𝖯𝖱𝖮𝖫𝖮𝖦𝖴𝖤 ☂︎︎

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☘︎︎༅ Bouquet de pleurs ☘︎︎༅

Ça devait être écrit quelque part

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Ça devait être écrit quelque part. Certainement.
Peut-être que je ne méritais pas mieux que ça.

Le ciel pleurait ce soir.

À moins que ce ne soit moi.

— Recommence ! tonna pour la sixième fois la voix sévère de ma mère depuis son balcon qui donnait vue sur la cour de la résidence.

Deux heures qu'elle se contentait de ce simple mot à répétition ; heures qui s'égrenaient comme des années, tandis qu'elle recueillait d'une oreille attentive les notes que distillait mon violon.

Ce n'était pas la fin du monde, mais ça y ressemblait vachement.

Par où commencer... ?

Quand est-ce que ça a mal tourné ?

On naissait dans un monde inconnu et on y mourra pour la plupart sans savoir pourquoi.

J'avais passé ma vie à croire que j'étais quelqu'un d'ordinaire. Une fille comme les autres. Mais ici, à Riverside, être « unique » était presque une vocation. Le monde entier avait l'allure d'un iceberg, avec pour seul mot d'ordre : apparence.

C'était tout ce qui importait.

Petite, je ne voyais que ce qui m'intéressait. Les gens, excepté moi, n'étaient rien d'autre qu'une variation de la réalité à laquelle je m'accordais en fonction de mon entourage. Des versions de moi éloignées de celle que j'étais réellement ; à mi-chemin entre mon manque de confiance et les choses que je ne comprenais pas.

Mais aujourd'hui avait été la fois de trop.
L'indifférence de trop.
L'erreur de trop.

Si vous êtes une personne lambda, vos inquiétudes gravitaient alors entre savoir si on mettait les céréales avant le lait, ou si « être ou ne pas être » était réellement la question.

Ma folie à moi résidait dans l'envie de devenir la fille du bus que chantait Lonepsi ; prendre un ticket sans arrêt et la tête contre la vitre, je ne descendrai que lorsqu'il n'y aura plus d'endroits où aller... juste pour avoir le sentiment de déraper de l'habitude ; d'être comme les autres : une fille ordinaire.

Mais c'était bien là la preuve que je ne l'étais pas.

Des années vécues dans le rien et me voilà effrayé par la perspective d'un tout.

Ma mère faisait toujours fi de ma présence alors que je multipliai les fausses notes autant que la fatigue qui prenait peu à peu le pas sur le reste.

La culpabilité ne se dissipait pas non plus, et mes sanglots me le rendaient mal. J'avais du mal à m'entendre penser, la discussion que j'avais surpris plus tôt entre elle et Monsieur O'Connell, notre avocat de famille, jouant toujours en boucle dans ma tête, comme un disque rayé.

— Comment va-t-elle ? avait-il voulu savoir.

— Comme une personne qui vient d'apprendre qu'elle a tué quelqu'un, Tobias. D'après toi ?

Telle une machine insensibilisée, ma mère avait prononcé ces mots de sa voix monotone qui ne trahissait jamais ses pensées, imperméable aux sentiments... comme toujours.

Comme s'il n'était pas question d'une vie humaine.

— ... il lui faudra du temps pour oublier cet incident.

— Du temps, c'est tout ce qu'il lui reste, avait-elle conclue.

Le temps...

Quelle ironie.

Il avait pour propre de guérir toutes les blessures, mais après la pluie, ne venait pas toujours le beau temps ; tout comme il serait stupide d'espérer une fin heureuse d'un film d'horreur.

Le ciel pleurait ce soir - comme hier, avant-hier. Et en dépit de la douleur devenue insoutenable par ce temps, je luttai encore pour maintenir la justesse de ma mélodie, toujours tourmentée par les oui ; non ; j'aurais dû et plus jamais qui étreignaient mon cœur.

— Recommence ! me parvint à nouveau sa voix lorsque mon archet trouva refuge sur le sol humide.

Les notes pleins les oreilles, je serrai la mâchoire en pensant tout bas les horreurs que je voulais me faire.
J'aurais voulu changer d'enveloppe charnelle, renaître à nouveau, avoir un nouveau cœur ou disparaître à jamais.

Mais au final, c'était peut-être ça qu'on appelait le gouffre.

En tout cas, ça m'en avait tout l'air.

Car malgré moi, contre tout... du temps, c'est tout ce qu'il me reste.

_______

Nous voilà avec le prologue de LTH qui est très flou pour l'instant, je l'admet, mais ça deviendra plus clair avec la suite... (je l'espère 😅).

Il s'agit d'une réécriture qui n'a rien à voir avec la première version qui était du POV du personnage masculin à la base. Donc ne soyez pas trop perturbé à propos des commentaires qui n'ont aucun rapport avec cette new version.
La réécriture concerne les dix premiers chapitres. Avec l'avancée du tome 2, je me suis rendus comptes de certains détails que j'avais énormément laissée en surface (notamment la relation d'Anylla avec sa mère et son traumatisme sur la mort d'Errol qui est aussi un fait très important dans l'histoire).
L'intrigue reste la même, avec seulement quelques rajouts dans les premiers chapitres.

P.S : Et oui, sa mère lui fait bel et bien jouer du violon sous la pluie depuis des heures pour la punir ! 🎻

Take care (•́‿•̀)⊃

Bella

☔️

LEARN TO HATE | Sentence de mort | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant