LEARN TO HATE | Sentence de mort | Tome 1

𝐈𝐈𝐈 | ☂︎︎ (tome 1)

Interdite, je restai obstinément de marbre, l'écoutant désormais sans plus l'entendre.

— Et puis, je ne suis pas la seule à avoir remarqué comment cette ordure te dévore sans arrêt du regard dans son cours. Tout le monde le dit. On te surnomme même la « teacher's pet » à cause de ça.

— Ça suffit.

Troublée et irritée, je rebroussai chemin en sens inverse.

— Et je peux savoir où tu vas ?

D'une voix sèche, je lui répondis :

— Voir la directrice.

— Non, tu ne peux pas faire ça, l'entendis-je me courir après.

— Je vais me gêner.

— Je suis sérieuse 'Nylla, me retint-elle d'une poigne émotionnelle. Tu ne peux pas me faire ça. Si tu racontes la vérité à madame Jensen, je risque d'avoir des gros ennuis. Ils pourraient même me renvoyer de Young-Elite juste pour ça.

Un rire indigné s'échappa de mes lèvres tandis que je répétai, incrédule :

— « Juste pour ça » ?

— Ok, pas juste pour ça, rectifia-t-elle, comme si ça changeait la donne. Mais je t'en prie, j'ai besoin de toi sur ce coup-là.

Je n'avais pas pu retenir le frisson qui me traversa tout le corps à ce moment-là.

— Donc ton idée, c'est de laisser un innocent se faire punir pour une chose qu'il n'a pas faite ?

Elle trancha ensuite l'air avec ces mots :

— Ce sera notre secret.

Mais c'était bien connu : un secret entre deux personnes ne pouvait être gardé que si l'un des deux détenteurs mourrait.

Et une fois de plus, je n'avais pas su prévenir le coup avant qu'il ne soit trop tard.

Émergeant doucement de ma torpeur, j'eus l'impression de manquer d'air.

Ma tête me lançait comme si je m'étais cognée contre un mur et ma vue, tout comme mes pensées, demeuraient encore flous. Mes yeux s'ajustant à la pénombre, j'ignorai l'endroit où je me trouvais en ce moment, ayant seulement conscience d'être allongée sur le sol d'une chambre dont absolument rien ne me revenait.

Les bruits familiers de la rue que j'entendais d'ordinaire au réveil étaient remplacés par un silence opaque. Ce n'étaient pas non plus les mêmes odeurs qui parvenaient à mes narines, ni le confort de ma chambre, ni même celle de la résidence. Une absence totale de mon identité sensorielle.

En tentant de me redresser, je sentis alors des liens autour de mes poignets et sur mes chevilles qui m'empêchaient d'émettre le moindre mouvement.

Mon esprit se heurta enfin à la réalité.

Ne prenant même pas le temps de me ressaisir, je voulus aussitôt desserrer les cordes qui me retenaient en me tortillant dans tous les sens et poussai un grognement sinistre lorsque je constatai que les liens qui me maintenaient refusaient de se défaire de mes poignets.