Only One || Malec

CHAPITRE III

Magnus fit de son mieux pour tenter de masquer les frémissements qui lui secouaient le bout des doigts à mesure qu'il suivait Alexander vers son bureau. La puissance de son dos et la majesté de sa nuque suffisaient à lui donner des frissons et ne pas pouvoir le toucher après un an d'absence, revenait à subir la pire des tortures. Et l'air déjà pesante ne s'alourdit que davantage lorsqu'Alec invita Magnus à entrer dans la pièce avant de venir en fermer la porte derrière eux.

Magnus s'attendit à ce que, dans son rôle de parfait directeur, Alec vienne s'asseoir derrière son bureau et fasse signe au sorcier de prendre place face à lui, mais au lieu de cela, il lui proposa de s'installer sur le petit canapé présent près de la fenêtre.

Magnus eut peur de sentir ses jambes céder sous lui en s'asseyant sur le cuir du sofa et encore plus lorsqu'Alec prit l'initiative de venir à ses côtés. Le chasseur maintint cependant une distance tout à fait raisonnable entre eux et qui empestait le professionnalisme.

Bon sang, embrasse-moi, au lieu de me traiter comme un collègue !

Le sorcier dut se mordre la langue pour empêcher ses mots de traverser ses lèvres. Il choisit de se concentrer sur le visage de son ancien amant, envieux d'en redécouvrir chaque détail. L'année passée n'avait aucunement eu raison de sa beauté. Il demeurait cette perfection physique pour laquelle Magnus avait craqué en premier lieu, avant de tomber fou amoureux de cet océan de merveilles qui se cachait derrière ses yeux azurs : une âme pure que même la perversité de ce monde n'avait pas pu atteindre.

- Monsieur Bane, je ...

- Magnus, le coupa l'intéressé.

Alexander eut un léger sursaut face à cet élan et fronça les sourcils. Magnus parvenait déjà des plus difficilement à subir cette situation, mais il ne supporterait pas une seconde de plus qu'Alec l'appelle de façon aussi formelle et impersonnelle.

- J'ai cru comprendre que vous vouliez que nous travaillions ensemble, se rattrapa-t-il. Ne vaudrait-il mieux pas que nous nous appelions par nos prénoms ?

Magnus fut surpris d'avoir réussi à tenir sans que sa voix ne se brise. Alexander, lui, parut surpris de cette initiative mais il se contenta de hocher la tête pour acquiescer. Sans doute par souci de politesse plutôt que par réelle envie de faire plaisir au sorcier.

- Bien, Magnus. Je tenais vraiment à vous remercier pour tous ce que vous avez fait. Votre sacrifice à Edom a permis de sauver la population terrestre comme obscure d'un destin bien plus noir que vous ne pouvez l'imaginer. Je crains encore ce qui aurait pu arriver si Jonathan était parvenu au bout de sa résurrection. Et au nom de l'Enclave et de tous les chasseurs de ce monde, je vous offre ma plus grande reconnaissance.

Je ne veux pas de cette reconnaissance. Je ne veux que toi.

Tout comme le Alec qu'il avait connu, il n'avait jamais voulu de ce monde fait d'anges et de démons qu'on lui avait servi à protéger en guise de mission divine. Magnus avait été son point d'ancrage, mais c'était une chose dont il n'avait pas le moindre souvenir désormais.

- Mais au-delà de ça, poursuivit le chasseur. C'est une grâce toute particulière que je vous dois. Vous avez sauvé mon parabatai et pour cela je vous en serai éternellement redevable. Vous n'avez pas idée de ce que cela représente pour moi.

Au contraire, Alexander.

- Il est mon frère et ma moitié. Je n'aurais plus jamais été le même si par malheur il m'avait été arraché.