Chapitre 44 - Tout recommencer

2.2K 213 24
                                    

Wakiza avait fini par quitter le tipi afin d'aller dormir dans le sien. J'étais resté assise au même endroit depuis son départ. Il m'avait parlé pendant un long moment. Je n'étais pas certaine d'avoir déjà eu une aussi longue conversation avec lui avant aujourd'hui. Pour autant ça n'étais pas ça le plus important. 

J'avais attendu pendant longtemps des réponses. Il m'avait d'abord raconté les affrontements qui n'étaient pas en faveur des français. Ils perdaient du terrain à grande vitesse et donc il envoyaient les natifs en première ligne pour se battre en face-à-face avec les anglais. 

Et puis Wakiza avait fini par avouer qu'il ne savait pas ce que Chayton devenait. Au bout de plusieurs mois, le groupe de Sioux avait été séparé et Chayton avait été envoyé sur un autre front. Il n'avait plus eu de nouvelle de lui depuis ce jour la, et cela représentait plusieurs mois. 

Mon estomac s'était noué si fort qu'il en était douloureux. Je n'étais pas plus avancé au sujet de Chayton et je n'étais pas certaine de pouvoir rester dans cette situation plus longtemps. 

Afin d'essayer de me changer les idées j'étais sortie. La neige tombait en abondance et déjà plusieurs centimètres recouvrait le sol. J'observais les flocons blancs s'écraser sur le toit des tipi puis glisser au sol lorsqu'il y avait trop épais. 

J'aimais la neige, elle faisait retomber la plupart d'entre nous en enfance. Elle avait se pouvoir de rendre heureux mais aussi ce côté apaisant. Pourtant aujourd'hui je ne retrouvais rien de cela. Un stress intense obnubilait mes pensés.

Un gémissement m'avait tiré de ma léthargie. Ehawee arrivait les bras surchargé de sac de maïs qu'elle venait de récolter. Je m'étais précipité dans sa direction et attrapais l'un des sacs qu'elle portait sur son épaule. 

— Merci Ashaisha. 

Elle l'avait dit à bout de souffle. Je ne pouvais m'empêcher de le regarder, elle donnait l'air d'être prête à s'écrouler au sol à tout instant. Elle qui était si joyeuse en temps normal. Je ne l'avais pas entendu rire depuis bien longtemps. 

En silence, nous marchions en direction du lieu de stockage où était entreposé toutes les réserves. Nous croisions le chemin de plusieurs français qui ne nous montrait pas le moindre intérêt et ne nous saluait même pas. 

Un groupe de soldats était correctement aligné au milieu d'une rue un peu moins fréquentée. L'adjudant faisait les cent pas de droite à gauche, les mains croisées dans le dos, il dictait fermement des informations à ses hommes. 

— Nous partirons avant le levé du jour. Aucun retard ne sera toléré, à celui qui ne fera pas acte de présence, il sera envoyé en prison aussitôt qu'il sera retrouvé. Un groupe de vingts sauvages part avec nous. Ils prendront la tête du groupe afin de nous servir de bouclier. N'oubliez pas, ne gâcher pas la moindre balle pour les protéger en cas d'affrontement. Nous en aurons trop besoin une fois arrivé là-bas. 

Je m'étais arrêté de marcher. Ehawee avait filé sans regarder derrière elle. J'aurai pu être choqué face à ce que je venais d'entendre, mais ça n'était pas le cas. Ils voyaient les amérindiens comme de simples objets et ne leur accordais aucune importance. 

J'étais resté un moment à les observer, jusqu'à croisé le regard de l'adjudant qui n'avait rien d'amicale. 

Après avoir déposés les réserves, nous étions retournées dans notre village, qui au rythme du soleil couchant rentrait enfin de leur journée interminable. Ehawee et moi en avions profité à la réserve pour prendre du riz sauvage ainsi que des pomme de terre pour préparer un ragoût avec les reste d'une biche chassé par l'un de nos hommes quelques jours plutôt. Nous l'avions caché aux anglais afin de ne pas se la faire prendre. Nous n'avions pratiquement jamais de viande à manger, ils en gardaient la totalité alors que seuls les natifs étaient capables d'en ramener.   

Nous avions fêté le retour de Wakiza en se rassemblant, jouant de la musique et en dansant tous ensemble. Je n'avais pas vue autant de sourire sur le visage des natifs depuis bien longtemps. Bien que l'ambiance n'était pas aussi incroyable que lorsque nous faisions des pow-wow quand nous étions encore indépendant. 

La fête n'avait pas fini trop tard. Chacun avait fini par regagner son tipi afin d'y passer la nuit. Il restait peu de temps à dormir et les journées étaient bien trop fatigantes pour se permettre de veiller jusqu'à tard le soir. 

Je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Je tournais, changeais de position, retirais et rajoutais des épaisseurs de couvertures. Mais rien y faisait, j'étais incapable de m'endormir. J'avais fini par céder et me lever. Je m'étais installé au fond du tipi, là où Chayton entreposait ses nombreux couteaux. Il en avait emmené quelques-uns avec lui, mais le reste était encore ici.

J'observais les lames, plus tranchantes les une que les autres, sans la moindre trace de rouille ou d'oxydation. Chayton les entretenaient sans cesse et j'avais continuer de le faire après son départ bien que je ne m'en servait pas.

J'avais sorti un couteau de taille moyenne de son étui en cuire et observais les flammes du feu qui brûlait derrière moi faire scintiller la lame en métal. Je l'avais placé en avant, fit quelques mouvements avec que Chayton m'avait appris. De quoi me défendre fasse à l'ennemi. Je ne m'en étais encore jamais servie.

Soudain, au milieu du silence de la nuit déjà bien avancés, dehors, des bruits de pas ainsi que des voix lointaine résonnait. J'avais poussé la peau qui faisait office de porte d'entrée, dehors, le soleil commençait tout juste à se lever. Plus loin, je remarquais la troupe de soldats française en train de s'afférer dans tous les sens afin de finir leur bagage pour prendre la route afin de se rendre à la guerre.

J'avais regardé par-dessus mon épaule, mon sac à dos, à moitié rempli de la veille était resté traîner par terre. Des centaines d'idées se bousculaient dans mon esprit à cet instant. Je n'arrivais plus à contrôler mes pensées et mon cœur commençait à s'emballer dans ma poitrine.

Lorsque je relevais les yeux, je remarquais que les hommes étaient désormais parfaitement aligné, sac sur le dos et arme sur les épaule, l'adjudant leur ordonna d'avancer. Ils partaient. 

J'avais attrapé mon sac, fourrait encore quelques affaires dedans ainsi que plusieurs couteaux que je camouflais là ou je le pouvais avant de rejoindre le groupe de soldats. Je restais en retrait du groupe, me faufilant dans des cachettes afin de ne pas être repéré.

À nouveau, j'étais une fugitive. Tout recommençait. 

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant