CAPPUCCINO┃l.sané (✓)

10 ; surprise et maillot.

— Bonjour.

Leroy se retourne immédiatement en reconnaissant cette voix familière, et il se fige lorsque ses yeux croisent ceux d’Amanda. Elle se tient droite dans le tunnel qui mène à la pelouse de l’Ethiad Stadium, ses yeux charbonneux plissés et ses longs cheveux bruns retenus en un chignon désordonné sur le sommet de sa tête. Leroy vient tout juste de sortir du vestiaire pour aller s’entraîner avant la rencontre, et il n’arrive pas à croire que sa petite amie se trouve devant lui avec son maillot bleu sur le dos. Cette situation est tellement irréaliste qu’il ouvre plusieurs fois la bouche avant de la refermer.

— Amanda, Leroy parvient à prononcer, agréablement surpris. Qu’est-ce que tu fais ici ?

— Livraison spéciale, Amanda chantonne en se rapprochant pour lui tendre un gobelet de chez Mary’s. Je suis venue te rapporter un cappuccino.

— Merci, Leroy prononce avant qu’une moue d’excuse prenne place sur son visage. Mais je suis désolé, pas caféine avant les matchs, ordre du coach.

— Oh, Amanda s’efforce de cacher sa déception, puis elle penche la tête sur le côté. Et les bisous sont autorisés ?

Leroy secoue la tête et ses lèvres frémissent pour retenir un sourire.

— Non plus, ça risquerait de trop m’embrouiller l’esprit avant la rencontre.

Amanda fronce les sourcils, et Leroy ne peut définitivement plus retenir son sourire. Il se moque d’elle, puis alors qu’il croit qu’elle va annihiler le mètre qui les sépare pour l’embrasser, elle ne bouge pas d’un pouce. Bon sang, elle est tellement adorable que c’est un supplice pour Leroy de rester immobile.

— Tant pis, Amanda hausse les épaules en se forçant à ne pas le regarder. De toute façon, les maillots de l’autre équipe sont beaucoup plus classes.

— Pardon ? Leroy plisse les paupières, profondément outré.

Amanda lève le menton et lui décoche un regard provocateur, comme le mettant au défi de la contredire. Leroy se rue alors sur elle et la soulève par la taille sous ses cris et ses protestations. Il la balance ensuite par-dessus son épaule comme si elle ne pesait rien avant de se mettre à tourner sur lui-même. Leurs rires à tous les deux deviennent incontrôlables, et quand elle commence à haleter parce que l’oxygène se raréfie dans l’air, Leroy décide de la reposer par terre. Son chignon est parti en éclats, laissant ses cheveux virevolter dans tous les sens, ses joues sont rouges et ses yeux brillent. Elle est si belle que Leroy ne peut pas s’empêcher d’effleurer ses lèvres. Puis son baiser devient pressant—sans doute un peu trop parce qu’elle finit par poser ses deux mains sur son torse.

— Leroy, Amanda rit en le repoussant un peu, et elle souffle. Je plaisantais, tu es toujours dans l’abus.

— Ah bon ?

— Bien sûr, Amanda prend une expression scandalisée et elle se hisse pour l’embrasser à son tour. Superbia in proelio.

— C’est bien, Leroy sourit, satisfait.

— Tu es stressée pour le match ?

— Non, ça va pour l’instant. Je sentirai vraiment l’adrénaline monter quand je serai sur la pelouse et que j’entendrai les supporters chanter. J’espère qu’on va gagner, on a besoin des trois points pour passer devant Liverpool.

Amanda approuve d’un hochement de tête compréhensif.

— Ça ira, Leroy. Essaye de te donner à fond, et je suis sûre que ça fonctionnera.

Leroy lui sourit tandis qu’elle se met à caresser sa joue du bout des doigts, puis il ferme les yeux pour mieux profiter de ce toucher. Ils restent dans les bras l’un de l’autre pendant plusieurs secondes avant que Leroy brise lui-même le silence.

— Au fait, comment est-ce que t’as réussi à passer la sécurité ?

— J’ai des contacts, Amanda remue ses sourcils, et devant son regard perplexe, elle éclate de rire. Non, certains de tes coéquipiers sont venus au Mary’s et m’ont donnée un pass.

— Je m’excuse, Amanda. J’aurai jamais dû leur parler de toi, ils ont dû être lourds. Mais je leur suis vraiment reconnaissant aussi parce que je peux te voir.

Amanda rougit à cette déclaration avant de prendre son visage en coupe. Elle sent son cœur accélérer et une décharge de bonheur la traverser quand elle se penche pour l’embrasser. Leroy sourit contre ses lèvres, et il répond automatiquement à son baiser.

— Leroy, on doit y aller ! Raheem hurle quelques mètres plus loin, les coupant dans leur élan.

Ils se séparent à contrecœur, mais Leroy l’embrasse quand même une dernière fois avant de partir. Amanda passe une main dans ses cheveux crépus en lui souhaitant un bon match, et ils se dévorent du regard pendant encore de longues secondes. Enfin, jusqu’à ce que Raheem appelle une nouvelle fois son coéquipier—Pep va les tuer s’ils ne se bougent pas. En la laissant pour rejoindre la pelouse de l’Ethiad, Leroy ne peut pas s’empêcher de se dire qu’il va se donner encore plus à fond que d’habitude.

Après tout, Amanda aura les yeux rivés sur lui.