à de l'hémoglobine- me recouvre jusqu'à la clavicule où ils forment des plaques séchées parsemés de mon cou à la naissance de ma poitrine. Je les tâte du bout des doigts avant de tenter de les gratter à l'aide de mes ongles. Ceux-ci s'effritent en de minces copeaux séchés qui se coincent sous mes ongles.

Leurs questions sont multiples, je le vois dans leur regard noircit d'une curiosité qui malheureusement pour eux ne sera jamais assouvit... À commencer par le fait inexplicable que l'eau translucide dans laquelle ils m'avaient initialement plongé s'était brusquement teinté de rouge ou encore pourquoi cela ne semble pas me choquer outre mesure. Mais la seule réponse que je leur apporterai serait celle-ci : J'emporterai mes secrets jusque dans la tombe...
En revanche, cela peut paraître présomptueux mais j'ai besoin de réponse. Pour débuter, j'aimerai éclaircir la raison de ma présence en ce lieu, qui reste très floue. Également pourquoi me suis-je évanouie alors que je n'ai fait que toucher une poignée de porte ?

- Que m'avez-vous fait ? demandai-je d'une voix si rauque qu'elle me fit l'effet de me scier les cordes vocales.

- Putain. Tant d'ingratitude ça me tue ! Tu devrais nous remercier, on a tout de même sauvé ton p'tit cul ! Sans nous ma jolie, tu serais morte de froid, j'te rappelle.

Sauvé la vie ? Je laisse s'échapper un ricanement désabusé, aux sonorités rocailleuses. Ai-je l'air si naïve pour qu'ils pensent pouvoir se permettre à ce point se payer ma tête ?

- La vie m'a apprise que toute action est faite afin de parvenir à un but prédéfini. Alors arrêtez moi si je me trompe, mais je suis certaine que m'avoir sauvé n'était pas un geste désintéressé de votre part.

- Petite idiote, tu es encore bien jeune alors que penses-tu connaitre de la vie...

Petite idiote... Je contracte la mâchoire, fusillant d'un regard noir l'elfe qui croit pouvoir se permettre de m'appeler de la sorte, alors que déjà mon esprit s'échauffe, préparant une vengeance à la hauteur de son ignorance.
Il ne sait rien de moi, de ce que j'ai traversé, de ce que j'ai vécu et vis encore. Non il n'en sait rien. Absolument rien ! Et par-dessus tout, il n'a pas le droit de m'appeler ainsi ! Jamais plus...

••••

- Petite idiote que tu es... Jamais tu n'aurais dû t'aventurer ici, ricane t-il en arrachant ma tunique alors que les larmes dévalent le long de mes joues. Tu m'entends Heaven, tu es ma petite idiote, notre petite idiote...

••••

Lorsque je reprend pied dans la réalité, il est déjà trop tard. La noirceur brûlant au creux de mon âme prend le dessus. Elle explose en moi comme un raz de marée.

«- Non Heaven ! Ne fais pas... »

De suite une onde de choc fait s'envoler les deux jeunes gens jusqu'au mur d'en face, leur corps s'écrasant dans un craquement si sinistre qu'il aurait pu me faire grimacer si je n'étais pas complètement déconnectée de mes sentiments. Ma tête se rejette en arrière et mes pieds quittent le sol. Une nuée d'ombre envahit la pièce, obscurcissant le paysage jusqu'alors écarlate de part le reflet de l'eau miroitante. Sous la forme de larges formes ténébreuses, elles rampent contre les murs, se tapissent dans les recoins, avant de fondre sur moi tels un seul homme. J'encaisse le coup sans broncher, alors que déjà elles s'impriment à mon corps et prennent possession de mes membres, laissant pour seul signe de leur passage mon visage déformé par la souffrance.

Je serre les dents, la tête haute, encaissant comme chaque fois le prix de leur invocation. Mes ongles rentrent dans la paume de mes mains, réouvrant de vieilles cicatrices. La douleur est insoutenable mais je réussis à tenir bon, à ne pas flancher, parce que je lui en ai fait la promesse. Je lui ai juré que cela n'arriverait plus jamais, qu'elles ne prendraient plus le contrôle... Plutôt crever que rompre ce serment.

Enfin la douleur disparaît, laissant place à une puissance grisante qui coule dans mes veines en abondance.

Je vais les réduire en cendre... Tous jusqu'au dernier !

Mes pupilles incandescentes s'ouvrent d'un seul coup alors que mon regard s'oriente vers les deux seuls témoins de ma transformation. Mais alors que je m'attends à croiser des orbes vides, ce sont des billes illuminées qui me fixent, le reste du visage stupéfiés d'horreur. Leurs bouches s'entrouvrent, alors qu'une impression que jamais encore ne m'avait assailli m'envahit.

Je me sens nue.

Et puis soudain tout s'éclaire, l'évidence comme mise sous d'immense lampe incandescente...

Il me voit.

Sainte Annie mère de mes miséricordes comment cela est-il possible...

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Heyyyyy alors ce
chapitre ;) ?

Vos avis ?

M-Mais que ce passe t-il
chez notre chère
Heaven, que lui
arrive t-il ?
Bonne question...

À votre avis ???

Et ces ombres que sont-elles, et d'où sortent-elles ?

Rendez-vous au prochain chapitre hihi !