Annus Horribilis

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Je déteste les mois de janvier
Début d'une nouvelle année
Qui elle aussi sera chargée
Des immondices de nos sociétés
Chaque jour on se demandera nos résolutions
Hypocrites espoirs d'améliorer nos défauts
Alors que chacun sait bien la futilité  de ces mots
Car jamais nous ne modifions nos néfastes actions
Les gens s'empiffreront de galettes des rois
A la recherche de la Vierge qui blanchira leur mois
Mais si cette couronne est celle d'un roi mage
Cela signifie t'il que le péché de gourmandise est sage ?
Encore une des contradictions de l'humanité
Qui apparaissent des l'aube de l'année
J'ai horreur des mois de février
Même si leurs courtes durées
Me les rend moins pénibles à supporter
Mois de la fête ou les gens croient s'aimer
Sans savoir qu'ils ne servent qu'à consommer
Ou la joie classique d'être avec l'être aimé
Se transforme en peur que l'illusoire  cadeau soit oublié
Car Valentin n'a plus rien d'un Saint
Si ce n'est les les lettres de la fin
Il est désormais à l'image de notre société
Ou les sentiments sont perpétuellement oubliés
Puis passeront bien trop lentement les heures
Qui ne veulent hater la fin de février
Bientôt vient la fête de la Chandeleur
Nouvelle occasion de s'empiffrer
Mais que les humains ne se fassent point de bile
La machine ne s'arrêtera pas de les faire acheter
Et si je déteste les années bissextiles
C'est car elles rajoutent un jour de torture et de superficialité
Je ne supporte plus les mois de mars
Leur froid mordant et leur rayons de soleil épars
Préface d'un printemps sans chaleur
Épilogue d'un hiver empli de malheurs
Au Carnaval je verrais des gens déguisés
Comme si cela leur changeait du reste de l'année
Eux qui toujours dissimulent leurs traits
Car le mensonge est le vrai visage de l'humanité
Sur cet éternel bal masqué tombent des giboulets
De malheurs car le karma nous fait payer
Notre superficialité et notre perpétuelle quête d'intérêt
Et comme toujours je resterais toujours à l'écart
Sans savoir pourquoi je suis le seul à voir tout ce noir
Les mois d'avril me répugnent
Poisson quand on dit que vous corrigez vos lacunes
Vous qui vous pâmez devant le superficiel
Ou à qui les pulsions de meurtre donne des ailes
Moi le trésor de ma chasse sera la différence
Dans l'espoir qu'elle apporte une chance
De teinter de quelques claires nuances
A cette société emplie de défaillances
Je réprouve les mois de mai
Eux dont la chaleur nous préparent à l'été
Qui débute le jour où la grève est fêtée
Car même contester est une occasion de se gaver
A osciller entre rêves de vacances et jours fériés
Qui nous font détourner les yeux de la triste réalité
Mais fuir le réel n'est qu'un rêve
Auquel croit l'humain depuis Adam et Ève
La mentalité ne change pas selon les ères
Et toujours les humaines réagissent de la même manière
Alors ne me demandez pas d'aimer cet terre
Elle qui se révèle un paradisiaque enfer
Ou entre eux les hommes se prétendent frères
Alors qu'ils passent leur temps à se faire la guerre
J'honni les mois de juin
Pourquoi les aimer alors qu'ils ne changent en rien ?
