Chapitre 8 - " Enlèvement et meurtre. "

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La voiture s'arrêta dans un crissement de pneu devant un bâtiment blanc et gris. Une grande barrière métallique l'entourait, et un portail automatique bloquait l'entrée. Je regardai l'heure affichée sur le tableau de bord : trois heures du matin. Je descendis du véhicule et, après avoir remercié le chauffeur, je me dirigeai vers l'entrée. Un boîtier surmonté d'un petit bouton rouge était accroché sur l'un des barreaux. J'appuyai dessus. Une courte alarme retentit, puis, après quelques secondes, le portail s'ouvrit.

Je boitais, et me maintenais le ventre, encore douloureux. Un gendarme s'approcha de la porte du bâtiment, et l'ouvrit. Lorsqu'il vit mon état, il écarquilla légèrement les yeux.

– Que... comment vous êtes vous retrouvé dans cet état ?

– Haha, c'est... une longue histoire.

L'effet de surprise passée, il sortit brusquement du bâtiment.

– Je vous emmène à l'hôpital. Vous ne pouvez pas rester comme ça.

– Mais je...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase. Il me guida jusqu'au parking quasiment vide à cette heure tardive, et me fit monter dans un véhicule sombre, au toit recouvert de givre. Il me fit monter devant, côté passager, et s'installa au volant. La voiture démarra.

– Euh, je... justement, je voulais d'abord...

– Vous auriez dû allez directement vous faire soigner. C'était complètement inconscient. Et puis, d'où vous sortez ? me coupa-t-il.

– Ben je...

– Bref. Vous me raconterez tous ça à l'hôpital. me coupa-t-il encore.

Décidément, ce gendarme ne voulait pas me laisser m'expliquer. Tant pis... et de toute manière, il avait raison. Mais, je ne savais pas pourquoi, je ressentais une certaine réticence à me rendre dans une clinique... sûrement de mauvais souvenirs de ma vie passée. Je n'en saurai sûrement jamais rien.

La voiture se gara sur le parking un peu plus rempli de l'hôpital. On était arrivé dans une petite ville, c'était donc un peu plus animé. Il me fit sortir, en faisant en sorte de ne pas trop me brusquer. Après les formalités habituelles, je me retrouvai dans une chambre d'hôpital, mené par un infirmier au regard plus que fatigué. Il m'indiqua d'un geste le lit, et me fit retirer ma chemise. Il inspecta mes blessures sous l'œil vigilant du gendarme.

– Euhm... commença l'infirmier ; vous avez déjà été soigné .

– Ouais. répondis-je, un peu dans le gaz.

Il retira le bandage autour de mes côtes, et eut un mouvement de recul. Le coup de machette était encore assez visible, et n'était pas très joli à voir. La blessure à mon épaule était dans le même état.

– Bon... souffla-t-il en se redressant. On va changer vos bandages, et, euh... vous allez rester quelque temps ici je pense. Fit-il d'une voix éteinte.

Il sortit de la pièce, me laissant seul avec le gendarme.

– Il a l'air complètement mort lui... fis-je en souriant.

Quelques heures plus tard, j'étais allongé dans le lit, avec des bandages et une tenue d'hôpital tout propre. L'officier avait quitté la pièce, et m'avait laissé me reposer. À travers les rideaux tirés, le soleil pointait le bout de son nez. Il devait être huit heures. Être dans un lit chaud et dans des vêtements propres m'avaient beaucoup manqué...

La porte s'ouvrit, me tirant de mes pensées. Le gendarme entra, accompagné d'un collègue qui n'était pas là hier soir. Le gendarme que je connaissais, qui avait retiré son képi, portait ses cheveux brun clair très courts, avait une espèce de barbiche, et ses yeux gris, presque blanc, me scannaient à chaque fois qu'il posait son regard sur moi. Il devait faire un mètre quatre-vingt-cinq, et faisait un peu peur pour quelqu'un de censé être rassurant. Son collègue était beaucoup plus petit. Il avait une paire de lunettes vertes, des cheveux épais et blonds. Ses grands yeux marron se promenaient dans la pièce.

