Chapitre 13 - Une nouvelle destination

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J'avais été incapable de répondre à Chayton, il n'avait pas posé plus de question et silencieusement il avait fait réchauffer du ragoût avant de m'en servir un bol. Nous n'avions pas parler pendant un moment, seul le son des cuillères en bois grattant dans les précipitant se faisaient entendre. Pour autant l'ambiance n'était pas pesant, mais plutôt reposante. 

     — Alors, quelle était la raison du rassemblement ? Osais-je finalement demander en me pinçant les lèvres à la fin de ma phrase à peine sûre d'avoir bien fait de demander.

Chayton avait levé les yeux qu'il avait jusque-là gardés rivés sur les flammes dansantes, il avait posé son plat devant lui et avait croisé mon regard, il semblait encore perturbé et ailleurs, finalement son regard retournait sur les flammes.

     — Nous devons lever le camp demain ... La chasse est mauvaise depuis quelque temps, bientôt nous n'aurons plus de quoi nourrir tout le monde, nous allons partir vers l'ouest, nous avons des terres là-bas, nous y resterons un moment.

Chayton semblait chercher ses mots et paraissait ne pas vouloir tout me dire. Des centaines de questions me brûlaient les lèvres, mais pour autant je ne demandais rien, le natif semblait déjà assez agacé comme ça.

     — Maintenant, il faut dormir. Déclarait le natif en se levant du sol.  

     — Quand partirons-nous ? 

    — Aux premières lueurs du jour.     

Il n'avait pas dit un mot de plus et était parti se coucher, j'avais fait de même. 

Cette nuit la fut courte, je n'étais pas parvenu à trouver le sommeil, et les seules fois ou j'étais prête à céder à la fatigue, mon esprit en ébullition me réveillait aussi vite. Le temps ne semblait pas vouloir passer et la lumière du jour ne daignait toujours pas se montrer. Pour la énième fois je me retournais afin de trouver une position plus confortable, mais rien n'y faisait. Pourtant cette fois-ci , je restais dans la même position, je posais les yeux sur la silhouette endormie de Chayton, lui semblait paisible, bien plus que lorsqu'il était réveillé d'ailleurs. J'observais son torse monté et descendre régulièrement au rythme de sa respiration, cela m'apaisait presque, les questions qui me tourmentaient semblaient enfin s'estomper pour me laisser me concentrer sur la respiration de l'Amérindien.

      — Réveilles-toi, Éleanor, nous devons partir.

Je me sentais légèrement secoué par l'épaule m'obligeant à ouvrir les yeux, finalement j'avais dû réussir à trouver le sommeil, mais pas depuis bien longtemps tant je me sentais fatigué. Je réalisais alors que Chayton me tenait toujours par l'épaule, accroupie devant moi il devait attendre que je sois réveillé. Afin de ne pas le faire patienter davantage, je m'étais assise tout en m'étirant.

     — Bonjour, susurrais-je les yeux à moitié clos.   

     — Ton sommeil est plus profond que celui d'un ours en hibernation. Se moquait l'Amérindien en haussant les sourcils. 

      — Je ... Euh ...  J'avais senti mes joues s'empourprer, gêner à l'idée d'avoir dormi comme une souche alors qu'il essayait de me réveiller. 

Chayton esquissait un sourire en coin avant de s'éloigner, encore en train d'émerger, je le regardais plier les fourrures qui habillaient le sol. Je me frottais les yeux une dernière fois puis à mon tour je pliais les fourrures. 

Mais alors que nous nous appliquions à la tâche, Wakiza était entré sans prévenir, sans même me porter le moindre intérêt il s'adressait à Chayton.

     — Nous avons besoin d'un coup de main, nous avons pris du retard.

     — Je n'ai pas encore terminé ici. L'informait-il en montrant tout ce qu'il restait à rassembler. 

     — Elle peut le faire. Avait répondu Wakiza en me pointant du menton d'un air dégoutté. 

Je ne sais pas ce qui l'avait retenu de m'insulter comme il le faisait si souvent, mais je n'allais pas m'en plaindre. Chayton ne semblait pas savoir ce qu'il devait faire et me regardait mal à l'aise.

     — C'est bon, je vais faire le reste ne t'en fait pas. Assurais-je.

Chayton m'avait fait un signe de tête reconnaissant avant de suivre Wakiza dehors. Je continuais de plier les couvertures et les entassais dans l'entrée.

Le jour s'était levée, quelques tipis avaient été pliés, les chevaux rassemblés et équipés afin de prendre la route. La chevauchée allait durer plusieurs jours et il fallait s'assurer de ne rien oublier.

       — Andek, Chayton, Wakiza, partez maintenant en éclaireur. Nous partirons lorsque le soleil sera à son zénith afin de vous laisser assez d'avance, nous nous retrouverons à la tombée de la nuit.

Les trois hommes acquiescèrent et se remirent au travail afin de peaufiner les derniers détails. 

     — Andek mon fils, es-tu sûr d'être assez fort pour partir en tête ? Tu peux te joindre au second groupe, nous chevaucherons moins vite et nous ferons autant de pause qu'il te faudra. 

Même si le chef essayait tant bien que mal de se montrer détaché, l'inquiétude se lisait dans sa voix.

     — Ne t'en fais pas, la route devrait être tranquille et durant tous ces jours où j'étais inconscient je me suis reposé. Le rassurait son fils en déposant une main chaleureuse sur l'épaule de son père.

J'observais la scène d'un peu plus loin, un sourire en coin, je n'avais pas pu m'empêcher de m'attendrir devant ce moment familiale. 

     — Tu es prête ? 

La voix de Chayton m'avait subitement fait revenir à moi. Après lui avoir affirmé qu'il ne restait plus rien à faire de mon côté, il m'avait soulevé par la taille afin de me faire monter sur le cheval avant qu'il ne monte à son tour.   

     — Laissez le temps à un vieil homme de vous saluer. Annonçait soudain le chaman qui essayait tant bien que mal de presser le pas pour nous rejoindre. Soyez vigilant, le mal est partout, ne baissés pas votre garde. Je compte sur toi pour veiller sur nos guerriers. 

Il s'était alors approché de moi et m'avait tendu une petite bourse en peau de bête, à l'intérieur il y avait glissé de nombreuses plantes qui pourraient soigner de multiples symptômes et blessures.

       — Je vous promets d'en faire bon usage. Affirmais-je en accrochant le petit sac autour de mon poignet.    

Il était à présent temps de partir, il y avait cinq autres guerriers avec nous ainsi que deux femmes et trois enfants qui voulaient faire route avec le père de leur famille.

J'avais passé mes bras autour de la taille de Chayton afin de m'accrocher, j'avais été absolument gêné au début puis je m'étais mise à apprécier son contact, encore une fois. 

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant