Chant 34 - La tête vers le ciel, campé

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Ce soir là, ils avaient alignés les kilomètres fuyant la ville et ses lumières artificielles et s'étaient engagés dans un petit chemin de terre cahoteux. Le rideau des nuages hivernaux s'écartait rarement autant. Cette nuit était tellement claire qu'on avait l'impression que le ciel était constellé de paillettes. La dernière fois qu'elle avait vu autant d'étoiles, c'était chez sa grand-mère, dans son petit bled paumé où aucune pollution lumineuse ne venait faire barrière avec la Voie Lactée. Ils s'étaient assis côte à côte sur le capot de la voiture encore un peu chaud. À la radio REM perdait la foi,

"Oh, Life Is Bigger
It's Bigger Than You
And You Are Not Me
The Lengths That I Will Go To
The Distance In Your Eyes
Oh No, I've Said Too Much
I've Said It All"*

Elle avait nichée sa tête sur son épaule et observait l'immensité luminescente dans un silence contemplatif. Alors quand elle sentit sa main froide se glisser l'air de rien sous ses couches de vêtements, elle eut un petit sursaut. Riant dans son cou, il dégrafa prestement son soutien-gorge.
— Eh ! Fit-elle en lui donnant un petit coup sur le bras.
— Mhm... quoi ? Tu ne veux pas ? geint-il, en écartant ses cheveux d'une main pour lui picorer la nuque de baisers.
— Si, répondit-elle, lorsque les frissons familiers se propagèrent sur son épiderme.
Sans la lâcher, Il bascula devant elle et se cala entre ses cuisses en les soulevant pour qu'elle puisse l'entourer de ses jambes. En légère perte d'équilibre elle joignit ses doigts derrière sa tête pour ne pas tomber. Malgré l'épaisseur de leur jean respectif, elle sentait déjà pulser son érection contre son intimité. Elle s'y frotta sans aucune pudeur, laissant échapper un gémissement de pure délectation. S'emparant de sa bouche, il la renversa sur le capot, carressa ses flancs pour retrousser son pull et son manteau, effleurant de ses pouces le galbe de ses seins. Elle avait un temps jeté ses complexes aux orties car où il y a de la gène, il n'y a pas de plaisir, paraît-il. Il abandonna ses lèvres pour aller poser les siennes à l'orée de son nombril, jouant de sa langue par petite touche. Les joues brûlantes, un milliers de sensations plus folles les unes que les autres envahissaient son être, la catapultant au milieu des étoiles dans ce ciel si loin, si proche au dessus d'elle. Alors qu'elle était encore en apesanteur, il déboutonna son jean qu'il fit descendre le long de ses jambes. La fraîcheur de cette nuit d'hiver qui piquait sa peau nue était contrebalancée par le feu qui enflammait son ventre. Dans un état second, elle le sentit quitter son nombril pour descendre de plus en plus bas, atteignant la lisière de sa culotte. Il y fit une halte, l'embrassant à travers le voile de dentelle, comme dans l'attente qu'elle le repousse mais elle n'en fit rien, l'encouragea même d'un coup de bassin. Il ne lui en fallut pas plus pour la lui ôter et plonger sa langue dans ses chairs intimes. Quand il commença à titiller son clitoris du bout de la langue, elle écarquilla les yeux, cherchant sur la tôle une prise à laquelle s'accrocher, ne la trouvant pas, elle se cramponna à ses épaules, il aura à coup sûr, des marques de griffes le lendemain matin mais pour l'heure, elle n'en avait cure, l'explosion qu'elle attendait tant la première fois était bel et bien là et elle s'en repaissait. Toute à son extase, elle se rendit à peine compte qu'il avait, à son tour, baissé son pantalon. Quand elle sentit son sexe turgescent l'effleurer, elle s'en empara d'une main pour le guider en elle. Il était chaud et gonflé contre sa paume et elle éprouvait une intense satisfaction à palper la preuve brute de l'excitation qu'elle suscitait. Quand il l'emplit d'un brusque coup de boutoir, l'oxygène quitta ses poumons. Les suivants, de plus en plus rapides et frénétiques lui arrachèrent un râle qui sembla le galvaniser. Après un dernier élan qui la terrassa, il se retira et s'effondra sur elle, épuisé. Elle sentit un liquide chaud s'écouler sur son abdomen. Dans un éclair de lucidité, elle réalisa avec horreur qu'il n'avait pas mis de préservatif. Encore un peu dans les vapes, elle ne savait pas si elle devait l'invectiver ou le féliciter d'avoir eu la présence d'esprit de se retirer à temps.
— Merde ! Désolé pour ça, fit-il d'un air contrit en l'embrassant dans le cou. Attends bouge pas.
— Tu rigoles ?
— Non, non, attends...
C'était ridicule, elle n'allait pas patienter indéfiniment dans cette position. Il se rajusta sommairement, extirpa un paquet de mouchoirs en papier de sa poche et commença à l'essuyer avec mille précautions. Son labeur terminé, il la rhabilla avec une grande délicatesse. Quand elle se redressa, il la serra tout contre lui.

Merde, merde, merde ! Quel con ! Comment avait-il pu faire l'impasse la-dessus ?

— T'inquiète pas, je suis clean... tenta-t-il de la rassurer. Et on va tout faire pour t'éviter d'avoir un polichinelle dans le tiroir !
— Pourquoi ? Il y a un risque ? Même si tu es parti à temps ?
— Ouais, je crois...

Putain, putain, putain ! Quelle cruche ! Il manquerait plus que ça ! Sa naïveté la perdrait.

Il frotta son dos du plat de la main autant pour l'apaiser que pour la réchauffer.
— Demain je t'accompagne à la pharmacie, on va régler ça, promis !
Elle en avait assez de ses promesses.

* "La vie est plus grande
Plus grande que toi
Et tu n'es pas moi

Les longueurs que j'atteindrai
La distance dans tes yeux

Oh non, j'en ai trop dit
Je l'ai provoqué"

Jolie Petite HistoireWhere stories live. Discover now