Chapitre 4 : Kael

153 36 17
                                    

J'ai trouvé ce dessin en me promenant sur le net et j'ai trouvé qu'il correspondait tout à fait au personnage de Kael. Un peu jeune peut-être mais c'est l'idée que je m'en fais... Il vous plait ?

— Tiens, bois, ça te fera du bien, lui dit-il d'un ton engageant avec un petit sourire rassurant.

Ambre hésita un instant et, juste pour qu'on la laisse tranquille, finit par s'emparer de la coupe que lui tendait l'inconnu. Ce dernier se glissa le long du tronc qui lui servait d'assise pour faire une place à la nouvelle venue et tapota l'endroit ainsi libéré à côté de lui pour l'inviter à s'asseoir.

La guérisseuse observa discrètement le jeune Sylphe qui arborait de belles ailes dont le bleu-turquoise reflétait les rayons de la lune et se terminaient par des tons plus foncés à leurs extrémités. Leur vive couleur tranchait avec le brun de sa chevelure mais rappelait le topaze de ses yeux. C'était du plus bel effet. Il dégageait un charme indéniable, ce qui prit la jeune fille un instant au dépourvu. Mais elle finit par se ressaisir, contourna Maël et vint s'assoir à la place qu'on lui désignait. Elle était ainsi suffisamment loin de son frère et juste à côté de sa meilleure amie.

— Moi c'est Kael, se présenta le jeune homme, je suis un cousin de Maël, indiqua-t-il en désignant du pouce le garçon qui s'esclaffait à sa gauche à une blague graveleuse de Godric.

— Ambre, dit à son tour la jeune femme.

— J'ai cru comprendre oui, sourit le jeune homme.

Ambre, toujours un peu gênée, ne releva pas, elle n'avait pas fait une entrée discrète. Merci frangin ! 

— Je ne t'avais jamais vu par ici... remarqua-t-elle.

— Je vis à Tercera, mes parents et moi sommes arrivés hier pour rejoindre mon oncle qui accompagne le convoi. Je ferai route avec lui dans cortège pour rejoindre Ebonia. Ensuite, je reviendrai ici. Mon père m'a trouvé une place d'apprenti auprès de Médric.

Médric était le chef charpentier du village. C'était à lui et à ses aïeux, que l'on devait une bonne partie des habitations qui occupaient les puissantes branches des séquoias millénaires qui entouraient la Clairière. Il était une référence dans tout Ebonia pour la qualité de son travail et était même souvent appelé à la cour lorsque le roi Asmodée souhaitait entreprendre des travaux d'agrandissement pour son palais.

Connaissant l'exigence du maître charpentier envers ses élèves, si Kael avait décroché une place d'apprenti auprès de lui, cela signifiait que le jeune homme devait être plutôt doué, mais surtout sérieux et motivé. Des qualités que la jeune fille appréciait, car elle savait elle-même ce que c'était de trimer dur pour réussir.

Lahn n'avait pas toujours été tendre avec elle lorsque parfois son attention se relâchait ou qu'elle n'arrivait pas à maitriser la conception de certaines potions parce qu'elle n'avait pas assez étudié ses sortilèges. Elle mettait donc les bouchées doubles la fois suivante pour atteindre l'excellence. Et, à la vue des événements de ce soir, son travail avait porté ses fruits. Elle n'en revenait d'ailleurs toujours pas.

— J'ai eu la chance d'être accepté pour suivre une dernière année de formation à ses côtés avant de devenir charpentier, jugea-t-il bon de préciser modestement. Durant la période de mon apprentissage, je vivrai chez Maël...

— Bienvenu parmi nous, sourit la jeune fille un peu plus détendue et ravie de rencontrer enfin parmi les fréquentations de son frère une personne qui semblait motivée à réussir dans la vie, ce qui était la dernière des préoccupations de son ainé.

Godric passait en effet ses journées à ne rien faire à part voler d'arbre en arbre. Et, lorsque Adalric, leur père, lui reprochait un peu trop ardemment son inactivité, il réussissait à décrocher quelques petits boulots, par-ci par-là, aidant aux récoltes en automne, à transporter du bois et du matériel de construction sur les chantiers de Médric ou à la livraison des ustensiles de bois fabriqués par le sculpteur local. Le seul problème était qu'il n'avait jamais conservé un emploi fixe plus d'un cycle de lune d'affilé.

Un grand éclat de rire cristallin retentit soudain, sortant la guérisseuse de sa rêverie. Estefana s'était subrepticement rapprochée et essayait visiblement d'attirer l'attention sur elle. Ambre comprenait maintenant pourquoi la belle, mais oh combien agaçante Sylphide blonde était présente. Sa curiosité légendaire avait dû la pousser à apprendre qui était ce bel étranger fraîchement débarqué. Elle devait certainement se demander ce qu'un jeune Ailé comme lui pouvait bien avoir à raconter à une non-volante comme elle.

— J'espère que tu te plairas à Edéan... essaya de conclure Ambre, certaine que l'attention du jeune homme allait être détournée par sa charmante voisine.

— Merci, dit simplement Kael sans prêter la moindre attention à la sœur de Cadfael qui s'était maintenant redressée en invitant les Sylphes les plus audacieux du groupe à la suivre sur la piste de danse. Sans doute espérait-elle ainsi flatter l'égo du jeune inconnu et l'arracher aux mains de l'insignifiante novice.

Mais Kael resta assis et, contre toute attente, se pencha vers Ambre, arrêtant sa bouche tout près de son oreille ce qui la fit sursauter.

— Tu peux boire, chuchota-t-il en indiquant d'un geste la coupelle intacte que la jeune fille tenait toujours dans ses mains. C'est du simple jus de pomme que je t'ai servi.

La jeune fille leva vers Kael un regard interrogateur et fut aussitôt happée par le bleu cristallin de ses iris.

— J'étais dans le même état que toi à la veille de ma Grande Migration... Comme toi, j'ai eu du mal à lâcher prise. Il n'y a pas de mal à ça. Chacun vit son rituel de passage à l'âge adulte à sa manière. Certains se vautrent dans l'alcool et passent la nuit à danser, affirma-t-il en désignant les jeunes gens qui tournaient autour d'Estefana sur la piste de danse, d'autres veulent garder le contrôle. C'est tout à ton honneur, insista-t-il encore en levant sa coupe pour trinquer.

La déclaration du jeune homme rassura Ambre, qui tout à coup ne se sentit plus aussi différente au milieu de tous ces jeunes gens qui célébraient allègrement et avec insouciance cette nouvelle étape de leur vie. Un franc sourire éclaira son joli visage et ses yeux d'ambre, pailletés d'or, se rivèrent dans ceux, azur et rassurants, du jeune homme avec qui elle trinqua avant de vider d'un trait son jus de fruit et de tendre sa coupe à son nouvel ami qui la resservit, ravi.


Le Prince ScorpionUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum