Message à la Mer

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Peu à peu enfermé dans une morne routine
Attendant passivement un éventuel signe
Pourtant s'y enfermer semblait si confortable
Ne pas chercher à affronter sa noirceur est plus facile
Se noyer dans mes projets me permet d'oublier
De fuir ce que je ne veux affronter
Face à mes blessures, à défaut de les panser
Je préfère tenter de les ignorer
Dans l'espoir insensé qu'elles disparaissent
Parfois j'aimerais seulement qu'on me laisse
À mes propres incompréhensions
À osciller entre cynisme et désillusions
Ne pas tenter de vaincre mes contradictions
Spectateur qui jamais ne passe à l'action
Autour de moi j'ai l'impression qu'on ne me comprend pas
Incapable d'appréhender ma propre colère
Entre regrets du passé et désir d'une nouvelle ère
Où je saurais enfin ce qu'on attend vraiment de moi
Prisonnier d'un monde aux sirènes contradictoires
Qui emplissent ma conscience de bruits de foire
Malgré ma fatigue quand vient le soir
Je reste un insomniaque à réfléchir dans le noir
A me demander en quoi je veux croire
A essayer de savoir comment couper en deux la poire
Entre désillusions qui ne font que me décevoir
Rêves de grandeur que je sais illusoires
Connaissances qui enrichissent mon savoir
Mais qui me rappellent que se répètent l'histoire
Rares moment d'insouciances qui me servent d'exutoires
Et claires nuances qui me donne encore de l'espoir
Au loin je sens que la plupart quittent sans regrets
Les rivages d'une enfance écoulée
Embarquant sur la barque de la maturité
Prêts à faire face aux responsabilités
Acceptant leur futur et balayant les questionnements occultes
Ainsi s'acquiert la stabilité des adultes
Bientôt moi aussi je devrais quitter ce rivage
L'océan m'appelle à mesure que je prends de l'âge
Ceux qui m'entourent m'incitent à tourner la page
Et je devrais me hâter si je ne veux le traverser à la nage
Mais je rechigne à achever mes bagages
Au fond j'espère toujours trouver une voie de garage
Ne pas faire d'efforts, que devenir sage
Me soit simple, sans besoin de travailler avec rage
Je voudrais vivre demain sans abandonner le confort d'hier
Mais le sort n'accède pas à mes futiles prières
M'empêchant de suivre ceux qui m'éclairaient de leur lumière
Me laissant coincer à la lisière
Ainsi ma bizarrerie me devient familière
Et entre moi et les autres j'érige une frontière
Mais au fond je me sent solitaire
Avec ma conscience comme geôlière
Alors je reste seul sur la terre
Dans la crainte que le bonheur futur soit éphémère
Et dans l'espoir que mon horizon s'éclaire
J'envoie ce message à la mer

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