– Vous vous êtes bien reposé ? demanda le gendarme brun, moins fatigué que la veille.

– Ça va.

– On peut passer aux choses sérieuses alors. fit-il en sortant un petit carnet. Nom, prénom, âge ?

Ouch. La question qui tue. Même s'il avait pris un ton de voix calme, il avait une expression qui ne semblait apprécier les petits fêtards.

– Euh... voyez-vous, c'est assez drôle car... je n'en ai aucune idée.

Je levai les yeux vers lui. Il me dévisageait, comme s'il n'avait jamais reçu ce genre de réponse de toute sa carrière.

– Je vous demande pardon ? fit-il en griffonnant dans son carnet.

Je me raclais la gorge.

– Disons que j'ai... un léger problème de mémoire.

Il me dévisagea encore plus. Son collègue redressa ses lunettes sur son nez, surpris.

– Si vous me racontiez comment vous vous êtes retrouvé dans cet état-là ? Demanda le brun.

Je commençai alors mon récit.

Je lui expliquai que je m'étais réveillé dans un endroit inconnu, qui semblait être une usine désaffectée, que je me suis fait poursuivre par une espèce de taré légèrement schizophrène beaucoup trop pressé de me faire la peau, et que c'était lui qui m'avait mis dans ce joyeux état, et que j'avais réussi à m'enfuir après avoir retrouvé son cadavre dans la neige... en précisant bien que je n'en étais pas responsable.

Mon histoire achevée, il haussa un sourcil. Il me dévisageait plus que jamais.

– Donc... vous dites que cet homme vous aurait pourchassé dans une usine désaffectée.

– C'est ça. Fis-je en hochant énergiquement la tête.

Son sourcil formait presque un angle droit.

– Vous savez que cette histoire est digne d'un roman ? me demanda-t-il d'un ton dubitatif.

– Je sais... soupirai-je.

Il me regarda quelques instants, comme s'il essayait de déterminer si je mentais ou pas. Mais, au vu de mes blessures, il n'y avait pas vraiment de doutes possibles... si ?

Le gendarme blond se racla la gorge, et prit la parole.

– C'est vrai qu'il y a... une usine dans ce genre-là, dans la campagne environnante. On pourrait passer voir ?

Le brun lui lança un regard dubitatif.

– Vous... vous devriez écouter votre collègue, vous savez... je veux dire, je vous jure que je-

– Minute. me coupa – encore ! – le brun.

Le blond leva ses yeux marron vers le gendarme. Celui-ci se pencha vers lui, et lui chuchota quelque chose, que je ne pus entendre. Lorsque le brun se redressa, le blond le regarda avec surprise.

– Qu'est-ce que tu attends ? Vas-y ! le pressa le grand.

Le deuxième gendarme quitta prestement la pièce.

– Vous pouvez m'expliquer ? tentai-je.

Le brun me lança un regard dur.

– Attendez deux petites minutes. Je dois vérifier quelque chose.

Il sortit à son tour de la pièce, me laissant complètement confus. Ça n'arrêtera donc jamais.

Quelques minutes plus tard, les deux gendarmes étaient effectivement de retour. Le petit blond portait un dossier assez conséquent entre ses mains. Il l'ouvrit, et les deux feuilletèrent le document, jusqu'à que le plus grand stoppe le mouvement.

– Attends ! C'est ça.

Il retira une feuille de petit format, et le plaça devant lui. Il alterna son regard entre mon visage et la feuille.

– C'est bien ce que je pensais. fit-il en reposant la feuille dans le dossier.

Puis, il se tourna vers moi.

– Monsieur Camille Auswald, je vous arrête pour enlèvement et meurtre.  

CAVALEWhere stories live. Discover now