𝐈𝐈 | ☂︎︎ (tome 1)

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Des fois, je ne savais même pas quoi dire. Des fois, je m'insultais de ne pas avoir su réagir à temps. Et des fois, comme aujourd'hui, je me contentai simplement de trois petits mots :

— Je suis désolée.

Eʀʀᴏʟ Sᴛ Tᴜᴀɴ
2000-2017
17 ᴀɴs

« Pᴜɪssᴇs-ᴛᴜ ʀᴇᴘᴏsᴇʀ ᴇɴ ᴘᴀɪx »

C'est seulement sur sa tombe que j'ai appris son nom.

Dix-sept ans de vie brisée en un instant.
Tant d'années passées à fréquenter les mêmes écoles, les mêmes espaces de vie, les mêmes rues, sans que je daigne une seule fois prendre ne serait-ce qu'une seconde pour connaître même son nom de famille ; trop aveuglée par ma propre personne pour voir au-delà de moi-même.

Et maintenant quoi ?

Maintenant n'existe plus.
Maintenant ne veut plus rien dire.
Maintenant il fait nuit... car dans mon monde,
tu n'as jamais vu le jour.

Une boule dans la gorge, mes yeux se fermèrent sur la larme solitaire qui s'échappa de mes paupières, mon cœur pesant soudain plus lourd dans ma poitrine, quand des bruits de pas se firent entendre derrière moi. Je ne réagis pas tout de suite, pensant d'abord qu'il s'agissait de Boris, le garde du corps imposé par ma génitrice pour m'accompagner durant notre séjour à Phœnix. Mais la voix qui suivit, une voix faible et féminine, acheva de m'illusionner :

— Je savais que vous seriez là.

Mes yeux s'ouvrirent à la rencontre d'une silhouette de femme avoisinant la quarantaine, au regard empreint d'une tristesse contenue.

— Anylla, c'est bien ça ?

— O-oui... ?

Nos regards se heurtèrent sans que je ne sache comment réagir tandis qu'un frêle sourire sincère s'ébaucha grandement sur ses lèvres.

— Je suis la mère d'Errol. Vous êtes bien dans la classe de mon fils, si je ne me trompe ? Je reconnais votre uniforme.

Aussitôt, l'air parut s'évaporer de mes poumons tandis que je restais interdite, le souffle coupé par la surprise.

— Je vous vois venir vous recueillir ici chaque mois, à la même date, réglée comme une pendule, sourit-elle. Vous semblez tellement pris dans le moment, que je n'ai jamais osé vous aborder auparavant. Errol était un garçon plutôt très solitaire que c'est rare qu'il reçoive de la visite, encore moins de ses camarades de classe. Ça me tenait donc à cœur de vous faire part de ma gratitude pour avoir toujours une petite pensée pour lui.

Le cœur en vrac, mon regard resta fixé sur mes pieds, alors que je luttais pour retenir mes larmes qui dansaient au bord de mes cils. Chaque fibre de mon être suppliait pour se perdre dans la tristesse qui me consumait, mais je résistai encore...

— Il me parlait souvent de vous, poursuivit-elle, me dérobant une grimace. Il me disait que vous étiez très amis.

Plus que les frissons désagréables, son aveu m'arracha un demi-sourire, un éclat bref, incontrôlé, froid et mensonger.

Que répondre à ça ?
Surtout quand ce n'était en rien proche de la vérité.

LEARN TO HATE | Sentence de mort | Tome 1Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora