Chant 17 - Décroch'ton téléphone

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Quand elle ouvrit les yeux le lendemain matin, elle eut ce petit moment de flottement entre éveil et sommeil où l'on se demande si les événements qu'on vient de vivre sont réels ou font partie d'un rêve. Malheureusement, ce jour-là elle ne put se rassurer en se disant qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar. Bon, cauchemar était un bien grand mot, un malaise tout au plus. Mais un malaise qui ne voulait pas la laisser en paix. Toute la journée, au lycée, elle se mordit la langue, partagée entre l'envie de tout raconter à son amie et celle de taire son expérience de la veille. Et à force de tergiverser, quand vint la fin des cours, elle n'avait toujours rien dit. Bah ! Qu'y avait-il à dire ? Elle n'était pas la première qui avait été déçue par son dépucelage et elle ne serait certainement pas la dernière. La personne avec qui elle devait en parler était le principal concerné. Celui à qui elle avait donné la clé. Ce n'était pas un novice, lui. Il saurait peut-être lui dire ce qui était allé de travers !

Alors elle téléphona, tomba sur le répondeur, raccrocha sans laisser de message, et ce, une bonne dizaine de fois. Il ne l'appela pas ce soir-là. Alors c'était ça maintenant, elle allait être une pauvre fille accrochée à son téléphone, attendant que Môssieur daigne lui parler ? Après le malaise, la colère commençait à faire surface. Ce n'était pas de cette façon-là qu'elle avait envie qu'il fasse bouillir son sang. Il ne l'appela pas plus le lendemain, ni le surlendemain. Chaque jour qui passait, son amie la voyait se renfrogner un peu plus. Régulièrement, elle lui jetait des regards interrogateurs. Mais la Boulette se murait dans son silence grognon ou alors se lançait dans un verbiage sans intérêt. Elle n'était même pas sûre que son amie soit consciente de la relation qu'elle entretenait avec son frère, alors elle n'osait pas lui poser de question. Par orgueil, elle ne voulait pas non plus réitérer les coups de fils. Dix appels en une soirée c'était bien suffisant, non ?

Ce ne fut qu'à la fin de la semaine, lorsqu'elle avait renoncé à recevoir des nouvelles, se plongeant le nez dans ses bouquins de cours, que l'appel était arrivé
— Allô ?
— Oui ?
— Il faut qu'on parle
— Ouais !
Sans blague ?

Jolie Petite HistoireWhere stories live. Discover now