HEAVEN

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J'aide quiconque à besoin d'aide pendant le reste de la matinée, ainsi que jusqu'en début d'après-midi, oubliant momentanément la rencontre catastrophique de la veille.

Astiquer la moindre pièce de fonte en comble, nettoyer les vitres des déjections d'oiseau et laver les rideaux, préparer le dîner, tout a été fait avec la plus grande minutie.

Johanna avait raison, ceux que Madame Annie va accueillir ne sont pas n'importe qui.
Ce qui est certain, c'est qu'ils n'ont pas lien de sang. Car pour le peu de sa famille qui lui rend visite, elle se contente du strict minimum.

Je n'ai pas revu les jumeaux et Jessica de la journée ce qui n'a pas été pour me déplaire. L'une est restée cloîtrée dans sa chambre à se pomponner et les deux autres se sont fourrés je-sais-où pour échapper aux corvées.

«Quelle fine équipe de glandeur ! »

Je pouffe à la remarque de ma louve, ce qui me vaut quelques regards inquisiteurs. Les inconvénients d'avoir une conscience autre que la tienne au sein du même esprit étant que personne d'autre que toi n'entend sa voix.

La fin de soirée arrive rapidement alors que nous finissons juste de finir les préparatifs. Le soleil commence à décliner peu à peu à l'horizon, mais toujours aucune trace des invités qui auraient normalement dû arriver en début d'après-midi.

Nous attendons dans un froid glacial, alignés les uns à côté des autres, Madame Annie en tête de liste. En parlant de cette dernière, son visage est resté impassible. Du moins pour les autres. Au fil des années, j'ai réussi à décrypter la moindre de ses mimiques, à faire tomber son masque impénétrable. Et à cette instant, elle est en colère, très en colère. Elle pulse littéralement de rage.

Jessica s'affole dans tout les sens depuis dix bonne minutes, rabâchant à qui veux l'entendre que s'ils n'arrivent pas bientôt, son brushing va littéralement tomber à l'eau, ce qui fait lever les yeux au ciels de tout les habitants, y compris moi, qui eux sont barbouillées de saletés jusqu'aux orteils.

Puis soudain, elle apparaît. Masse noir encore informe, roulant à faible allure sur la route sinueuse. Tel un mirage de cauchemar, ses contours restent flous, partiellement cachés par le brouillard jusqu'à l'instant où elle se gare en face de nous. La première pensée qui me frappe est absolument grotesque. Un seul de ses pneu doit coûter à lui seul plus cher que toutes mes affaires réunies.
Le conducteur, un homme grand en costard dont le visage est dissimulé derrière un haut-de-forme, sort avant d'ouvrir la portière du côté passager, d'où une jeune femme s'extirpe suivit d'un homme.

La tenue plus que décharnée de la femme me laisse perplexe. La température ambiante doit avoisiner les trois degrés Celsius et elle se balade en mini-short. Sa peau lisse et bronzé ne présentent aucune imperfection. Je me surprends à en éprouver une pointe d'envie.

Jamais, je ne pourrais me dévoiler de la sorte devant quiconque.

Le jeune homme a adopté un look plus décontracté. Ses boucles blondes décoiffées retombent sur ses épaules avec une délicatesse surnaturelles.

Ces gens semblent tout droit venir d'un de ses magazine de mannequin que feuillette Jessica.

En comparaison, j'ai l'air de sortir d'une benne à ordure. Ce qui n'est pas faux car j'ai du aider Johanna a retrouvé son pendentif, qu'elle avait par inadvertance fait tomber dans les poubelles du manoir.

Je remarque que je ne suis pas la seule à les détailler. « Mademoiselle » Jessica que rien n'étonne est stupéfaite, sa bouche ouverte en cul de poule depuis trois quart d'heure me ferait d'ailleurs franchement honte à sa place. Elle lorgne particulièrement avidement le bout de tissu cachant superficiellement les fesses de la femme.

Soulmate : Starry NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant