Chapitre 6 : Je déteste les gamines

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Bien que Bethany ait viré Coleen assez rapidement de mon bureau, nous avions échangé nos numéros respectifs et désormais, nous discutons par message. De temps à autre, Bethany passait devant mon bureau pour s'assurer que je travaille sur le tas de trucs qu'elle m'avait donné.

Encore une fois, ça n'a rien d'exceptionnel. Encore un récit fade et dont le scénario est prévisible dès la troisième ligne. Je suis très douée pour deviner la fin d'une histoire après seulement quelques lignes. Pour certains, c'est un don, pour d'autres, c'est une façon de me détester parce que – soi-disant – je les spoile.

Avant de rejoindre son bureau, Jasmine entre dans le mien, une tasse de thé chaude entre les mains.

— J'ai fait chauffer de l'eau si ça t'intéresse, m'annonce-t-elle.

— Mouais...

— C'est comment ton manuscrit ?

— Encore une romance où un est handicapé et meurt à la fin !

Je coche une croix sur mon carnet. C'est déjà le trois cent soixante-deuxième depuis le début de l'année et ça fait bien plus qu'un par jour.

— Et c'était qui la fille dans ton bureau ? Tu t'es trouvé une nouvelle copine ? me lance-t-elle en arquant un sourcil lourd de sous-entendus.

— J'aimerais bien... Mais non.

— Tu la dragues et tu la ramènes à ton travail ? tente-t-elle.

— Ça aussi j'aimerais bien ! Mais malheureusement, non. On a juste quelques problèmes à régler ensemble.

— Je veux être la première au courant dès que tu te mets en couple avec elle !

— Ouais, ouais, marmonné-je.

Un sourire se dessine sur son visage et elle quitte mon bureau lorsque Bethany nous somme de cesser de parler et d'aller travailler en hurlant. Bien évidemment, Jasmine et moi poussons un soupir. Cette conne n'allait jamais nous laisser tranquilles, comme toujours...

*

Après quelques messages, Coleen et moi avions convenu de nous retrouver chez elle. Elle avait trouvé quelqu'un pouvant nous aider dans notre recherche. Nous allons peut-être mettre fin à toute cette sordide histoire... Et puis, je ne suis pas contre pour aller dans son appartement. Enfin, j'espère que je ne vais pas rentrer dans un endroit trop étrange.

Bon, le quartier semble assez pauvre et rempli d'immeubles dans le même genre. Je suis persuadée qu'il se passe toujours de sales histoires dans le coin. Quelqu'un devrait un jour s'amuser à romancer toutes les conneries qui pourraient se passer... Mais je ne sais pas si je voudrais voir une telle chose se faire éditer.

En arrivant devant l'immeuble, je me rends compte que la porte d'entrée est cassée. Soit. Je me permets de rentrer et de monter jusqu'au premier étage. Je frappe à la porte et attends impatiemment qu'elle m'ouvre.

L'immeuble est assez calme, ce que je trouve très étonnant. Je m'attendais à du bordel partout. En fait, je m'attends toujours à du bordel partout. Là où je passe, le bordel me suit. C'est la base de ma vie.

Coleen finit par m'ouvrir et m'invite à entrer. Son appartement est assez classique. Un peu bordélique, certes, mais rien d'extraordinaire. Elle s'excuse brièvement pour le bordel, mais après tout, ce n'est pas mieux chez moi.

En arrivant dans le petit salon, je vois une fille aux cheveux bleu foncé – probablement adolescente – assise sur le canapé, un ordinateur portable posé sur les genoux. Elle ne lève même pas la tête quand nous entrons dans la pièce.

— Voici Isla, ma sœur. Elle connaît tout le bordel informatique et pourra probablement nous aider.

Nous nous installons en face d'elle et elle ose enfin lever la tête.

— J'ai le mail sur mon téléphone, annoncé-je.

— Pas la peine. Je l'ai déjà.

— Mais comment ?

— J'ai accès à ta boîte mail. Par ailleurs, change de mot de passe. "password" à l'envers, c'est pas du tout sécurisé.

Pourtant, je trouvais ça très malin comme mot de passe.

— Je me suis permis de virer tes spams aussi. Tu en avais beaucoup... Vraiment beaucoup... Tu traînes vraiment sur des sites chelous...

— J'ai pas Netflix.

— Ce n'est pas une excuse, rétorque-t-elle froidement.

Je la déteste. Elle me prend vraiment de haut cette gamine. Et dire que c'est la sœur de Coleen. Merde... Je vais devoir régulièrement me coltiner cette chieuse alors. Putain de merde. En tout cas, je la déteste déjà.

Je la fusille alors du regard et j'ai comme l'impression qu'elle en fait de même. C'est parti pour une longue bataille du regard. Je ne suis pas près de m'arrêter en si bon chemin en tout cas. Enfin... Jusqu'à ce que Coleen nous interrompe en prenant la parole :

— Est-ce que tu as trouvé quelque chose ?

— En effet. La personne qui a envoyé ces mails n'est vraiment pas maligne. L'adresse mail a été créée quelques minutes plus tôt et sans la moindre protection. J'ai pu facilement remonter à une adresse et donc... à quelqu'un.

— Alors, j'en ai rien à foutre du charabia informatique. Je veux juste un nom ! m'écrié-je.

— Jean-Claude Odonnell. Ça vous dit quelque chose ?

Plagie-moi et on se retrouve au tribunalWhere stories live. Discover now