HEAVEN

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Respirer,
Un souffle d'air.

Émerger,
Une inspiration.

Exister,
Une palpitation.

Vivre,
Un battement de cœur.

*******

Allongée dans mon lit au-dessus des draps, je me ronge les ongles, chaque doigts y passant. Mon regard plongé dans le vague, je laisse mon esprit divaguer vers un avenir incertain.
L'angoisse me tord les entrailles alors qu'un goût amer envahit ma bouche lorsque mes dents entaillent trop profondément la chair de mes doigts. Que devrais-je faire ? Rester ici tout en sachant que tôt ou tard, ils viendront me chercher... Ou bien faire mon sac puis partir sans but ni destination ?

Je n'ai jamais quitté le territoire de Madame Annie. Elle m'en a toujours formellement interdit. À moi et à tout les autres. Alors hormis le petit village se situant à moins de deux kilomètres de la demeure ainsi que la plaine où je me rendais secrètement, je ne connais rien au monde extérieur. Et les quelques bribes de souvenirs qu'il me reste avant mon arrivée à l'orphelinat se résume à des visages flous. Le monde m'est enfaite complètement inconnu.
Que peut-il bien m'attendre de l'autre côté ? Serais-ce mieux que ma vie actuelle ? Rien n'est moins sûr.

Des centaines de questions tournoient dans mon esprit agité mais je n'arrive à en tirer aucune réponse. Rahhhhh ! Qu'est-ce que c'est frustrant de n'avoir aucune réponse !
Ce sentiment de rage me compresse, j'ai envie d'envoyer valser tout autour de moi

Petit à petit, cet amas de sentiment en fait ressurgir un autre que  je tente de refouler depuis plusieurs jours. Le chagrin surgit et m'engloutit comme un ras de marée. Sans que je m'y attende, il s'insinue tel un vil serpent dans mon âme meurtrie. Si seulement ce loup ne m'avait pas rejeter...
La scène de notre rencontre vient se rejouer sous mes yeux impuissants et comme si je vivais une nouvelle fois son refus, la douleur vient me submerger, aussi dévastatrice qu'au premier jour.
Le cœur au bord des lèvres, je pince les lèvres, réprimant un sanglot. Mes yeux me piquent alors que mon estomac se contracte et qu'un spasme incontrôlable me secoue de la racine des cheveux jusqu'aux orteils. Je ne devrai pas. Non, je ne devrai pas, pas maintenant.
Une unique larme brûlante, la dernière que je m'autoriserai à verser pour lui, coule le long de ma joue rougie. Je me mords la lèvre inférieure au sang, serrant les poings. Il faut que je me reprenne !

Je sens ma moitié sauvage s'agiter, manifestant pour la première fois depuis un moment sa présence. Un sourire triste mais marqué d'une immense joie illumine mon visage.

« -Ressaisis-toi pleurnicharde ! »

Ma louve grogne son assentiment avec férocité. Elle ne conçoit pas que je me soumette ainsi, que je sois faible. Cela elle ne peut le concevoir. Et je ne peux lui donner tord, car moi-même, je le sais, elle a raison.

Je grelotte, mes dents s'entrechoquent, se limant les une aux autres. Que devrais-je faire ?
Je suis tétanisé à l'idée de partir mais paralysée  à la pensée de rester ici. Si je m'échappe, Madame Annie me fera traquer sans relâche, et je n'ose imaginer ce qu'elle me fera lorsqu'elle m'aura attrapé.

La vraie question à me poser serait de me demander si j'ai le courage nécessaire pour m'enfuir... En suis-je capable ? Mon instinct me souffle de rester en vie. Ma louve me hurle d'avoir confiance en moi. Ma raison me chuchote de ne pas faire selon mes envies. Mon cœur me crie de retrouver le responsable de mes émois. Et moi, moi, je veux vivre et non plus survivre. Oui

Je prends ma tête entre mes mains et ferme les yeux. Je n'ai aucune idée du moment où ses gens viendront. Il se peut que cela soit ce soir comme demain ou même dans la semaine... Peut-être même jamais, bien que j'en doute. Mais quoi qu'il arrive je doit m'en aller. Maintenant.
J'essuie mes joues humides d'un revers sec de la manche, me relève et enfile rapidement mes bottes. Je remplie mon sac avec le peu d'affaire que je possède, en y incluant le kit de survie dissimulé sous mon lit que j'utilisai pour dormir à la belle étoile lors des rares fois où Madame Annie s'absentait.

J'ouvre la porte prudemment avant de la refermer derrière moi avec autant de précaution que si un nourrisson se reposait dans mon lit. Heureusement pour moi, Nöela a dû la réparé car aucun grincement ne brise le silence ambiant. Le couloir -seulement éclairé par la lumière lunaire-, est quasiment plongé dans l'obscurité. Les rayons filtrés par les grandes fenêtres en verre font miroiter les pierres incrustées dans le sol en marbre et me permettent d'y voir clair. Sur la pointe des pieds, je traverse couloirs après couloirs sans croiser un chat, je n'aurai au moins pas à justifier ma présence à une heure si tardive.

La froideur de la nuit me saisit, lorsque je me faufile pour la dernière fois en dehors de ce qui était ma maison. Je ferme le zip de mon gilet, fourrent mes mains glacées dans mes poches, avant de m'engager à pas rapide en direction de la forêt.
Au rythme de mes pas, le sol graveleux défile sous mes yeux puis se transforme en un tapis interminable de feuilles mortes et de fougères. Comme d'immenses colosses, les arbres massifs remplacent l'immense manoir de Madame Annie. Le silence apaisant de la nuit se renferme enfin autour de moi.
Au loin, j'entends un hibou pousser des hululements stridents du haut de sa branche, un hérisson gratter la terre meuble à la recherche de son dîner, et à quelques mètres à peine, je ressens dans chaque fibre de mes instinct lupin, le sang chaud et juteux d'une jeune biche en plein repas. Je perçois le moindre être vivant de cette forêt et cette sensation à nul autre pareille est aphrodisiaque.

Je prend soin de m'éloigner le plus possible du sentier de randonnée. Rester près de ceux-ci me permettrais certes à coup sur de tomber sur un village mais aussi de me faire attraper. Mieux vaut rester prudente. À de nombreuses reprises, je jette des coups d'œil en arrière, vérifiant que personne ne me suis. Puis, le regard verrouillé vers l'horizon, j'avance sans m'arrêter, sans ralentir, mes bottines talonnant le sol a un rythme endiablé.

Chaque pas me rapprochant un peu plus de ma destinée.

*******

Kikouuuuuuuuuuuu,
comment ça va ?

;) ;) ;)

Alors ce chapitre,

Avis ?

La décision d'Heaven ?

Vaut-il mieux partir ou rester d'après vous ?

Soulmate : Starry NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant