Chapitre 36 - Un ami fidèle

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J'ouvrais difficilement les yeux lorsque j'entendais du bruit. C'est Chayton qui se levait déjà. Le jour perçait à peine à travers la toile du tipi. Tout en m'étirant, j'étais venue poser ma main sur le dos nu du natif et la laissait doucement glisser le long de sa peau. Chayton avait juste tourné la tête pour croiser mon regard, je lui adressais un petit sourire. C'était si bon de se réveiller là, à ses côtés. Je m'étais redressé afin de venir l'enlacer par-derrière. J'avais senti le natif se tendre ce qui m'avait amusé. J'avais remarqué que chez les amérindiens, qu'ils ne montraient pas de la même façon leur affection et gardait leur distance. Pour autant, pour une fois, je décidais de ne pas suivre leur coutume et profitais d'enfin pouvoir m'approprier cet homme que j'avais désiré depuis si longtemps.

Dehors, nous entendions déjà les autres qui venaient sans doute eux aussi de se lever.

— Il est temps de partir. Nous rejoindrons les autres aujourd'hui.

Annonçait Chayton en enfilant ses chaussures. J'affichais une moue de déception. J'aurais aimé rester la encore un moment, profité de cet instant qui semblait être passé si vite. Mais pour autant je n'en disais rien et m'habillait. Je savais que les ennemis étaient encore proches et il était hors de question que je mette mes amis en danger encore une fois. Puis contre tout attente avant de passer la sortie de l'habitation, Chayton était venu m'embrasser puis était parti sans rien dire. J'étais resté bêtement debout au milieu du tipi avant de me mettre à rire face à cette situation inattendu.

En sortant du tipi à la suite du natif, je croisais le regard de Peter assis sur une grosse pierre en train d'avaler son petit-déjeuner. D'un signe de la main, il m'indiquait de le rejoindre, ce que je fis.

— Tu as passé une bonne nuit ?

Je manquais de m'étouffer à la suite de sa question. Je repensais à ma nuit brûlante avec l'amérindien, je n'avais même pas réfléchi un instant aux personnes qui nous entouraient et ce qu'ils allaient bien pouvoir penser.

— C'était sans doute bien mieux que chez l'autre bougre, le colonel Taylor m'a toujours fait froid dans le dos.

Je m'étais retourné vers mon ami afin de le dévisager un instant.

— Attends, tu connaissais se type ? M'exclamais-je interloquer par cette nouvelle.   

— Après notre rencontre dans les bois, j'ai été enrôlé de force, mais avant notre prochaine excursion, je devais apprendre au moins quelques bases afin d'être sûr que je tienne la route. Le colonel Taylor était justement arrivé à notre fort et je peux t'assurer que ce type n'était en rien normal, tout le monde le craignait. J'ai entendu dire que personne ne l'avait vue combattre, mais sa folie était suffisante pour dissuader qui que ce soit de lui chercher des problèmes.

Je frissonnais rien qu'à l'évocation de ce type, bon sang, il m'avait sans doute traumatisé à jamais.

— Alors pourquoi tu es venue toi aussi ? Tu savais à quel point cet homme était dangereux, tu savais le risque que tu prenais.

— Je n'ai jamais trouvé ma place dans cette armée, Repris Peter. Comme tu me l'as si souvent répété auparavant, j'étais trop gentil et les autres soldats en profitait pour s'acharner sur moi. Et puis toi non plus tu n'étais plus la, et puis ensuite tes sœurs et ton père. Je n'avais plus aucune raison de rester sans vous, je ne trouvais même plus le goût de me lever le matin ... Et puis imagine un peu mon père s'il avait appris que je ne voulais pas faire partie de l'armée.

Je n'avais jamais réalisé avant à quel point Peter était un ami incroyable et fidèle. Je me souvenais aussi de son père, après que sa femme soit morte, soit au cinquième anniversaire de Peter, le bougre avait sombré dans l'alcool traitant son fils comme un moins-que-rien. Il le battait régulièrement et le pauvre petit garçon venait se réfugier en larme chez nous. Personne n'avait rien fait pour le pauvre Peter, son père était un charpentier talentueux et personnes ne voulait prendre le risque de se priver de ses services.

— Mais bon assez parler de moi, on dirait que pour ta part, tu sembles enfin avoir trouvé ta place.

Je souriais à cette évocation, Peter semblait l'avoir remarqué aussi, je me sentais enfin au bonne endroit, avec les bonnes personnes.

— Tu n'as jamais été comme les autres Lenny, j'ai toujours sue que tu ne trouverais jamais ta place parmi nous, tu avais besoin de découvrir, d'apprendre et surtout de liberté, je crois qu'avec eux tu as tout trouver. Lançait-il en indiquant les amérindiens du menton. Et puis j'ai l'impression que tu as même trouvé plus que ça.

Ajoutait le garçon en m'attribuant de nouveau son regard. Je m'étais senti rougir d'un seul coup, j'avais ouvert la bouche, mais aucun mot n'était sorti. Je ne savais pas quoi répondre à son allusion et je ne voulais surtout pas le blesser, il avait fait tant pour moi que le décevoir serait égoïste de ma part de lui avouer que j'aimais un autre homme.

— Il est temps de partir. Lançait Chayton en s'approchant avec son cheval prêt à prendre la route.

Cette nouvelle tombait à pic. Sans perdre un instant de plus, j'avais bondi sur mes pieds. Je savais l'importance d'être honnête envers mon ami, mais pour l'instant, j'avais juste besoin de retrouver mon entourage et d'enfin reprendre une vie normale. Du moins, normal était un bien grand mot. Désormais, mes sœurs, mon père ainsi que mon meilleur ami ne pouvaient plus rentrer au fort, il étaient certains qu'il serait exécuté et pourtant même si je l'aurai aimé, je les imaginais mal vivre aux côtés des amérindiens et de leur mode de vie si différent du leur ...

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant