Il était 15h18

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La salle socio-culturelle de Faremoutiers se situait entre un collège datant des années 50, un terrain de pétanque qui servait aux vieux le jeudi après-midi et des champs. Faremoutiers était un village entouré de champs. Des champs, des champs, des champs. Que ça. Alexandre en avait marre. Lui, il aimait la ville, le bruit des voitures, le charme gris des longs immeubles alignés et la beauté d'une foule sur un passage piéton. Et il n'y avait rien de cela ici. De toute manière, le mois prochain, il partirait vivre à Noisy-le-Grand. Il avait repéré un quartier ni trop cher, ni trop éloigné de sa fac. En plus, il n'avait que la ligne E à prendre, puis la ligne P. Pas d'autres changements, rien. Simple. Enfin ça, c'était plutôt pour rassurer sa mère : elle pourrait au moins venir passer les week-ends avec lui, même si lui-même aurait sûrement préféré les passer en compagnie de ses futurs potes... Cette exposition était l'exemple même de sa vie ici. Une exposition sur Rosa Bonheur, autrement dit, Marie-Rosalie Bonheur, artiste peintre et sculptrice, qui peignait et sculptait surtout des animaux, voire uniquement des animaux. Génial. Alexandre détestait les animaux. Pas parce qu'il les trouvait inutiles, ou inférieurs. En fait, il avait peur d'eux. Une frousse pas possible, lors des sorties au zoo, où aux spectacles du cirque. Il se souvient d'une fois, où le dresseur de chevaux l'a choisi pour monter sur l'un d'eux. Il avait refusé aussi sec, ce que la maîtresse n'avait pas manqué de lui reprocher ensuite. En plus, il était allergique aux poils de chat. Alors qu'il était en train de songer que cette exposition était d'un rasoir sans nom, une silhouette disparaissait derrière la porte annexe de l'arrière du bâtiment. Loin de s'en douter, Alexandre poursuivait la visite, accompagné de sa grand-mère, qui l'y avait traîné pour qu'il « sorte un peu la tête de ses stupides jeux vidéo ». Alors qu'il passa devant la porte, il entendit un bruit sourd, comme un objet qui serait tombé au sol, ou cogné contre autre chose. Sans y porter plus d'importance, il suivit sa grand-mère, pour faire semblant d'analyser le tableau suivant. Il était alors 13:52.