Alors que l'on commémore des pantins
Dont le sacrifice aura pour la plupart été vain
Jeunes hommes rêvant d'un avenir sans guerres 
Devenus blanches stèles de pierres
Ou bien sombres croix de fers
Sous une chaleur étouffante nous faisant regretter l'hiver
Image de nos crimes et de ceux de nos pères
Puis on souhaite bonne fête à ceux qui ont conçus notre chair
Merci de nous avoir lancés dans ce monde de misère
Alors quand viens l'été résonne dans l'air
Le son de l'insouciance et des stations balnéaires
De la drogue, des vols, des viols et d'une atmosphère mortifère
Musique, nous ne sommes pas dignes de ta voix claire
Nous qui préférons oublier que nous parfaire
Nous, l'humanité et sa voracité carnassière
Je maudis les mois de juillet
Lui qui apporte l'ennui des vacances d'été
Lui qui renvoient l'humain dans tout ses excès
Lui qui lui rappelle constamment son animalité
Pantin animé par ses seuls désirs
Qui lui font confondre consentement et sourire
Et quand viens la fin de 31 jours de décadence
S'éteignent les flammes d'une nouvelle échéance
Témoignages des longues années de souffrance
D'un spectateur de l'éternelle déchéance
D'un monde dont il ne distingue plus les nuances
Les mois d'août m'insupportent
Eux qui continuent de trancher l'aorte
D'une conscience à l'agonie
Elle qui était ma seule amie
Encore vierge des contrefaçons
De la société et de ses maudites actions
Et depuis ce jour dans ma religion
Je pleure la fête de l'assomption
Désormais balayées sont mes dernières questions
Et le cynisme reste ma seule réaction
Joyeux luron dans une sinistre dépression
Alors restez sur vos plages ou dans vos parcs d'attractions
Et laissez moi à mes sombres réflexions
J'abhorre les mois de septembre
Eux qui n'apportent aucune lumière dans mes ténèbres
Et tandis que les cadavres des feuilles volètent dans la fumée des usines
Des millions d'humains, des glaces de l'arctique à la muraille de Chine
Repartent faire marcher l'effroyable machine
Elle qui broie nos espoirs dans une morne routine
Et les visages comme le ciel font grise mine
Alors dans l'espoir illusoire de vous consoler
Vous deviendrez mouton en ne cessant de consommer
Victimes de ces cupides loups sans pitié
Les mêmes qui continuent de vous exploiter 
Cercle vicieux que la société nomme modernité
Et ne tentez point de vaines tentatives pour m'amadouer
Car la société me débecte, et que j'haïrais toujours la société
Je peste contre les mois d'octobre
Car je jettes également sur eux l'opprobre
De poursuivre le cycle infernal d'une interminable année
Qui me renvoie le reflet de la décadence de l'humanité
Face à ce constat certains croient en le progrès
Alors qu'il ne cesse de vous avilissez
D'autres regrette amèrement un soi-disant passé
Alors que c'est lui qui nous a amené
A ce présent si regrettable et imparfait 
Lui qui broie nos espoirs sitôt crées
Lui qui m'enferme dans une prison solitaire
Sombre misanthrope croyant y voir clair
J'exècre les mois de novembre
Eux que je voie défiler à travers la fenêtre de ma chambre
Tandis que le sol se recouvre d'un vert tapis
Tandis que le froid s'infiltre dans toutes les interstices
Avec l'humanité je reste en conflit
Dans cette guerre point d'armistice
Au cimetière j'assiste à la célébration
D'un massacre dont nous n'avons retenu nul leçon
Est t'il plus têtu que l'homme dans l'erreur ?
Lui qui n'apprend rien des nombreuses heures
Durant lesquelles il connaît là souffrance
Quand cette sinistre mascarade tirera t'elle enfin sa révérence ?
Et face à la préparation des limiers d'un futur bonheur
Je me coiffe d'un voile de noirceur
Aveugle aux visions du cœur
Critique d'une société dont je me prétend le spectateur
Mais dont je me retrouve l'acteur
Jouant le rôle attendu du cynique railleur
Lui qui me fais tout voir en noir
Et qui me tiens irrémédiablement à l'écart
Je hais les mois de décembre
Eux qui de leurs sinistres fêtes voudraient me faire membre
Réunion de famille, entre foie gras et bonheur
Célébration de la consommation dans la chaleur
Peu importe si dehors certains demeurent dans le froid
Peu importe que le château de cartes ne soit plus droit
Quelle importance peuvent avoir nos crimes ?
Quand le paraître et l'hypocrisie atteignent leur cime
Et encore une fois face à cette joie que je juge si noire
Je dénoncerais ce que je hais, croyant être un miroir
Mais au fond peu à peu je cesse d'y croire
Et plus le temps passe plus ce combat me semble illusoire
Alors solitaire enfermé dans la mélancolie
J'en viens à maudire ma misanthropie
Mais mon orgueil m'empêche d'évoluer
Et ma haine de moi même est la seule à changer
Ainsi dans la dernière ligne droite les doutes commence
Un court mea culpa, avant que le cycle recommence
Au final ce n'est que dans s'achève ces interminables mois
Que je pense enfin à changer ce en quoi je crois
Et tandis que j'hésite, entre mensonges et vérité
Les cloches sonnent le glas de l'année

Melancholia Where stories live. Discover now